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L’UE DOIT CESSER DE FINANCER LE PILLAGE DE LA RDCONGO, EN SOUTENANT LA GEOCRIMINALITE RWANDAISE

Dans la frénésie mondiale pour les minerais critiques, l’Union Européenne (UE) joue un jeu dangereux.

La République Démocratique du Congo avec 70 % des réserves mondiales de cobalt et une part majeure du coltan, est un eldorado pour la transition énergétique. Mais derrière les promesses de durabilité, la Commission Européenne s’embourbe dans une complicité troublante avec le Rwanda, accusé de piller les richesses congolaises via le groupe armé M23.

En injectant des millions, notamment 51 millions d’euros, dans le secteur minier rwandais, Bruxelles ferme les yeux sur un trafic sanglant, sourd aux critiques cinglantes du Parlement européen.

Ce scandale géopolitique révèle une UE prête à sacrifier l’éthique pour sécuriser ses approvisionnements.

Le Rwanda : Pillage Organisé sous Couvert

Les preuves s’accumulent, implacables. Selon les rapports du Groupe d’experts des Nations Unies (2023-2025), le Rwanda orchestre le pillage des minerais congolais avec une précision quasi industrielle. Le M23, soutenu par 3 000 à 4 000 troupes rwandaises, contrôle des sites clés comme la mine de Rubaya, dans l’Est de la RDC. Entre mai et octobre 2024, 120 tonnes de coltan ont été smugglées chaque mois vers Kigali, générant 800.000 dollars mensuels pour financer les opérations rebelles.

En 2024, plus de 150 tonnes ont été détournées, pour une valeur annuelle dépassant le milliard de dollars.

Le Rwanda, aux réserves minérales modestes, joue les alchimistes. Les minerais congolais sont intégrés aux exportations rwandaises, estampillés « sans conflit », puis acheminés vers l’Europe et l’Asie.

Entre 2021 et 2023, les exportations rwandaises de coltan ont doublé, passant de 1 000 à 2 000 tonnes, malgré une production locale marginale. Ce trafic alimente une guerre brutale : 7 000 morts depuis janvier 2025, un million de déplacés, des viols systématiques et des enfants réduits à l’esclavage dans les mines artisanales.

Comme le note l’ambassadeur européen Nicolás Berlanga-Martinez, 80 % des minerais exportés par le Rwanda proviennent de la RDC.

La Commission Européenne : Un Soutien Inexcusable

Face à ce désastre, la Commission Européenne adopte une posture cynique.

Dans le cadre du Global Gateway, son plan d’investissement de 300 milliards d’euros, elle multiplie les accords avec le Rwanda pour sécuriser les minerais critiques, au mépris des alertes de l’ONU. Ces engagements, censés promouvoir une transition verte, jettent une lumière crue sur l’hypocrisie européenne.

-Memorandum d’Entente (MoU) du 19 février 2024 : Signé par Jutta Urpilainen, Commissaire aux Partenariats internationaux, et Vincent Biruta, Ministre rwandais des Affaires étrangères, ce MoU ambitionne de faire du Rwanda un hub régional pour les minerais (tantale, étain, tungstène, or, lithium). Il inclut un financement initial de 51 millions d’euros (55 millions de dollars au taux 2024), débloqué entre mars et avril 2024 pour des projets de traçabilité et d’infrastructure minière, comme la digitalisation des chaînes d’approvisionnement. Ce montant s’inscrit dans un cadre plus large de 900 millions d’euros, visant 1,5 milliard de dollars d’exportations minières rwandaises en 2024.

Déclaration avec la BEI -Banque Européenne des Investissments (18 décembre 2023) : Signée par Gelsomina Vigliotti (BEI) et Uzziel Ndagijimana (Ministre rwandais des Finances), en présence d’Ursula von der Leyen et Paul Kagame, elle finance des projets miniers durables et la création d’emplois qualifiés.

Projet Minier de 2023 : Lancé en juin 2023 lors du Forum économique UE-Rwanda, ce programme de 4,15 millions d’euros (co-financé par l’UE et l’Allemagne) soutient la traçabilité numérique.

