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Articles de la catégorie ‘LIBERATION DES PRISONNIERS POLITIQUES EN RDC’

« PONA CONGO » – 20 Ans de Combat pour la Liberté : Eugene Diomi Ndongala face à la Répression

Pendant deux décennies, Eugène Diomi Ndongala, fervent défenseur de la non-violence et de la démocratie, a bravé une répression politique implacable en République Démocratique du Congo (RDC).

Sous les régimes de Laurent Désiré Kabila et de son fils Joseph Kabila, cet opposant a subi enlèvements, arrestations arbitraires et tortures brutales. Son histoire est celle d’un homme dont la lutte pour la liberté a été punie par la violence d’un pouvoir autoritaire, mais dont la résilience reste un cri d’espoir pour un Congo libre.

L’Enfer Débute : Enlèvement et Horreur (10 décembre 1997)

Tout commence dans la nuit du 10 décembre 1997, à 23h00. Eugene Diomi Ndongala, alors président du Front pour la Survie de la Démocratie (FSD), est enlevé par des soldats de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) alors qu’il rentre chez lui à Ma Campagne, Kinshasa. L’horreur ne s’arrête pas là : ses deux sœurs, vivant sous le même toit, sont violées par les militaires. L’une d’elles succombera aux séquelles de cette barbarie. Diomi Ndongala, lui, est torturé et détenu au secret dans plusieurs camps militaires : Camp Loano, une villa près de Ma Campagne gérée par la DEMIAP (services secrets militaires), Camp Kokolo, et une ancienne ferme près de l’aéroport de Ndjili, jadis propriété de Kengo wa Dondo, devenue un lieu d’exécution.

Après deux mois de supplices physiques et moraux, son état se dégrade au point de nécessiter une opération d’urgence pour une péritonite à la clinique Ngaliema, sous surveillance militaire. Le 15 février 1998, il est assigné à résidence. Son tort? Avoir défié l’interdiction verbale des activités politiques décrétée par Laurent Désiré Kabila.

Une Traque Sans Répit : Arrestations Répétées (1998-2000)

La répression s’intensifie. Le 11 mars 1998, des agents de sécurité envahissent son domicile et le détiennent une semaine à l’Agence Nationale de Renseignements (ANR), près du fleuve Congo, pour ses déclarations dans la presse. Entre juin 1998 et avril 2000, Diomi Ndongala est arrêté tous les deux mois. La raison : la création du FSD, une plateforme prônant une démocratie pluraliste et représentative face au système autoritaire des « Comités de Pouvoir Populaire » (CPP), inspiré de l’idéologie nord-coréenne et imposé par Kabila.

Enlèvement et Accusations : La Vérité en Péril (28 avril 2000)

Le 28 avril 2000, Eugène Diomi Ndongala est kidnappé près de l’immeuble de la Voix du Zaïre à Kinshasa alors qu’il conduit sa voiture. Détenu trois semaines dans une villa au bord du fleuve, propriété d’un ministre de Kabila (Mwenze Kongolo), il parvient à faire arriver un message à sa famille pour révéler sa localisation. Transféré ensuite devant la Cour d’Ordre Militaire, il est accusé d’« atteinte à la sécurité de l’État ». Son crime ?

Avoir affirmé dans une interview que l’agression contre la RDC remontait à 1996, et non à 1998 comme le prétendait le régime, et avoir publié Le Manifeste de la Libre Pensée Politique du FSD, jugé incompatible avec l’idéologie kabiliste.

Il est libéré fin décembre 2000, à la suite d’une rencontre entre Kabila et la classe politique congolaise, en vue d’un sommet à Libreville qui ne verra jamais le jour après l’assassinat de LD Kabila en janvier 2001.

Un Combat Inlassable : Arrestation pour un Discours (15 janvier 2004)

Sous Joseph Kabila, la persécution continue.

Le 15 janvier 2004, après un discours enflammé, « Le Congo aux Congolais », prononcé lors d’un meeting de la Démocratie Chrétienne (DC) au Stade des Martyrs devant 50 000 partisans, Eugène Diomi Ndongala est arrêté pour « offense au chef de l’État ».

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Il y réclamait le droit à la paix pour les Congolais, un message jugé subversif.

Les charges sont finalement abandonnées.

