COMMUNIQUE DE LA DEMOCRATIE CHRETIENNE /PAS DE COHESION NATIONALE SANS LA LIBERATION DES PRISONNIERS POLITIQUES : KABILA DOIT RESPECTER LES ENGAGEMENTS CONTENUS DANS SON DISCOURS A LA NATION PRONONCE LE 23/10/2013
PAS DE COHESION NATIONALE SANS LA LIBERATION DES PRISONNIERS POLITIQUES :
KABILA DOIT RESPECTER LES ENGAGEMENTS CONTENUS DANS SON DISCOURS A LA NATION PRONONCE LE 23/10/2013
Le château de cartes des Concertations Nationales risque de s’écrouler sous le poids des incohérences de la démarche politique de Joseph Kabila. En effet, la cohésion nationale n’est pas un simple slogan publicitaire qui s’affiche sur des publicités étalées aux carrefours de Kinshasa mais plutôt une obligation programmatique publiquement assumée qui doit se manifester, en premier lieu, par la libération des prisonniers politiques.
La Démocratie Chrétienne a pris connaissance du discours tenu par Joseph Kabila devant le Senat et l’Assemblée réunis en Congrès.
Dans ce discours, l’orateur du jour a souligné, à plusieurs reprises, sa volonté de respecter toutes les résolutions des Concertations Nationales parrainées, d’ailleurs, par sa personne et placées sous la houlette de la Cohésion et Réconciliation Nationale.
En particulier, il sied de souligner que M. Kabila a dit formellement, dans son discours à la Nation, qu’il allait donner instruction aux institutions de la République afin que les résolutions relatives à la Réconciliation Nationale puissent être appliquées dans le meilleur délai.
Dans cette optique, il a annoncé la signature d’une ordonnance de grâce qui, selon son déclaration publique, aurait dû s’inscrire dans la droite ligne de la réconciliation nationale.
La Réconciliation nationale devait se matérialiser, entre autre, par l’adoption de mesures de grâce, d’amnistie ou libération conditionnelle des personnes cités dans le rapport de la commission chargée de la thématique de la Gouvernance, Démocratie et réformes Institutionnelles.
Quel a été notre étonnement et la surprise des congolais épris de paix et de justice en constatant que l’Ordonnance portant mesure de Grace et publiée notamment le 23/10/2013, vers minuit, ne concernait pas les prisonniers politiques, les fausses accusation portées contre ceux-ci n’étant pas comprises dans le champs d’application de ladite mesure. Elle se limite, en effet, à un simple démarche de décongestion des prisons qui concerne des détenus de droit commun.
Face à cette contradiction inexplicable entre les engagements pris au cours de son discours à la Nation et la première mesure d’application des résolutions des Concertations Nationales, la Démocratie Chrétienne tient à souligner qu’ après la déclaration formelle de sa volonté de donner une suite favorable à toutes les résolutions des concertations nationales, Joseph Kabila commettrai une grave erreur d’appréciation en esquivant expressément la résolution des Concertations Nationales demandant la libération des prisonniers politiques qui sont nommément cités dans le rapport de la commission ad hoc.
En effet, la question de la libération des prisonniers politiques représente le « thermomètre » qui mesure la volonté réelle de Joseph Kabila de donner effectivement une nouvelle impulsion à sa gouvernance défaillante .
D’autant plus que ne respectant pas son engagement de libérer les prisonniers politiques, M. Kabila jetterait le doute dans l’esprit de la majorité des congolais et des observateurs étrangers en ce qui concerne sa réelle volonté de rechercher la cohésion nationale en RDC.
Les conséquences du non-respect du principe politique résumé par l’expression latine « pacta sunt servanda » sur lequel se base la cohérence de la démarche de l’état, emporterait avec lui le « Château de cartes » de toutes les autres résolutions des concertations nationales qui se résumerait, dans l’imaginaire du peuple congolais, à un catalogue de bonnes intentions, sans impact réel dans la vie des citoyens congolais et surtout, qui sont destinées à rester inappliquées à cause de leur caractère « cosmétique ».
