L’EXIGENCE INFLEXIBLE DE KINSHASA: RETRAIT RWANDAIS AVANT LA FINALISATION DE L’ACCORD DE WASHINGTON
Au cœur de l’impasse diplomatique entourant l’accord de paix signé à Washington le 27 juin 2025 entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, les exigences de Kinshasa émergent comme un rempart inflexible :
un retrait effectif et vérifiable des troupes rwandaises du territoire congolais, condition sine qua non pour toute finalisation du Cadre d’Intégration Économique Régionale (CIER).
Ce veto catégorique, imposé par le président Félix Tshisekedi lors des négociations finales à Washington le 3 octobre 2025, transforme les concessions minières – cobalt et coltan essentiels aux chaînes d’approvisionnement mondiales – en levier stratégique, forçant Kigali et ses alliés à plier face à une souveraineté bafouée depuis des décennies dans l’Est congolais.
Cette posture n’est pas un revirement : dès la signature à Washington, sous l’égide de l’administration Trump, la RDC a martelé que le désengagement rwandais, prévu dans un délai de 90 jours (échéance fin septembre 2025), prime sur toute avancée économique, exposant les failles d’un pacte hybride où la sécurité précède impérativement les incitations régionales.
Ce blocage refroidit l’optimisme initial d’un accord visant à éteindre un conflit enraciné dans les séquelles du génocide rwandais de 1994 et les luttes pour les ressources minières. En contrepartie de ce retrait, l’accord prévoit la neutralisation des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) – un groupe rebelle hutu opérant en RDC et perçu par Kigali comme une menace, malgré sa faiblesse objective – mais Kinshasa refuse d’avancer tant que la présence rwandaise, niée obstinément par Paul Kagame malgré des rapports onusiens confirmant un soutien au M23 (proxy tutsi pour le contrôle des mines), n’est pas éradiquée.
Des sources gouvernementales congolaises dénoncent l' »hypocrisie » de Kigali, amplifiant la pression sur les États-Unis – garants du deal – pour imposer un engagement authentique, incluant sanctions ou vérification indépendante.
Aggravant la fracture, les positions de Massad Boulos, conseiller Afrique de Trump et architecte du pacte depuis avril 2025, ont cristallisé la fermeté de Tshisekedi. En minimisant les retards sur le retrait, Boulos – vu comme biaisé en faveur du Rwanda – alimente les accusations d’asymétrie dans la médiation américaine, une realpolitik transactionnelle priorisant l’accès aux minéraux critiques sur une paix immédiate.
Le silence de Washington face à ces exigences expose un calcul risqué : ignorer Kinshasa pourrait perpétuer l’insécurité, affaiblir Tshisekedi face à des critiques internes, et favoriser des rivaux géoéconomiques comme la Chine.
Techniquement, cette impasse met à nu les limites d’un cadre séquentiel mal calibré, dépourvu de mécanismes contraignants comme un comité de suivi renforcé par l’ONU ou l’Union Africaine pour valider le retrait et les opérations conjointes, comme nous avons d’ailleurs déjà souligné à plusieurs reprises.
Les exigences de la RDC, centrées sur ce désengagement inconditionnel, ne tolèrent aucun compromis : elles doivent être intégralement respectées pour débloquer le CIER, sous peine de renvoyer l’accord aux reliques des processus avortés dans les Grands Lacs.
À terme, sans recalibrage urgent – vérification tiers et séquençage strict liant sécurité à économie – le pacte risque l’implosion, transformant le veto congolais en détonateur d’un nouveau cycle de violence.
Kinshasa dicte les termes : ses conditions, ancrées dans une realpolitik souveraine, imposent un respect absolu pour forger une paix durable plutôt qu’une illusion transactionnelle.
Eugène Diomi Ndongala,
Démocratie Chrétienne.




