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Eugène Diomi Ndongala: « C’est le moment d’agir; un pays en guerre n’organise pas d’élections »

Dans une interview accordée mercredi 1er mars 2023 à MCP, Eugène Diomi Ndongala a déclaré qu’ « un pays en guerre n’organise pas d’élections ! Je doute même que la situation d’état de siège soit compatible avec la tenue des élections ».

Président de la Démocratie chrétienne (DC), Diomi pense qu’il s’agit de bien gérer les priorités : la sécurité du peuple congolais ainsi que la récupération de notre territoire. Ce sont là, selon lui, des priorités pour la République démocratique du Congo.

« Comment voulez-vous enrôler des millions de réfugiés qui ne savent même pas comment faire pour  survivre !

Je déplore, d’ailleurs, que des autorités, en ce moment, se lancent dans le folklore politique alors que des millions de Congolais essayent désespérément de survivre, face à la famine et à la guerre… ».

Ce leader Ne Kongo insiste que « les élections ne sont pas une fin en soi… un citoyen avec un pistolet pointé à la tête ne peut pas faire des choix démocratiques”.

Guerre à l’Est: combattre avec sa propre armée ou négocier

Diomi Ndongala joint sa voix à celle des « esprits lucides » qui militent pour une solution négociée à cette crise, « si nous ne voulons pas ou n’arrivons pas à combattre ».

Il pense qu’il ne sert à rien de quemander à droite ou à gauche l’aide étrangère. « Des erreurs diplomatiques et sécuritaires graves ont été commises, avec la participation de la RDC au traité de la Communauté Est Africaine ». Tout notre secteur bancaire est, poursuit-il, contrôlé par des comités de gestion de l’EAC, alors que la RDC ne bénéficie pas d’un retour sérieux en termes de coopération militaire. « Se retourner vers la Sadc, qui historiquement n’est jamais intervenue en Afrique de l’Est, est trop tard et désormais inutile ».

En bref, renchérit-il, « Nous avons deux choix devant nous: combattre avec nos propres moyens et notre propre armée ou négocier : il n’y a pas de raccourcis possibles ».

Un gouvernement de combat

Et s’il faut opter pour la première assertion, propose-t-il, il faudra mettre en place un gouvernement de combat, entièrement dédié à la reconquête territoriale.

« Ce n’est plus question de réaménager l’actuel exécutif. Il faut des hommes crédibles, guidés par un chef de gouvernement proactif. Ces nouveaux ministres doivent être capables d’insuffler à nos troupes la conviction qu’on peut gagner ».

Et quant à la deuxième hypothèse, « si nous ne voulons pas ou n’arrivons pas à combattre, c’est la négociation, comme les députés du Nord-Kivu viennent de demander, dans une lettre ouverte au Président de la République ».

Pour lui, croire qu’une organisation internationale partenaire de la RDC combattra à notre place est utopique. Il est donc inutile, conclut-il, de continuer à condamner, demander des sanctions, accuser un ennemi qui est dans notre maison et qui se bat sur notre territoire. « Regardons la réalité en face : soit nous combattons avec toutes nos forces et nos énergies logistiques, financières et psychologiques, comme dans une “croisade”, soit nous acceptons de négocier avec ceux qui nous combattent ».

LM
congo-press.com (MCP)


VOICI L' INTEGRALITE DE L'INTERVIEW

INTERVIEW AVEC EUGENE DIOMI NDONGALA

Président Diomi Ndongala, on ne vous a pas beaucoup entendu dernièrement dans les médias, peut-on savoir pourquoi ?

Merci pour votre question. Quand la vie politique, sociale et sécuritaire du pays ne va pas bien, on a deux choix  possibles: s’opposer ou se taire. 

J’ai préféré me taire, car le folklore vide des applaudisseurs automatiques n’ est pas ma tasse de thé. Mais cela ne veut pas dire que j’approuve la manière où, actuellement, les affaires de l’ Etat congolais sont menées.

Une rébellion de proxy progresse à l’intérieur de notre territoire alors que nos forces armées congolaises ne font que subir l’avancée des ennemis. Des millions de déplacés sont pratiquement abandonnés à eux-mêmes, sans aucun soutien humanitaire, au Nord Kivu. 

La haine, la division s’installent dans des territoires de l’Est de la RDC, toujours à la merci de  douzaines de groupes armés sanguinaires et pilleurs. Cela est devenu intolérable et je joint ma voix à celle des esprits lucides qui militent pour une solution négociée à cette crise, si nous ne voulons pas ou n’arrivons pas à combattre.

 Il ne sert à rien de quemander à droite ou à gauche l’aide étrangère. Des erreurs diplomatiques et sécuritaires graves ont été commises, avec la participation de la RDC au traité de la Communauté Est Africaine. Tout notre secteur bancaire est maintenant contrôlé par des comité de gestion Est Africains, alors que la RDCongo ne bénéficie pas d’un retour sérieux en termes de coopération militaire. Se retourner vers la SADC, qui historiquement n’est jamais intervenue en Afrique de l’Est, est trop tard et désormais inutile.