Voilà pourquoi la Démocratie Chrétienne invite Joseph Kabila à respecter son engagement pris solennellement devant le peuple congolais de donner stricte application à toutes les résolutions des concertations nationales dont la plus sensible demeure celle prévoyant la libération immédiate des prisonniers politiques.
Dans le cas contraire, la Démocratie Chrétienne appellera le peuple congolais à témoin afin qu’il ne donne aucun crédit au catalogue de bonnes intentions sur lequel se fonde la prétendue cohésion nationale kabiliste, laquelle semble se limiter à l’affichage de panneaux publicitaires sur certaines avenues publiques, alors qu’elle doit nécessairement se concrétiser par la décrispation politique et le respect de la parole donnée.
La Démocratie Chrétienne tient aussi à souligner que la démarche visant à mettre en place un gouvernement dit de « cohésion nationale » (alors que un opposant du calibre du président Eugène Diomi Ndongala sont maintenus en détention et privé de soins médicaux et soumis à des tortures depuis plusieurs mois) apparait comme un « leurre » dans le désert d’un panorama politique toujours fracturé.
Cette fracture politique, toujours présente, semble orienter les ténors de la majorité vers le simple « débouchage politique » de certains représentants de l’opposition plutôt que concrétiser une véritable politique d’ouverture. En effet, il sied de rappeler que la loi sur l’opposition politique souligne que tout représentant de l’opposition perd son statut d’opposant en siégeant dans l’exécutif, tant au niveau central que provincial. Voilà pourquoi la Démocratie Chrétienne demande la mise en place d’une politique de réconciliation nationale plutôt que la mise en place d’un gouvernement prétendument de cohésion nationale, et cela à cause du manque de crédibilité d’une démarche qui continue à ignorer la fracture politique post-électorale en RDC.
De plus, le comité directoire de la DC tient à exprimer son inquiétude par rapport à la volonté exprimée par Joseph Kabila, d’introduire le scrutin indirect pour l’élection des députés provinciaux aux prochaines élections provinciales.
En effet, cette proposition demande une révision constitutionnelle inopportune, d’autant plus qu’elle serait en contradiction avec la volonté de donner application – avec années de retard – aux dispositions constitutionnelles prévoyant la Décentralisation Administrative.
n effet, nous estimons qu’on ne peut pas échapper à la contradiction d’une démarche qui voudrait anéantir la démocratie participative au niveau des provinces en optant pour l’adoption d’un scrutin indirect dépendant politiquement et administrativement du pouvoir central et, au même temps, affirmer de viser la promotion de la Décentralisation administrative :
on ne peut pas vouloir une chose et son contraire.
Le Centralisme Administratif étant à l’opposé de la Décentralisation, il nous semble que la contradiction soit trop flagrante pour ne pas être rejetée, surtout après les précédents néfastes du « dirigisme du pouvoir central » ayant causé, en 2007, des massacres au Kongo Central.
De plus, la corruption et l’achat de consciences décriés lors des élections sénatoriales de 2007 seraient multipliés par deux en cas de scrutin indirect aussi bien des députés provinciaux que des sénateurs. Cela produirait inéluctablement des exécutifs provinciaux très corruptibles et, par conséquent, incapables de mener des véritables politiques de développement pour les provinces congolaises très en retard du point de vue économique, administratif et sécuritaire.
Les conflits qui pourraient s’en suivre donneraient encore plus d’arguments aux forces centrifuges qui visent la partition du pays.
Sans la libération des prisonniers politiques, tout le processus des Concertations Nationales risque de manquer de crédibilité, en donnant raison aux forces politiques et sociales qui demandent la mise en place d’un vrai Dialogue National, plus conforme aux impératifs contenus dans la résolution 2098 du Conseil de Sécurité de l’Onu et capable d’apporter une vraie cohésion nationale en RDC.
Vérité et Justice pour le Congo,
Fait à Kinshasa le 24/10/2013
Pour la Démocratie Chrétienne,
Le Porte-Parole,
Marc Mawete





