Daniel Ngoy Mulunda, président de la CENI ne convainc pas…
Daniel Ngoy Mulunda, président de la CENI ne convainc pas…
Par Freddy Mulongo, jeudi 26 mai 2011 à 20:02 :: radio :: #1489 :: rss
Daniel Ngoy Mulunda, président de la CENI. Photo Réveil-FM, archives
Très proche de Joka, il ne s’en cache pas. Le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) s’exprime beaucoup et a une forte tendance de personnaliser comme Modeste Mutinga, le pittbull contre des journalistes, et médias avait personnaliser l’étouffoir des libertés, la fameuse Haute Autorité des Médias (HAM) sous la transition 2003-2006.
C’est avec Joseph Kabila, que le pasteur Daniel Mulunda s’investit en politique. Membre fondateur du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), il fait campagne pour le jeune Joseph en 2006, se présentant comme son conseiller spirituel. Très vite cependant, il se détachera du PPRD pour se consacrer à son Église et à son ONG, le Programme œcuménique de paix, transformation des conflits et réconciliation (Parec).
Controversée, cette ONG lance en 2005 un premier programme de récupération des armes dans le Nord-Katanga. Elle offre alors des vélos et reçoit en échange environ 10 000 armes et matériels militaires divers. Daniel Ngoy Mulunda récidive en 2009 à Kinshasa et, cette fois, c’est 100 dollars pour un fusil. Il revendique la récupération de 12 000 armes.
L’opération suivante est lancée dans l’Est de la RDC en 2010, avec une récompense de 50 dollars. Où le pasteur trouve-t-il cet argent ? D’abord dans la poche de Joseph Kabila, qui lui a octroyé un don de 100 000 dollars !
Les opérations du Parec, qui se déroulent en marge du programme national de désarmement, sont très médiatisées et suscitent de nombreuses critiques.
Des soupçons pèsent sur les trafics qui permettraient à des militaires de vendre leurs armes contre 100 dollars puis de les récupérer ensuite.
Plus polémique encore, le sort de quelques centaines de soldats des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) qui pillent , violent rentrent chez au Rwanda le matin et reviennent le soir au Congo. Quant aux quelque 300 Congolais regroupés dans un camp du Katanga, ils n’ont reçu aucun soutien et auraient fini par retourner dans le Nord-Kivu. L’ONG n’en continue pas moins ses opérations dans l’Est, avec la protection de la garde républicaine.
Vous dirigez la CENI et vous êtes critiqué par l’opposition qui vous reproche d’appartenir à la MP. Ce qui ferait de vous un militant du président Kabila. Que répondez-vous à ces critiques ?
Daniel Ngoy Mulunda: D’abord, depuis que la loi sur la CENI a été mise sur pied – pour les critères de choix- eux-mêmes ont dit que la MP ait quatre personnes et l’opposition, trois personnes. De là, il y a déjà une connotation politique. La loi elle-même a ouvert un chemin à cela.
Je ne suis pas militant du président Kabila. Je ne suis pas militant du PPRD. Je n’ai jamais été membre du PPRD. Je ne nie pas avoir accompagné le PPRD à s’organiser lors du dialogue inter-congolais à Sun City en Afrique du Sud.
J’ai dit que l’AFDL – histoire d’un parti était fini – il fallait avoir un groupe partisan. Je les ai conseillés. Mais quand ils ont créé leur parti, je me suis retiré. Ils m’ont proposé aux élections comme candidat du Nord-Katanga. Je leur ai dit non parce que je n’ai jamais été membre du PPRD et je ne le suis pas. Je le souligne.
Vous-mêmes aviez affirmé publiquement avoir voté pour Joseph Kabila en 2006 ?
Daniel Ngoy Mulunda:Chaque citoyen est libre de voter pour le candidat qu’il veut. Où est le problème ?
Pour vous, il n’y a pas de problème en affirmant publiquement sa sympathie pour un candidat et le fait de diriger une commission électorale indépendante ?
Daniel Ngoy Mulunda: Je ne l’ai pas fait. Tu m’entends moi parler pour un candidat aujourd’hui ? Il ne faut pas emmener le passé dans le présent, monsieur. C’est aujourd’hui que le pays m’a choisi. Il m’a fait confiance. As-tu suivi le sondage du Point ? La population congolaise alloue au pasteur Mulunda, 85% aujourd’hui.
