LE RWANDA ET L’OMBRE DES FDLR: UNE MENACE FANTOME POUR JUSTIFIER L’OCCUPATION RWANDAISE EN RDCONGO
À l’Est de la République Démocratique du Congo, où les veines de coltan et d’or irriguent un sol gorgé de sang, le Rwanda agite depuis trois décennies l’épouvantail des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) pour légitimer ses incursions militaires.
Cette « menace existentielle », invoquée comme un mantra sécuritaire, n’est plus qu’un prétexte usé, un alibi commode pour masquer une occupation de facto des provinces du Nord- et Sud-Kivu.
En novembre 2025, alors que le M23 – soutenu par 3.000 à 6.000 soldats des Forces de Défense Rwandaises (RDF) – contrôle Goma et Bukavu depuis mars, les FDLR, piégés dans ces territoires conquis, sont littéralement empêchées de se rendre aux bases de la Monusco.
Ce blocage, dénoncé par Kinshasa et les rebelles hutus eux-mêmes, perpétue le cercle vicieux : pas de reddition sans retrait rwandais, pas de retrait sans neutralisation des FDLR.
Derrière ce théâtre diplomatique, le vrai enjeu est économique – le pillage des minerais – et stratégique : une emprise durable sur une région que Kigali considère comme son pré carré.
L’ONU, l’Union Africaine et les États-Unis l’ont martelé dans la résolution 2773 de février 2025: le Rwanda doit se retirer immédiatement. Pourtant, le fantôme des FDLR hante toujours les discours de Kigali, comme un refus obstiné de la paix.
Un épouvantail qui ne fait plus peur : La « menace » FDLR démystifiée
Nées en 2000 des débris des Interahamwe et des ex-Forces Armées Rwandaises (FAR) fuyant le génocide de 1994, les FDLR comptent aujourd’hui 2.000 à 4.000 combattants fragmentés, selon les experts de l’ONU. Leur objectif originel – renverser le Front Patriotique Rwandais (FPR) au pouvoir – s’est dilué en racket minier et en alliances opportunistes avec des milices locales.
Mais la grande EXCUSE rwandaise ? Cette « menace directe » sur Kigali.
Aucune attaque significative contre le Rwanda n’a été enregistrée depuis 2005.
Les FDLR, confinées aux forêts des Kivus, n’ont franchi la frontière en vingt ans, comme le confirment les rapports annuels de Human Rights Watch et du Groupe d’experts de l’ONU.
« Le Rwanda exagère délibérément la menace des FDLR pour justifier le contrôle de l’est congolais« , assène un analyste du New Humanitarian en novembre 2025, pointant du doigt une stratégie qui profite à la fois à la répression interne et aux exportations de minerais – en hausse de 20 % pour le coltan rwandais en 2024, issu des zones M23.
Ce narratif sécuritaire, qualifié de « ridicule » par le ministre rwandais des Affaires étrangères ( et des « réseaux sociaux » et de la propaganda) Olivier Nduhungirehe lui-même en octobre 2025, sert de bouclier à une occupation flagrante.
La résolution 2773 du Conseil de Sécurité de l’ONU, adoptée à l’unanimité le 22 février 2025, exige la fin du soutien rwandais au M23 et le retrait des RDF, tout en condamnant les collaborations sporadiques de la RDC avec les FDLR.
Mais Kigali persiste : « Nos mesures défensives restent en place tant que la menace persiste« , déclare un porte-parole RDF en novembre, recyclant un argument éculé et usé qui masquait déjà les invasions de 1996 et 1998.
Des rapports de l’ONU révèlent que des commandants RDF opèrent depuis Gisenyi, non pour traquer les FDLR, mais pour coordonner l’expansion du M23 vers les ressources minières.
Le prétexte est si transparent que même des alliés historiques comme les États-Unis, médiateurs de l’accord de Washington en juin 2025, accusent publiquement le Rwanda d' »agression » en mars.
Le piège de l’occupation : Des FDLR coincées, une reddition impossible.
Voici le cœur du cynisme : les FDLR, chassées par l’offensive M23 depuis janvier 2025, se terrent dans des zones sous contrôle rebelle – Rutshuru, Masisi, Walikale.
Or, c’est précisément cette emprise rwandaise qui empêche leur démobilisation. Le 10 octobre 2025, les Forces Armées de la RDC (FARDC) lancent un appel solennel : « Rendez-vous aux autorités congolaises ou à la Monusco pour re-patriation au Rwanda », en vertu de l’accord de Washington.
