66 MILLIONS $ PAR MOIS AU RWANDA: LES REVELATIONS DE WILLY MISHIKI, APRES JP BEMBA, SECOUENT LA RDC

Un véritable écran de fumée vient d’être dissipé, en République démocratique du Congo, avec les déclarations de Willy Mishiki (ancien vice-ministre de l’Énergie sous Joseph Kabila et actuellement député national), sur 18 ans de gestion économique kabiliste.
Lors d’une sortie médiatique relayée par des réseaux sociaux, le député National Willy Mishiki a confirmé que la RDC versait 66 millions de dollars par mois au Rwanda, via la Société Internationale d’Électricité des Pays des Grands Lacs (SINELAC), sous le régime Kabila.
Ces paiements, qui pourraient totaliser 14,256 milliards de dollars sur 18 ans, auraient été effectués sous le prétexte fallacieux d’un « remboursement quota » lié au barrage hydroélectrique de Ruzizi II.
Cette révélation circonstanciée, confirmant des allégations antérieures de Jean-Pierre Bemba, actuel Ministre des Transports de la RDC, met le feu aux poudres dans un pays déjà fragilisé par la pauvreté et les tensions régionales. Quelles sont les implications de ce scandale ?
UNE TRAHISON FINANCIERE SOUS KABILA ?
L’Honorable Willy Mishiki n’a pas mâché ses mots. Selon lui, ces paiements colossaux, gérés par son ministère de l’Énergie, n’étaient pas officiellement un « effort de guerre » mais une « circonstance » obscure, potentiellement liée aux dividendes de SINELAC, une entité tri-nationale (RDC, Rwanda, Burundi) créée en 1983 pour exploiter la centrale de Ruzizi II. « Tous les anciens ministres de l’Énergie connaissent ce dossier », a-t-il lâché, pointant une complicité généralisée.
Mais pourquoi ces fonds, censés bénéficier aux trois pays, auraient-ils été détournés vers Kigali ? Et comment une telle hémorragie financière a-t-elle pu passer inaperçue ?
Elle laisse penser à une comptabilité occulte et de caisses noires qui auraient marqué la gestion économico- financière de la RDCongo sous Kabila, alors que le Budget de l’ Etat était expressément maintenu très bas ( varié entre un minimum d’environ 1,6 milliard USD en 2001 et un maximum d’environ 5 milliards USD en 2018), sous-estimant les entrées financières, pour alimenter des fonds occultes, destinés au détournement et au remboursement de la prétendue « dette de guerre » que la RDCongo aurait dû payer à Kigali, pour son implication dans l’AFDL et le renversement de Mobutu en 1997 !
Les chiffres donnent le vertige. Si ces versements ont duré 18 ans, ils représentent une perte équivalant à des décennies de budgets pour la santé ou l’éducation dans un pays où 73,5 % de la population vit avec moins de 2,15 dollars par jour, selon la Banque mondiale.
SINELAC, UN PARAVENT POUR DES MALVERSATIONS ?
Au cœur de l’affaire, SINELAC, gestionnaire de l’électricité produite par Ruzizi II, est accusée d’avoir servi de canal pour ces paiements.
Cette société, sous l’égide de la Communauté Économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL), distribue l’énergie aux opérateurs nationaux – SNEL (RDC), REGIDESO (Burundi), EUCL (Rwanda).
Des arrangements financiers, comme des dividendes ou des parts d’actions privilégiées, existent entre les pays membres, mais rien n’explique une somme officielle de 66 millions par mois.
« Un prétexte fallacieux », accuse-t-on, pour justifier des transferts douteux au Rwanda, alors que la RDC peine à électrifier ses propres régions.
UN SEISME POLITIQUE EN GESTATION
Politiquement, cette affaire est de la dynamite. Elle ravive les critiques contre Joseph Kabila, déjà entaché par des accusations de corruption, mauvaise gouvernance et d’être une sorte de « proconsul » du Rwanda en RDCongo.
Mais le vrai danger réside dans les relations actuelles avec le Rwanda. Les efforts de paix menés par les États-Unis, rapportés par Reuters le 1er mai 2025 ( comportant le retrait des toutes les troupes rwandaises de la RDCongo) , pourrait risquer de voler en éclats ou, dans une hypothèse plus probable, ces informations compromettantes pour Kigali pourraient être utilisées pour faire des pressions sur le gouvernement de Paul Kagame, bénéficiaire pendant 18 ans de ce montage financier injustifié et injustifiable, un véritable pillage économique et financier de la RDCongo.
« Pourquoi l’Occident finance-t-il le Rwanda pendant que la RDC saigne ? », s’interrogeaient déjà les congolais : un questionnement amplifié par ce scandale.
UNE FACTURE ECONOMIQUE ET SOCIALE ECRASANTE
Économiquement, la perte serait vertigineuse. Ces 14 milliards auraient pu transformer des vies : routes, hôpitaux, écoles… La RDC, asphyxiée par la pauvreté, ne peut se permettre de telles fuites de l’argent du contribuable congolais ! Une enquête judiciaire s’impose, même si récupérer ces fonds semble illusoire face aux complexités diplomatiques.
Mais le peuple congolais demande des comptes et il a droit à la vérité.
UN DEFI INTERNATIONAL
Les sanctions américaines contre des responsables rwandais, annoncées le 20 février 2025 par le Département du Trésor, prennent une résonance nouvelle.
En effet, les révélations de Willy Mishiki et JP Bemba ne sont pas qu’un scandale financier ; elles sont un miroir des failles de la gouvernance congolaise à l’époque de Joseph Kabila.
Qui a ordonné ces paiements ? Où est passé l’argent ? Une enquête indépendante est impérative pour répondre à ces questions et apaiser un peuple à bout.
En attendant, la RDC est suspendue entre la colère et l’espoir d’une justice trop longtemps différée et son besoin immédiat de paix, pour lancer son propre développement économique.
Eugène DIOMI NDONGALA,
Démocratie Chrétienne, DC




