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Articles Tagués ‘CRITIQUES DES USA’

En attendant le 17 décembre, en RDC …/LLB

En attendant le 17 décembre, en RDC …

François Misser

LA LIBRE BELGIQUE

Mis en ligne le 16/12/2011

Washington ignore si Kabila a gagné l’élection “gravement entachée d’irrégularités”.

Le consensus s’élargit autour de l’existence d’une fraude importante lors la présidentielle au Congo. La Commission électorale (Ceni) elle-même a annoncé jeudi qu’elle allait poursuivre en justice ses « agents frauduleux ».

Reste à évaluer le montant du désastre qui a déjà conduit trois candidats, le président du Sénat, Léon Kengo, l’ancien ministre de la Décentralisation, Antipas Mbusa Nyamwisi et Alain Bombole, à proposer la formation d’un gouvernement de transition pour organiser un nouveau scrutin.

Selon l’hebdomadaire « Jeune Afrique », l’importance de la fraude pourrait être considérable, en raison de l’arrivage massif de bulletins de la 25e heure. Ce journal indique qu’après la fermeture officielle des bureaux de vote le 28 novembre, alors que la Ceni avait décidé de prolonger le scrutin de deux jours, deux avions ont acheminé des millions de bulletins à partir de Johannesbourg. Après quoi, les événements auraient été si confus que le représentant spécial de l’Onu au Congo, Roger Meece, qui a mis à disposition avions, hélicoptères et camions pour transporter ce matériel, aurait fini par se demander ce qu’il était advenu de ces bulletins. Ont-ils été distribués ou détournés et cochés en faveur du président Kabila ? La réponse à cette question n’aurait pas été satisfaisante puisque Roger Meece, dont « la gêne était manifeste » (sic), aurait décidé d’arrêter les frais, le matin du 30 novembre.

Dans ces conditions, et sur foi de l’observation des diplomates américains à Kinshasa, le Département d’Etat a conclu mercredi que « la gestion et l’exécution technique de cette élection ont été gravement entachées d’irrégularités ». Allant plus loin que le Centre Carter qui estimait que les fraudes et anomalies constatées ne remettaient pas en cause la victoire de Joseph Kabila, la porte-parole du département d’Etat Victoria Nuland, lors d’un point de presse, a déclaré : « Il n’est pas clair si les irrégularités étaient suffisamment importantes pour changer les résultats du scrutin ». Autrement dit, Washington ne se prononce ni dans un sens ni dans un autre.

Les Etats-Unis ont en conséquence proposé leur aide technique aux autorités congolaises pour que ces dernières soient en mesure d’afficher des résultats crédibles. Mais il n’est pas sûr que cette proposition ait été retenue par Kinshasa. Jeudi, la Cour suprême de justice a en effet commencé l’examen de la requête en invalidation du candidat arrivé en troisième position à la présidentielle, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe. Or, selon une source judiciaire congolaise consultée jeudi par « La Libre », il était probable que la Cour jugerait cette requête irrecevable « pour défaut de qualité », si elle a été formulée au nom de l’opposition car Kamerhe n’en est pas le porte-parole légal. « La messe sera dite. Ensuite, samedi la Cour publiera les résultats définitifs. » « C’est là que les choses risquent de se gâter. La rumeur laisse entendre que la colère populaire contenue lors de la publication du 19 décembre devrait cette fois exploser de façon irrépressible », prédit notre informateur. Oiseau de mauvais augure ? On le saura bientôt.