Législatives au Congo : avalanche de protestations. Inopportunité d’organiser le sommet de la Francophonie en RDC

Législatives au Congo : avalanche de protestations
Marie-France Cros
Mis en ligne le 20/01/2012
Je suis très perplexe et déçu”. Le député (CDH) Georges Dallemagne n’a pas caché son inquiétude à “La Libre Belgique” après avoir interpelé, mercredi, le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders (MR), en commission des Relations extérieures de la Chambre, sur la position de la Belgique à propos du Congo.
“Je lui ai demandé si d’autres pays que la Belgique s’avançaient à affirmer que la fraude électorale n’avait pas modifié l’ordre d’arrivée des candidats à la présidentielle”, pour laquelle Joseph Kabila a été proclamé vainqueur. “M. Reynders a opiné du chef mais n’en a cité aucun. Et moi je n’ai vu aucun gouvernement continuer, comme la Belgique, à l’affirmer” .
Le député a aussi demandé au ministre d’où il tenait cette certitude que l’ordre n’avait pas été changé. Du rapport de la Fondation Carter, lui a-t-il été répondu. “Mais ce rapport, qui n’était qu’intermédiaire, date déjà” ( du 10 décembre). “Est-il la seule base d’analyse pour établir la position de la Belgique? Je m’interroge vraiment… La position de la Belgique me paraît totalement intenable”.
M. Dallemagne a, enfin, interrogé M. Reynders sur les démarches entreprises par la Belgique pour proposer son aide au dépouillement des bulletins de vote législatifs, comme le ministre l’avait évoqué en décembre. “Aucune assistance technique belge n’a été déployée, a-t-il répondu. Mais il a précisé que l’équipe d’experts était là pour y aider à organiser les provinciales”.
C’est une précision qui n’avait pas été apportée jusqu’ici: des experts internationaux ont été envoyés à Kinshasa le 4 janvier sur financement du National Democratic Institute (NDI), qui dépend du Parti démocrate américain, et d’une ONG de même nationalité, l’International Foundation for Electoral Systems (IFES). Officiellement pour “déterminer s’il est possible de vérifier les résultats des élections” législatives.
Or, ils ont quitté Kinshasa sans préavis le week-end dernier, confirme une source diplomatique américaine à l’AFP, alors que leur mission devait durer trois semaines. Selon le journal kinois “Le Phare” (pro-Tshisekedi), les “violons” des experts ne se seraient “pas accordés” avec ceux de la Ceni (Commission électorale nationale indépendante) sur ce qu’ils avaient le droit de voir et
“ils auraient refusé, indique-t-on, d’être traités comme de simples caisses d’enregistrement des chiffres pré-compilés par le personnel de la Ceni et déjà rendus publics”.
Pendant ce temps, les violations des droits de l’homme de ceux qui protestent contre la fraude électorale se poursuivent, plusieurs grandes ONG à évoquant une “dérive dictatoriale et autoritaire du gouvernement”. L’une des figures de proue de ces ONG, Dismas Kitenge, a vu sa maison incendiée le 5 janvier, après avoir dénoncé les fraudes électorales.
Ces violences poussent le député Georges Dallemagne à s’interroger sur “l’opportunité d’organiser le Sommet de la Francophonie cette année à Kinshasa, comme prévu. On n’a pas l’habitude de l’organiser dans un pays où la situation politique et celle des droits de l’homme sont aussi malmenées qu’au Congo”.
© La Libre Belgique 2012