Bas-Congo : Une Accusation Montée de Toutes Pièces (16 décembre 2010)

À l’approche des élections de 2011, Diomi Ndongala sillonne sa province natale, le Bas-Congo, pour relancer les activités de la DC, en vue des élections et de son soutien d’Etienne Tshisekedi à la présidentielle. Le 16 décembre 2010, il est arrêté à Muanda, sur une accusation absurde fabriquée par les services de sécurité (refus de montrer son passeport à un agent de l’Anr). Condamné à six mois de prison sans avocat, il n’en purge que trois, enfermé dans la cellule qui fut celle de Simon Kimbangu; il fut acquitté en appel à Boma, sous la pression populaire et face au risque d’émeutes.

Pour la Transparence Électorale : Brèves Arrestations (2011)

En 2011, Diomi Ndongala multiplie les actions pour la démocratie.

Le 18 septembrev2011, il est interpellé lors d’une marche devant la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) pour exiger la transparence du fichier électoral, puis libéré le jour même.

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Le 10 octobre 2011, il est de nouveau arrêté lors d’une autre marche réclamant la publication de ce fichier, comme prévu par la loi électorale, avant d’être relâché quelques heures plus tard.

Un Chapitre Sombre : Enlèvement et Détention Secrète (27 juin 2012)

Le 27 juin 2012, Eugène Diomi Ndongala, alors député national, est enlevé dans le quartier Gombe de Kinshasa. Cette date coïncide avec le lancement prévu de la Majorité Présidentielle Populaire (MPP), une plateforme soutenant Etienne Tshisekedi, dont il défend la victoire électorale volée.

Intercepté en voiture, il sera pendant trois mois, détenu au secret, par les services de sécurité de Kabila, tout en étant député élu et en fonction. Libéré le 11 octobre 2012, à la veille du Sommet de la Francophonie, sous la pression internationale – notamment les critiques virulentes de François Hollande –, il est hospitalisé et opéré d’urgence le 18 octobre pour les séquelles des tortures. Les services de sécurité tentent d’empêcher ses soins, mais le syndicat des médecins de l’hôpital sino-congolais de Ndjili intervient pour protéger son droit à être soigné.

Arrestation et Parodie de Justice : La Désinformation (8 avril 2013)

Le 8 avril 2013, tard dans la nuit, Eugène Diomi Ndongala est arrêté sans mandat par 20 policiers dirigés par le colonel Kanyama, chef de la police politique de Joseph Kabila. D’abord conduit à l’Inspectorat Provincial de la Police, il est faussement accusé de viol sur deux femmes qu’il n’a jamais rencontrées, soudoyées par le régime avec des fausses identités. Les charges évoluent ensuite vers « atteinte à la sécurité de l’État » et « complot contre Kabila et Matata Ponyo ».

Le 11 avril, le ministre de l’Intérieur orchestre un « show » télévisé, exhibant 13 prétendus complices – dont une femme de plus de 60 ans – avec pour « preuves » des bouteilles en plastique, un machette et des téléphones.

Un Homme Torturé, un Système Corrompu

Gravement malade, Eugène Diomi Ndongala souffre de paralysie partielle du côté droit et de stress post-traumatique, dû aux coups reçus. Le régime lui refuse des soins. Élu député à Kinshasa, son mandat est invalidé pour « absences », provoquant l’indignation de l’Union Interparlementaire (UIP). Les Concertations Nationales reconnaissent le caractère politique de sa détention et exigent sa libération, mais le gouvernement Kabila ignore cette résolution. Condamné à 10 ans de prison dans un procès truqué, sans preuves et avec une cour irrégulièrement constituée (5 juges à la place de 7prévus par la loi), il est privé de recours, la Cour Suprême refusant d’réexaminer son cas.

Une Justice Tardive : La Vérité Triomphe

En prison, Eugène Diomi Ndongala porte plainte contre la RDC auprès du Comité des Droits de l’Homme de Genève.

Le 12 août 2022, la Cour de Cassation annule sa condamnation de 2013, reconnaissant le complot dont il a été victime, confirmant un jugement de 2014/2465 du Tribunal des Droits de l’Homme des Nations Unies qui avait condamné l’État congolais et le régime Kabila. Pourtant, Joseph Kabila et son ministre de la Justice, Tambwe Mwamba, avaient refusé d’appliquer cette décision, violant deux traités internationaux signés par la RDCongo.

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Un Héritage de Courage

Eugene Diomi Ndongala incarne plus de 20 ans de lutte acharnée pour la liberté. Son corps porte les stigmates de la répression, mais son esprit demeure un symbole de résistance. Dans une RDC en quête de justice, son combat résonne comme un appel à ne jamais céder, quelque soit le prix et sans compromissions.

DC