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Articles de la catégorie ‘DE LA « DEMOCRATURE » A LA « VOYOUCRATIE » EN RDC’

QUAND MATATA PONYO ET JOSEPH KABILA AVAIENT ACCUSE L’OPPOSANT EUGENE DIOMI NDONGALA DE VOULOIR ATTENTER A LEURS VIES : DEVOIR DE MEMOIRE

Kinshasa, 11 avril 2013. Sous un soleil écrasant, le ministère de l’Intérieur de Joseph Kabila, sous instruction du PM Matata Ponyo, met en scène un spectacle aussi audacieux que déroutant. Devant une foule de journalistes, treize individus sont exhibés comme des trophées : neuf militaires et policiers, une femme isolée, un militant de l’UDPS nommé Stallone et Verdict Mituntwa, journaliste et fidèle bras droit d’Eugène Diomi Ndongala, figure incontournable de l’opposition. Leur crime supposé ?

Un complot rocambolesque visant à assassiner le président Joseph Kabila et le Premier ministre Matata Ponyo en attaquant leur cortège en route vers la ferme présidentielle de Kingakati, à l’est de la capitale.

L’arsenal présenté pour étayer cette accusation ? Une poignée de bouteilles en plastique, une machette esseulée et quelques téléphones portables. Un attirail si dérisoire qu’il provoque l’hilarité autant que l’indignation. « Un montage maladroit », clame l’opposition. « Fantaisiste et ridicule », renchérit Bruno Mavungu, secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), qui s’étrangle de rire à l’idée qu’un tel bric-à-brac puisse menacer un convoi présidentiel bardé de gardes armés jusqu’aux dents.

Au cœur de cette tempête, Eugène Diomi Ndongala, leader charismatique de la Démocratie chrétienne et allié indéfectible d’Étienne Tshisekedi, légende de l’opposition congolaise. Déjà enfermé à la prison de Makala pour une fausse affaire de meours – des charges qui la cour de cassation a balyé comme fausse en 2022, au cours de son procès en révision –, Diomi se retrouve maintenant accusé d’être le cerveau d’un attentat improbable. Lors de la présentation publique, lui et ses co-accusés, dont Mituntwa, hurlent leur innocence, dénonçant une « machination » orchestrée par un régime aux abois.

UNE CHASSE A L’OPPOSANT DANS UN CONGO SOUS TENSION

Rewind sur le contexte : en 2013, la République démocratique du Congo est un volcan politique prêt à entrer en éruption. La réélection contestée de Kabila en 2011 a fracturé le pays, et l’opposition, galvanisée par Tshisekedi, refuse de plier. Diomi, influent dans la région du Bas-Congo et à Kinshasa, est une voix qui porte, un critique acerbe qui ne mâche pas ses mots contre ce qu’il appelle un pouvoir illégitime.

Mais cette nouvelle accusation ne sort pas de nulle part : elle s’inscrit dans une longue série de coups bas judiciaires visant à le faire taire.

Arrêté sans mandat, dépouillé irregulièrement de son immunité parlementaire en janvier 2013, invalidé comme député en juin malgré des décisions de justice en sa faveur, Diomi est un homme traqué. Le Comité des observateurs des droits humains (CODHO) dénonce un « acharnement politique déguisé en procédure légale ». « Aucun élément crédible n’a été présenté », tranche un porte-parole du CODHO, pointant du doigt une justice instrumentalisée pour écraser la dissidence.

UNE ENIEME FABLE TROP GROSSE POUR ETRE AVALEE

Le scénario du prétendu complot « Imperium » – c’est le nom donné à cette supposée cabale – défie toute logique. Comment une bande désorganisée, équipée d’objets du quotidien, pourrait-elle percer la muraille de sécurité qui entoure Kabila ? L’opposition y voit une manœuvre limpide : discréditer Diomi pour affaiblir Tshisekedi et démanteler leur réseau. « C’est une farce », assène Mavungu, « une tentative désespérée de salir ceux qui osent défier le régime. »

Mais cette mise en scène pourrait bien se retourner contre ses auteurs. La faiblesse des preuves et le caractère théâtral de l’opération alimentent les soupçons, au Congo comme à l’étranger. Dans un pays déjà miné par les dissensions internes et les difficultés économiques, ce genre de tactique brutale risque d’attiser la colère populaire plutôt que de la juguler.

LE PRIX DE LA RESISTANCE

Pour Diomi, c’est un énième chapitre dans son bras de fer avec un pouvoir qu’il juge illégal. Depuis sa cellule, il incarne la résistance d’une opposition déterminée à ne pas céder. Ses partisans promettent de démasquer ce qu’ils qualifient de procès bidon, une mascarade visant à enterrer un rival politique. « Ce n’est pas de la justice », conclut Mavungu, lapidaire. « C’est de la politique par d’autres moyens. »

Dans ce jeu de pouvoir, une chose est sûre : l’affaire « Imperium » révèle moins une menace réelle qu’une lutte acharnée pour le contrôle d’un pays au bord du gouffre. Et Eugène Diomi Ndongala, volontaire ou non, en est devenu l’un des symboles, contre les dérives dictatoriales de Matata Ponyo et Joseph Kabila.

Marc Mawete,

Porte Parole de la Démocratie Chrétienne, DC