DE L’ ACCORD DES PRINCIPES A L’ ACCORD CADRE, ON TOURNE EN ROND A DOHA
Au cœur de la fournaise diplomatique qatarie, un accord-cadre entre la République démocratique du Congo (RDC) et l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) a été scellé ce samedi 15 novembre 2025, sous les auspices du Qatar et nous venons d’avoir la confirmation officielle de la signature de cet Accord cadre à environ 13h00 de ce 15/11/2025, à Doha.
Ce n’est pas encore la fin des hostilités qui ensanglantent l’Est congolais depuis des mois – loin de là –, mais un document stratégique qui trace les contours d’une méthodologie négociée : calendrier serré, principes non négociables, et une feuille de route pour un règlement global du conflit.
Réaffirmant un cessez-le-feu permanent, il engage les parties à libérer les prisonniers sans délai et esquisse des protocoles concrets sur l’accès humanitaire, la sécurité transitoire, la restauration progressive de l’autorité de l’État, le retour des déplacés internes, la relance économique des zones ravagées et une justice transitionnelle pour panser les plaies du passé.
Un pas mesuré, certes, mais dans un conflit où chaque mètre gagné sur le papier peut signifier des vies sauvées sur le terrain.
Les tractations à Doha, lancées en juillet 2025 par une déclaration de principes, ont jalonné un chemin semé d’embûches et d’avancées partielles : un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu paraphé le 15 octobre, après des rounds en août et septembre qui ont affiné les drafts successifs.
Ces derniers jours, plusieurs versions de l’accord ont fuité, alimentant les spéculations ; la signature, initialement prévue pour la matinée, flottait dans l’air comme une promesse incertaine. Vers 11h30 GMT, l’AFC/M23 avait même lancé une accusation cinglante : la délégation de Kinshasa, absente au rendez-vous protocolaire, retardait, selon ce mouvement rebelle, délibérément la cérémonie, un coup de théâtre qui avait ravivé les tensions sous-jacentes. Pourtant, les dernières dépêches respiraient déjà l’optimisme prudent : les deux camps sont alignés, et l’encre pourrait couler d’ici peu. Et ce fut ainsi!
Cet accord-cadre prévoit un retour étalé de l’État dans les territoires tenus par l’AFC/M23, un équilibre précaire entre désarmement et intégration politique. Mais les observateurs tempèrent l’euphorie, y voyant des principes réaffirmés, sans concessions réciproques ni amélioration tangible au Nord et Sud-Kivu où les combats sporadiques et les déplacements forcés persistent comme une ombre tenace.
Un progrès symbolique, en somme, qui masque à peine les failles : sans mécanismes contraignants immédiats, le document risque de n’être qu’un énième parchemin dans l’histoire tourmentée de la région.
Alors que la poussière de Doha s’élève, les regards se tournent déjà vers Lomé, au Togo, où les négociations pourraient se relayer pour transformer ces lignes en actes.
Dans un Congo où plus d’un million de déplacés errent encore sous la menace des milices, cet accord cadre n’est pas une victoire, mais un sursis – un appel urgent à la communauté internationale pour armer la diplomatie de ressources réelles et plus audacieuses.

De « l’Accord des Principes », signé en Juillet à Doha, à « l’Accord Cadre » signé aujourd’hui, toujours dans la capitale qatari: l’ on continue de construire des encadrements dans lesquels les parties ne peignent jamais les détails du tableau: plutôt décevant pour le peuple congolais, qui n’apprécie guère cet art abstrait.
Eugène DIOMI NDONGALA,
Démocratie Chrétienne




