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QUI EST DERRIERE LE PHENOMENE MOBONDO?

Le phénomène Mobondo désigne un mouvement milicien armé apparu en 2022 dans l’ouest de la République démocratique du Congo, principalement dans les provinces du Kwilu, Kwango, Mai-Ndombe et Kongo Central. Il est né de tensions ethniques et foncières entre les communautés autochtones Yaka, Suku, Mbala, Ndinga et Songo (dont les Mobondo sont issus) et les Bateke (ou Teke), pour se militariser en véritable milice, par la suite.

Ce conflit a causé plus de 5000 morts depuis 2022, la destruction de 60 % des habitations dans les zones affectées, et le déplacement de plus de 280.000 personnes en un an.

Les miliciens, souvent armés de machettes et d’armes artisanales mais aussi de AK-47, mènent des attaques contre les civils, les forces armées (FARDC) et les infrastructures, s’étendant jusqu’aux portes de Kinshasa.

Qui est derrière ce phénomène ?

Le principal acteur identifié comme chef ou figure centrale des Mobondo est Fabrice Zombi Kavabioko, également connu sous le titre auto-proclamé de « Roi Mini-Kongo » du royaume Suku. Ancien militaire et lieutenant dans les forces d’intervention rapide de Kinshasa sous le général Nabiola, il est un chef coutumier reconnu parmi les Yaka et Suku.

Proche de l’ex-président Joseph Kabila (via l’ASBL AJOKAKA, « Amis de Joseph Kabila Kabange », dont il est le fondateur et président), il a ensuite été nommé facilitateur par le ministre de l’Intérieur pour médier les conflits, avant d’être accusé de liens directs ou indirects avec les milices.

Son rôle trouble : Zombi est soupçonné d’avoir instrumentalisé les griefs ethniques pour mobiliser les miliciens, en se présentant comme un médiateur tout en entretenant l’insécurité. Des victimes et organisations locales l’accusent d’avoir fourni un soutien logistique aux attaques.

Arrêté en juillet 2025 à Kinshasa pour connivence avec les Mobondo et incitation à la rébellion, il a été transféré à la prison militaire de Ndolo. En octobre 2025, il a été condamné à 6 ans de prison ferme par un tribunal militaire pour ces motifs.

Bien que décentralisé, le phénomène est perçu comme manipulé politiquement.

Jean-Pierre Bemba a publiquement accusé Joseph Kabila d’en être le commanditaire (« Les Mobondo, c’est JKK« ), suggérant une déstabilisation du régime de Félix Tshisekedi. Le gouvernement a lancé des opérations militaires (comme à Kingakati, où 60 miliciens ont été capturés en novembre 2025) et appelle à un programme humanitaire d’urgence.

Les accusations selon lesquelles Joseph Kabila, ancien président de la RDC (2001-2019), serait le « financier occulte » du mouvement milicien Mobondo remontent entre autres à des déclarations publiques de Jean-Pierre Bemba, leader du MLC. Ces accusations, formulées dès début 2025, visent à lier Kabila à une stratégie présumée de déstabilisation du pouvoir de Félix Tshisekedi, en exploitant les tensions ethniques et foncières dans l’ouest du pays, pour les instrumentaliser politiquement.

Le mouvement Mobondo, initialement un conflit communautaire, s’est tout à coup militarisé et étendu jusqu’aux abords de Kinshasa, comme en témoigne l’attaque récente sur Kingakati en novembre 2025.

Kabila est accusé de soutenir non seulement les Mobondo, mais aussi d’autres groupes armés comme l’Alliance Fleuve Congo (AFC) et le M23 à l’est, formant un « double front » contre Kinshasa. Le but allégué : créer le chaos pour affaiblir Tshisekedi et préparer son retour au pouvoir.

Rôle présumé de financier : Bemba affirme que Kabila fournit un soutien logistique et financier aux miliciens, via des réseaux liés à son ancien parti, le PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie). Il évoque des « preuves irréfutables » tirées de son travail comme ancien ministre de la Défense, incluant des flux financiers occultes issus des ressources minières pillées sous son mandat (comme les scandales de la BCC ou de Sicomines). Par exemple, lors d’un meeting à Kikwit (Kwilu) le 5 mars 2025, Bemba déclare : « Je vous confirme que c’est Joseph Kabila qui est derrière les miliciens Mobondo. S’ils veulent des preuves, je les ai toutes. Lorsque j’étais Ministre de la Défense, j’ai vu comment ça marche. »

Le 6 mars, il ajoute : « J’ai toutes les preuves du soutien de Joseph Kabila aux rebelles de l’AFC, du M23, et des miliciens Mobondo. »

Kabila n’a pas réagi directement aux allégations sur les Mobondo, se concentrant plutôt sur des critiques génériques du régime de Tshisekedi comme dans sa tribune de mars 2025, où il met en garde contre une possible guerre civile due, selon lui, à des questions de gouvernance.

Événements récents à Kingakati (8 novembre 2025)

L’attaque des Mobondo près de la ferme de luxe de Kabila à Kingakati (à 150 km de Kinshasa) le 9 novembre 2025 renforce les accusations.

Les FARDC y ont neutralisé 9 miliciens, capturé 60 autres et saisi 22 armes (dont 12 AK-47), transformant le site en « quartier général » des Mobondo (samedi 8 novembre 2025, 5 policiers ont été tués avant l’intervention des FARDC).

Des cadres du PPRD, dont Aubin Minaku, ont été convoqués par un tribunal militaire le 10 mars 2025 pour « connivence » avec les Mobondo, mais sans suites connues jusqu’ à ce jour. Le récent attaque aux portes de capitale risque de remettre au centre de la sécurité congolaise le rôle, le financement, les réels objectifs et les commanditaires de ce mouvement qui rappelle celui de Bakata Katanga de Gédéon Kyungu, lui aussi un chef fétichiste libéré d’une manière cavalière par Kabila et qui aurait récemment repris son maquis dans la province cuprifère.

De toutes évidence, des forces hostiles à Kinshasa visent à raviver des fronts de déstabilisation aussi à l’ouest de la RDC, afin de prendre en tenaille le pouvoir en place, dans un double front est-ouest.

Eugène Diomi Ndongala,

Démocratie Chrétienne.