LE RETRAIT FORCE D’UVIRA : COMMENT LES PRESSIONS AMERICAINES ONT BRISE L’ÉLAN DES REBELLES M23/RDF
Dans les collines du Sud-Kivu, la ville d’Uvira, bastion stratégique aux confins de la République Démocratique du Congo, a basculé en un clin d’œil. Il y a une semaine à peine, les forces de l’Alliance Fleuve Congo/M23, soutenues par des troupes rwandaises, s’emparaient de la cité dans un assaut semant la terreur et déplaçant des milliers d’âmes.
Mais ce 15 décembre 2025, un communiqué laconique signé par Corneille Nangaa Yobeluo, coordinateur de l’AFC/M23, a tout renversé : un retrait unilatéral, présenté comme un « geste de confiance » pour sauver le fragile processus de paix de Doha.
Derrière cette façade diplomatique, une réalité implacable : les pressions internationales, menées tambour battant par les États-Unis, ont contraint les rebelles à plier bagage, révélant les fissures d’un conflit enlisé dans les jeux de pouvoir régionaux.
Tout commence par une offensive qui défie l’ordre établi.
Mi-novembre, sous l’égide américaine, Kinshasa et Kigali signent un accord-cadre à Doha, censé mettre fin à des décennies de violence dans l’Est congolais. Mais le M23, proxy du Rwanda, ignore les engagements et lance une charge dévastatrice sur Uvira, ville portuaire vitale près de la frontière burundaise. Des centaines de morts, 200.000 déplacés, une « climat de peur » qui s’installe, comme le décrit l’Associated Press.
Washington, médiateur autoproclamé sous l’ère Trump, voit rouge. Le 12 décembre, les États-Unis accusent publiquement le Rwanda de violer l’accord signé entre la RDC et le Rwanda le 4 décembre à WAshington, en soutenant l’offensive rebelle, qualifiant l’acte de « mortel » et exigeant un recul immédiat.
La pression monte : sanctions brandies, isolement diplomatique menacé, et une médiation américaine qui pile sur Kigali pour forcer la main à ses alliés du M23.
Corneille Nangaa cède sous cette avalanche. Dans son communiqué, il admet noir sur blanc que le retrait répond « explicitement à une demande de la médiation des États-Unis« .
Pas de philanthropie ici, mais un calcul froid : l’offensive sur Uvira, « goutte d’eau de trop » selon des analystes congolais, a transformé une victoire tactique en piège géopolitique.
Le Rwanda, accusé par l’ONU et les ONG de fournir armes et troupes au M23, se retrouve dans le viseur. Des sources diplomatiques évoquent des appels directs de Washington à Paul Kagame, le président rwandais, pour qu’il lâche du lest et préserve les « relations de bon voisinage » avec le Burundi voisin.
Sur les réseaux, les voix rwandaises et congolaises s’emballent : « Si Kagame n’aide pas le M23, pourquoi le retrait suit-il toujours la pression sur lui ? », ironise un militant de la DC.
Ce recul n’est pas sans amarres. Les rebelles posent des conditions draconiennes : démilitarisation d’Uvira, protection des populations locales et déploiement d’une force neutre pour veiller au cessez-le-feu.
Une façon astucieuse de transformer une défaite en posture défensive, tout en accusant les Forces armées congolaises de « provocations « . Mais sur le terrain, la tension palpite.
Au fond, ce épisode cristallise la dépendance du M23 aux vents internationaux. Sans le bouclier rwandais, affaibli par les foudres américaines, les rebelles se replient, exposant la fragilité de leur emprise.
L’accord de Doha, déjà chancelant, gagne un sursis, mais pour combien de temps ?
Washington, avec sa diplomatie musclée, a imposé un temps mort, rappelant que dans l’Est congolais, les armes parlent fort, mais les pressions extérieures dictent le rythme. Reste à savoir si ce retrait marque le début d’une paix durable ou juste une pause avant la prochaine tempête.
La RDC doit continuer à rester vigilante et prendre les mesures nécessaires pour faire face à la menace.
Eugène Diomi Ndongala,
Démocratie Chrétienne