La CENI compte 7 membres, 4 pour la MP et 3 pour l’opposition. Est-ce cela une garantie pour l’organisation des élections du 28 novembre ?
Daniel Ngoy Mulunda: Nous avions reçu mandat d’organiser les élections. Pas pour l’opposition ou le pouvoir. Nous voulons emmener notre pays aux élections transparentes, libres et démocratiques. Les sept membres de la CENI sont unis et nous sommes conscients de la mission que le pays nous a confiée.
En 2006, dans le contexte congolais comme vous le dites, la CEI était composée de 21 membres. Il y avait un certain dosage. Il y avait notamment des membres de la société civile. On a l’impression que cet échafaudage subtile n’existe plus aujourd’hui dans la nouvelle CENI de par sa composition. Daniel Ngoy Mulunda:Ecoutez. Nous subissons la loi qui n’est pas venue de nous. Nous n’avons pas été auteurs de cette loi ni de la composition de la CENI.
L’opposition redoute une partialité et un manque de transparence pour ce scrutin. Quelle garantie pouvez-vous lui donner ?
Daniel Ngoy Mulunda: Nous avons crée un climat de dialogue avec eux. Nous voulons les associer à toutes les étapes de notre travail. Nous voulons faire un travail propre pour prouver que ce que nous disons soit des faits honorables. Nous allons le faire. Nous allons les approcher. Nous serons avec eux.
Les élections sont prévues pour le 28 novembre. On dénote des nombreux retards dans l’enrôlement et dans la préparation du scrutin. Tiendra-t-on le délai selon vous ?
Daniel Ngoy Mulunda : Je vous dis que le délai tiendra. Aujourd’hui, avec l’enrôlement, nous avons atteint presque 100% de notre projection. D’ici le 9 juin, nous allons terminer deux provinces. Pour les autres provinces, nous allons les terminer le 9 juillet. Nous allons avoir 31 millions d’électeurs. Nous le promettons. On a connu du retard. Mais on est dans le bon. On va tenir le délai.
L’ONG International Crisis group affirme que dans certaines provinces, les agents électoraux vendent des jetons pour faire la queue.
Daniel Ngoy Mulunda: C’est la version de l’ICG qui n’est pas la parole d’évangile. Ils interprètent les événements à leur manière.
Dans certaines communautés, on note un seul centre d’enrôlement par groupement. Est-ce qu’on ne pénalise pas les électeurs des communautés rurales. Ceux qui doivent faire des dizaines et des dizaines de kilomètres pour joindre ce seul centre d’enregistrement ?
Daniel Ngoy Mulunda: Quand nous sommes arrivés, la CENI a décidé de changer la cartographie et d’augmenter le nombre de centres d’enrôlement. Nous venons de commander 2. 500 tentes et venons d’ouvrir 2.700 nouveaux centres d’enrôlement pour diminuer les distances afin de permettre aux gens de ne pas aller très loin pour se faire enrôler ou pour voter.
En province Orientale, les populations d’Irumu se plaignent de l’absence de centre dans leur localité.
Daniel Ngoy Mulunda: Ce n’est pas seulement dans la province Orientale. Il y a aussi le Kasaï. Il y a une semaine, nous venons d’avoir des nouvelles machines d’enrôlement qui sont en train d’être déployées dans toutes les provinces pour répondre à ces besoins.
Pourquoi la CENI a décidé de réinscrire tout le monde alors qu’il aurait été plus simple de nettoyer les listes électorales de 2006 ?
Daniel Ngoy Mulunda: La CENI a hérité le processus en cours. Nous aurions souhaité cela. Le processus était déjà en cours. On enrôlait déjà les électeurs. Nous ne pourrions plus arrêter la roue. Notre souhait est que cet enrôlement qui part pour les prochaines échéances puisse nous permettre de mettre le fichier à jour. Ce n’est pas bon de perdre beaucoup d’argents. Notre souci est d’avoir un fichier électoral permanant qu’on peut seulement mettre à jour.
C’était déjà l’ambition de 2006. Pourquoi est-ce qu’on n’a pas gardé le fichier de 2006 ?
Daniel Ngoy Mulunda: Je n’ai pas fait partie de cette ambition là. Je table sur mon ambition d’aujourd’hui.