Facilité Européenne pour la Paix : Deux tranches de 20 millions d’euros (2022 et 2024) ont été versées à l’armée rwandaise pour des opérations au Mozambique, mais des soupçons de détournement vers la RDC persistent.

Ces accords, notamment les 51 millions d’euros, sont conclus alors que l’ONU documente l’escalade du soutien rwandais au M23. Des enquêtes de Global Witness montrent que des traders européens, comme Traxys, ont acheté 280 tonnes de coltan rwandais en 2024, largement issues de zones de conflit congolaises. Raffinés en Asie, ces minerais entrent en Europe sous forme de composants, contournant le Règlement sur les Minerais de Conflit. Félix Tshisekedi, président congolais, a déjà fustigé un « scandale absolu », accusant l’UE de légitimer le pillage.

Le Parlement Européen : Une Révolte Ignorée

Le Parlement européen, voix de la conscience européenne, s’insurge contre cette complaisance. Une résolution du 13 février 2025 (443 voix pour, 4 contre, 48 abstentions) exige la suspension du MoU, y compris les 51 millions d’euros, tant que le Rwanda n’arrête pas son soutien au M23. Les eurodéputés dénoncent une « transition verte maculée de sang » et critiquent l’inaction de la Commission face à une crise ayant causé 7 000 morts en 2025.

Hilde Vautmans (Renew Europe, Belgique): Présidente de la Délégation UE-Afrique, elle qualifie le MoU de « provocation » et réclame un « message clair » à Paul Kagame via une suspension temporaire.

Marc Botenga (La Gauche, Belgique): Il accuse l’UE d’envoyer un signal de tolérance, notant que des diplomates en RDC ont désapprouvé l’accord.

Thierry Mariani (Patriotes pour l’Europe, France) : Il fustige une « honte » qui soutient indirectement une invasion rwandaise, responsable de 6 millions de morts en trois décennies.

Questions Parlementaires : Des interpellations (E-002210/2025 par Jorge Buxadé Villalba, E-002684/2024 par Hana Jalloul Muro) pointent les failles de traçabilité et les atteintes aux droits humains.

Le ministre belge Bernard Quintin a appelé en janvier 2025 à suspendre l’accord, et des sanctions contre des officiels rwandais ont été imposées en mars 2025.

Pourtant, la Commission reste sourde, défendant le MoU comme un outil de « transparence » et rejetant toute suspension, invoquant le risque d’une mainmise chinoise.

Une Transition Verte au Mépris de l’Éthique

L’Acte sur les Matières Premières Critiques (2023) pousse l’UE à sécuriser ses approvisionnements, mais en misant sur le Rwanda, elle perpétue un néocolonialisme vert.

En RDC, l’extraction artisanale piège des millions dans des conditions d’esclavage.

L’UE doit cesser de financer le pillage!

L’impact environnemental est tout aussi accablant : l’extraction illégale accélère la déforestation du bassin du Congo, libérant des milliards de tonnes de CO₂, en contradiction avec les ambitions climatiques de l’UE. Mélanie Gouby dénonce le MoU comme une « facilitation du pillage ».

La RDC : Une Riposte Urgente

La RDC doit passer à l’offensive.

La résolution du 13 février 2025 offre un levier. Kinshasa pourrait saisir la Cour de Justice de l’UE pour violation des principes de cohérence politique ou négocier un partenariat direct, comme celui avec la Zambie (octobre 2023).

Des sanctions renforcées contre les officiels rwandais et une traçabilité via blockchain sont impératives.

Soixante-quatre ONG congolaises exigent l’annulation du MoU et un gel de l’aide à Kigali.

Conclusion : L’UE face à son Miroir

En injectant 51 millions d’euros dans le secteur minier rwandais, la Commission Européenne ne se contente pas d’ignorer le pillage : elle l’entérine, transformant la transition verte en une entreprise souillée de sang.

Insensible aux cris du Parlement européen, elle sacrifie l’éthique sur l’autel de la géopolitique. La RDC, gardienne de ressources vitales, doit exiger justice.

Bruxelles doit choisir : une transition véritablement durable ou une complicité dans l’exploitation ? L’Histoire ne pardonnera pas son silence.

Eugène Diomi Ndongala,

Démocratie Chrétienne.