WASHINGTON TAPE DU POING : LES USA SANCTIONNENT LE TRAFIC DE MINERAIS DU SANG EN RDC
Le 12 août 2025, Washington a imposé des sanctions pour démanteler les réseaux du commerce sanglant de minerais en République Démocratique du Congo, focalisées sur la célèbre mine de Rubaya, au Nord-Kivu.
Cette zone, produisant 15 à 30 % du tantale mondial – vital pour l’électronique – (sans oublier le coltan et l’or), finance une guerre incessante via contrebande vers le Rwanda et la Chine, alimentant corruption, travail forcé et violences.
A noter que l’attribution de secteurs de la mine de Rubaya – érigée en « zone rouge » d’insécurité, interdisant toute activité minière, par un arrêté du ministre des mines signé en février 2025 – à une société, avait provoqué un scandale au sein du secteur minier, qui probablement est à la base de la non reconduction du ministre des mines Kizito, au sein du gouvernement de Suminwa 2, pour avoir violé ses propres arrêtés sur les « zones rouges ».
Sous l’égide de l‘OFAC (Office of Foreign Assets Control, un organisme du Département du Trésor américain chargé d’administrer et d’appliquer les sanctions économiques et commerciales des États-Unis), ces mesures bloquent les actifs américains et interdisent les transactions.
Au cœur des cibles : la milice PARECO-FF.
Au premier rang des sanctionnés cette milice née en 2022 des cendres d’un groupe plus ancien, alignée sur l’armée congolaise contre les rebelles du M23. De 2022 à début 2024, PARECO-FF a régné en maître sur les sites de Rubaya, imposant des taxes illégales, forçant les locaux au labeur et générant des millions via la contrebande. « Cette milice a non seulement menacé la paix, mais elle a aussi perpétué un régime de terreur pour financer ses opérations », note le Trésor américain, soulignant des alliances opportunistes avec d’autres factions qui ont semé le chaos dans l’Est congolais.
Liée à cette milice, la Coopérative des Artisanaux Miniers du Congo (CDMC), une entreprise congolaise fondée en 2017, opérait sur la plus grande concession de Rubaya.
Elle est accusée d’avoir acheté et revendu des minerais extraits sous contrôle armé, privant Kinshasa de revenus fiscaux légitimes et alimentant l’insécurité.
Mais l’affaire ne s’arrête pas aux frontières congolaises : deux sociétés basées à Hong Kong, East Rise Corporation et Star Dragon Corporation, entrent en scène comme maillons cruciaux de cette chaîne.
Ces exportateurs, actifs depuis plus d’une décennie, ont acheté des cargaisons à CDMC pour les écouler sur les marchés internationaux, souvent vers la Chine, transformant ainsi le sang des Congolais en profits offshore.
Hong Kong, plaque tournante du commerce asiatique, se retrouve sous les projecteurs, illustrant comment des entités lointaines profitent de conflits distants.
Une première pour les minerais critiques comme le tantale, ces sanctions visent à perturber les chaînes chinoises d’approvisionnement en tech et véhicules électriques. Pourtant, les implications sont doubles : elles testent le cessez-le-feu de plus en plus fragile, avec affrontements persistants et risquent d’aggraver la pauvreté des mineurs artisanaux sans alternatives viables. Des ONG comme Global Witness plaident pour une traçabilité renforcée et des investissements locaux, tandis que Washington offre une porte de sortie aux sanctions, en cas de réformes…
Géopolitiquement, c’est un avertissement à Pékin et Kigali: les minerais congolais ne financeront plus les conflits oubliés, mais le succès dépendra d’une action internationale concertée et surtout que le gouvernement de la RDC ne perturbe encore une fois ses propres décisions par des mesure contradictoires, concernant la mine de Rubaya et la « zone rouge » qu’ elle représente jusqu’à présent, pour le commerce des minerais.
Eugène DIOMI NDONGALA,
Ancien Ministre des Mines,
Démocratie Chrétienne, DC





