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LA TRIBUNE DE KABILA SUR JEUNE AFRIQUE: ENTRE VICTIMISATION ET OFFENSIVE DESESPEREE, APRES LES FIASCOS EN CHAINE–DU SENEGAL A PRETORIA

Dans sa nouvelle tribune parue dans Jeune Afrique, alias Joseph Kabila, ex-président de la République démocratique du Congo, se pose en victime pathétique.

Accusé de trahison, de crimes de guerre et de soutien au M23, il fustige un « procès monté par un régime aux abois » sous Félix Tshisekedi. Mais cette façade de martyr constitutionnel – clamant la violation de ses immunités de sénateur à vie par une loi sur mesure que lui aurait garanti l’immunité mais qui était manifestement inconstitutionnelle, comme nous l’avons mis en exergue, dans le passé – masque une diversion grossière :

détourner les regards de ses propres ratés et de l’héritage chaotique qu’il a laissé au pays.

Face aux échecs en cascade de ses initiatives politiques, du Sénégal à Nairobi, via Goma, Bukavu et Pretoria avec son fidèle copain de mésaventure, Thabo Mbeki, Kabila préfère essayer l’assaut frontal contre Kinshasa plutôt que l’autocritique. Un opportunisme pur, loin d’une défense crédible.

L’ironie explose à Pretoria. Thabo Mbeki, ex-président sud-africain tente un comeback en 2025 via son forum de paix de la Thabo Mbeki Foundation. Prévu pour septembre, ce pseudo-dialogue ambitionnait de rassembler des acteurs politiques pour déminer la crise. Mais Kinshasa claque la porte, dénonçant la partialité de Mbeki – comme nous avons eu l’occasion récemment de le souligner – et ses liens troubles avec Kigali et les lobbies pro-rwandais. Mbeki, qui prône une résolution non militaire du conflit est-congolais, passe pour un allié historique d’alias Kabila.

Ce fiasco – Kinshasa qualifiant l’initiative de « biaisée » – expose l’isolement d’Hyppolithe Kanambe et de ses cercles, incapables de forger un consensus international solide. Le refus du camps de la patrie d’y participer marque le coup de grâce.

Plutôt que d’admettre sa responsabilité dans ce legs toxique – sous son règne (2001-2019), les milices ont pullulé à l’est, et les soupçons de collusion avec le M23 datent de son époque –, alias Kabila embrasse la victimisation.

Dans sa tribune dans Jeune Afrique, il dénonce les arrestations de près de 60 hauts gradés en quatre ans (y compris des officiers pro-Tshisekedi en juillet 2025) comme signes d’une « crise de leadership » actuelle, oubliant que ces purges ciblent souvent des fidèles à lui et à ses alliés rebelles, dans une armée qui veut se reconstruire et qui ne peut vivre sous l’hantise éternelle des coups d’état !

Il accuse Tshisekedi de verrouiller le pouvoir via des « procès à sens unique », tout en appelant à une « réconciliation nationale ».

Cette tactique n’a rien de neuf : sur les réseaux sociaux, des Congolais le brocardent depuis longtemps comme un « stratège en déroute » bricolant ses consultations spectrales, comme à Goma et Bukavu, pour un come-back en zone rebelle manifestement raté.

Après avoir « manqué son rendez-vous avec l’Histoire » en torpillant des alliances et en léguant un pays fracturé, il se peint en bouc émissaire d’un système qu’il a sapé de l’intérieur, surtout en termes de désorganisation de l’armée.

En s’en prenant à Kinshasa, Kabila ne protège pas la démocratie ; il sème le chaos pour un retour illusoire, aggravant les plaies d’une nation agressée.

Bref, cette tribune n’est pas un cri pour la justice, mais un leurre.

Après les déroutes du Sénégal, de Nairobi, de Goma, de Bukavu et de Pretoria – où même son ami Mbeki ne pourra jamais imposer sa médiation déséquilibrée –, Kabila mise sur la victimisation pour camoufler son impuissance.

Le régime Tshisekedi, malgré ses lacunes, gère un marécage creusé par l’ex-président.

Il est temps que Kabila assume au lieu de comploter.

La RDC aspire à plus qu’un spectre du passé, brassant des fantômes.

Eugène Diomi Ndongala,

Démocratie Chrétienne.