Que proposez- vous, concrètement, pour remédier à cette situation d’incertitude dans laquelle notre pays est plongé ?

Nous avons deux choix devant nous: combattre, avec nos propres moyens et notre propre armée ou négocier : il ny a pas de raccourcis possibles .

Si la RDC décide de continuer à combattre la rébellion de proxy filo- 

rwandaise qui est le M23, nous devons adopter plus de cohérence, changeant le commandement des opérations militaires sur le terrain et motivant nos militaires, qui, selon plusieurs témoignages venus de la base, manquent de rations appropriés, souvent même de renforts et munitions ; nos soldats doivent recevoir régulièrement leurs soldes et croire en la victoire. 

Cela relève aussi de la motivation, au front, des troupes.

Les images de généraux dans les hôtels de luxe et  roulant carrosse, ne fait que démobiliser les soldats au front, qui manquent de tout: les chefs doivent être en première ligne,avec les troupes. 

Je ne crois pas en l’utilité des mercenaires, les entraîneurs étrangers et les alliances absurdes avec les groupes armés, qui n’apportent rien et qui entament la crédibilité de la mission de l’armée.

Si cela est notre option,  il faudra mettre en place un gouvernement de combat, entièrement dédié à la reconquête territoriale.

Ce n’est plus question de réaménager l’actuel exécutif. Il faut des hommes crédibles, guidés par un chef de gouvernement proactif et qui soient capables d’insuffler dans nos troupes, la conviction qu’on peut gagner.

Et quelle est la deuxième hypothèse qu’on peut choisir pour sauver notre pays du marasme politico-sécuritaire où il est en train de sombrer ?

La deuxième hypothèse qui se présente devant nous, si nous ne voulons pas ou n’arrivons pas à combattre, c’est la négociation, comme les députés du Nord Kivu viennent de demander, dans une lettre ouverte au Président de la République.

Une chose est sûre : il n ‘ y a pas d’alternatives à ces deux options, c.a.d. la guerre ou la négociation.

Croire qu’une organisation internationale partenaire de la RDC combattra à notre place est utopique. Il me semble inutile de continuer à condamner, demander des sanctions, accuser un ennemi qui est dans notre maison et qui se bat sur notre territoire. Regardons la réalité en face : soit nous combattons, avec toutes nos forces et nos énergies logistiques, financières et psychologiques, comme dans une “croisade”, soit nous acceptons de négocier avec ceux qui nous combattent.

Le temps est contre nous, car la machine de guerre de la rébellion de proxy  s’approche à grands pas de la capitale du Nord Kivu, la ville de Goma. Soit nous sommes capables de sauver Goma, soit nous négocions avec nos ennemis.

Il y a une certaine opinion qui soutient que l’incertitude sécuritaire risque d’hypothéquer le processus électoral donc la tenue des élections,  qu’en pensez-vous ?

Soyons lucides et sérieux : un pays en guerre n’organise pas d’ élections ! Je doute même que la situation d’état de siège soit compatible avec la tenue des élections. Il s’agit de bien gérer les priorités : la sécurité de notre peuple ainsi que la récupération de notre territoire sont prioritaires au choix périodique des dirigeants ; comment voulez- vous enrôler des millions de réfugiés qui ne savent même pas comment faire pour  survivre ! 

Je déplore, d’ ailleurs, que des autorités, en ce moment, se lancent dans le folklore politique alors que des millions de congolais essayent désespérément de survivre, face à la famine et à la guerre.

Sans considérer que ce processus électoral souffre de beaucoup de faiblesses dont une certaine désaffection des congolais envers les élections, vu le faible niveau d’un enrolement   avec beaucoup de problèmes logistiques non résolus. 

Les élections ne sont pas une fin en soi ; la démocratie est la finalité. Un citoyen avec un pistolet pointé à la tête ne peut pas faire des choix démocratiques”.

Quel est votre mot de la fin ?

Notre chère patrie, la RDCongo, est un pays en voie de développement. Les extravagances, les détournements en cascade, la gabegie financière sont des maux qu’il faut absolument combattre, car ils minent la cohésion sociale.

Ce fameux paramètre “sociale” a été oublié de l’action du gouvernement. 

L’inflation est un sérieux problème, comme le manque d’infrastructures qui nous appauvrit tous.

Le franc congolais se déprécie, face au dollars, alors que l’élite dirigeante vit dans l’insouciance, alors que la pays s’endette toujours plus !. Les Stades congolais, quand ils ne chantent pas, se vident … il faut absolument redonner l’espoir au peuple si nous ne voulons pas assister passivement à la désagrégation de notre société et léguer, à nos enfants, un pays morcelé, occupé et colonisé : 

il est temps, maintenant, d’agir,

Merci , Président Eugène Diomi Ndongala

Merci à vous

MEDIACONGO