Mais les routes sont barrées, les checkpoints M23/RDF impitoyables. « Comment se rendre quand les RDF et le M23 contrôlent tout et tuent ceux qui veulent se rendre ? « , s’interroge un commandant FDLR dans un communiqué relayé par des sources onusiennes en novembre.
Le groupe refuse formellement de désarmer depuis octobre, exigeant un « dialogue inter-rwandais » et le retour des réfugiés hutus – une condition que Kigali balaie d’un revers de main.
La Monusco, déjà affaiblie par le retrait partiel de ses troupes et 17 casques bleus tués en 2025, est entravée par les « restrictions continues » imposées par le M23/RDF, comme le dénonce le Royaume-Uni au Conseil de Sécurité en mars.
Des centaines de milliers de civils déplacés fuient les conflits vers Goma, mais les redditions FDLR ? Bloquées. Des experts du Critical Threats Project notent en novembre que « de nombreuses positions FDLR sont inaccessibles aux FARDC en raison du contrôle M23« , transformant l’occupation en obstacle insurmontable à la paix.
Kigali, feignant l’innocence, conditionne son retrait à une neutralisation que son propre soutien au M23/RDF rend impossible – un chantage qui perpétue l’excuse : « Pas de FDLR neutralisés, pas de départ. » Résultat ? 500.000 nouveaux déplacés en 2025, des massacres à Tongo (171 civils tués en novembre, selon l’ONU) et un pillage florissant : le M23/RDC impose des « administrations parallèles » pour taxer les mines, canalisant l’or et le coltan vers le Rwanda.
Des victimes congolaises, un génocide instrumental
Pendant que Kigali pleure une menace fantôme, ce sont les Congolais qui saignent.
Les FDLR, alliées ponctuellement aux FARDC contre le M23/RDF, terrorisent les villages : viols à Lubero (60 par mois en 2012, tendance persistante), recrutements d’enfants-soldats, massacres comme à Busurungi en 2010. Mais les RDF et le M23 ne valent pas mieux : tortures, exécutions sommaires, destructions massives documentées par Amnesty International en 2025 et encore il y a quelques jours seulement à Katana, Sud-Kivu. « Les vraies victimes sont des Congolais, pas des Rwandais », résume un rapport HRW d’octobre.
À Goma, l’aéroport est inoperationnel, l’espace aérien fermé, les civils pris en étau, sans assistance humanitaire, refusée par le M23/RDF. Le M23, en « nettoyant » les zones FDLR, n’hésite pas à massacrer des civils congolais soupçonnés de collaboration.
Des génocidaires d’hier, des pions d’aujourd’hui
Pire encore, les FDLR actuelles ne sont plus les Interahamwe de 1994.
Trente et un ans après le massacre de 800.000 Tutsis et Hutus modérés, les « génocidaires » originels (âgés de 20-40 ans alors) auraient 50-70 ans.
Les 6.000-8.000 membres d’aujourd’hui ? Des recrues congolaises, des enfants nés en exil, sans lien direct avec l’horreur.
Kigali les stigmatise en bloc, imputant une « idéologie génocidaire » aux descendants hutus – une punition collective qui contredit ses propres tribunaux gacaca et sa constitution de 2003 bannissant les clivages ethniques.
Pourquoi ? Parce que ce spectre nourrit l’occupation, au lieu d’ouvrir un dialogue pour rapatrier pacifiquement ces exilés, comme le propose l’accord de Washington.
Briser le cycle : Au-delà du prétexte
Les sommets de Luanda (août 2024) et Washington (juin 2025) ont chaviré sur ce refus : le Rwanda snobe les médiations, Kagame absent du tripartite angolais en décembre 2024 et peut être à celle de Washington prévue en décembre 2025. Pourtant, des signes d’espoir émergent : en mars 2025, le M23 a livré 14 FDLR capturés aux RDF, qui les ont réhabilités dans un camp à Kigali – preuve que la reddition est possible, sans occupation.
En conclusion, le Rwanda doit arrêter de cacher son alibi géocriminel derrière une feuille de figue : la « menace » FDLR n’est plus qu’un prétexte pour une occupation qui saigne la RDC.
Retirez les RDF, libérez l’accès Monusco et les redditions suivront – comme l’exige la résolution 2773.
La paix n’est pas une utopie : c’est une urgence, avant que les Kivus ne deviennent un cimetière minier, plein de fosses communes pour les populations congolaises, les vraies victimes oubliées du théâtre diplomatique que le Rwanda joue à Washington, après Luanda.




