L’OPPOSITION A GAGNE DE CAUSE:« L’opposition aura accès au fichier électoral », dixit la CENI

Le peuple congolais, qui aspire à des élections apaisées, attend du pouvoir organisateur la « transparence » et l’ « équité ». Rassurante, la Ceni affirme que « l’Opposition aura accès au fichier électoral ». Mais, c’est sur la période de l’« accès » à ce fichier que les violons ne s’accordent pas encore entre les deux parties. « L’Opposition comme toute la nation congolaise aura accès au fichier électoral », a déclaré jeudi soir à Kinshasa le vice-président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) au cours de l’émission « Dialogue entre congolais » de Radio Okapi à la suite des « revendications » exprimées lors des « marches » organisées dans la journée.
L’Opposition politique accusant la Ceni de « gestion opaque du fichier électoral », Jacques Djoli a répondu que « la loi oblige la Ceni de publier cette liste 30 jours avant le début de la campagne électorale ». Déclaration confirmée lors du point de presse, désormais hebdomadaire de la CENI, tenue jeudi dans l’après-midi. Aux termes du calendrier électoral, cela devrait être le 28 septembre 2011 ! Or, l’Opposition veut accéder au serveur central avant le traitement du fichier électoral ainsi que son affichage définitif.
Entre-temps, la Ceni a demandé à l’Opposition et à la Majorité de désigner chacune deux techniciens informaticiens. « Ces quatre personnes vont travailler avec le certificat de centre national de traitement pour auditer le fichier électoral », a-t-il expliqué. « La Ceni réitère sa demande contenue dans sa précédente réponse appelant l’Opposition et la Majorité à désigner deux experts informaticiens qui pourront prendre contact avec la Direction du Centre national de traitement pour clarifier les préoccupations en rapport avec l’utilisation du serveur central et les autres applications connexes. La Ceni invite 5 dirigeants de l’Opposition et 5 de la Majorité aux fins de procéder à la visite du Centre national de traitement et des installations de transmission des données par Vsat de s’assurer de la fonctionnalité de ces outils », avait répondu le président de la Ceni, Daniel Ngoy Mulunda, dans sa réponse du 21 août 2011 aux dix préalables de l’Opposition politique.
Eviter une « crise post électorale »
« La transparence en toute chose dans ces élections va nous éviter beaucoup de mauvaises choses. Nous ne voulons pas de crise post électorale. Nous voulons que le gagnant gagne en toute transparence et le perdant perde en toute transparence », a réagi jeudi un auditeur de Radio Okapi en évoquant les revendications de l’Opposition politique.
S’adressant singulièrement aux responsables de la CENI qui doivent « garantir cela en ne cachant ni le fichier électoral ni les bureaux de vote », il leur a aussi recommandé de « faire attention aux bulletins de vote » qu’ils vont distribuer. « On ne veut plus d’élections comme en 2006 où l’on a vu un excédent d’un million de bulletins de vote », a-t-il averti, se faisant l’écho des suspicions de l’Opposition politique.
Lors du dépôt à la Ceni de son mémorandum contenant les « préalables pour des élections libres, démocratiques, transparentes et apaisées », l’Opposition politique a soutenu le 27 juillet 2011 qu’on ne peut « pas aller aux élections sans qu’on ait une idée réelle sur ceux qui vont voter ». Aussi, exigeait-elle notamment « l’audit du fichier électoral, l’implication de l’Opposition dans la gestion du serveur central, l’indépendance effective et réelle de la Ceni, la mise en réseau des centres des bureaux et des serveurs, la publication de toutes opérations liées à l’impression des bulletins de vote ; l’audit des finances de la Cei et de la Ceni ».
De son point de vue, ce sont des « instruments majeurs, utiles et essentiels sur lesquels doit être construite la confiance entre l’Opposition et la Ceni ». Car, a-t-elle prévenu, en prenant à témoin l’opinion nationale et internationale, « la Ceni, à défaut de rencontrer positivement ces préalables, hypothèquera sa crédibilité d’organiser en RDC les élections transparentes, démocratiques et apaisées ». « Le pasteur Ngoy Mulunda nous a démontré que nous ne devons pas avoir confiance en lui, parce qu’il est partisan, et ça tout le monde le sait. Il est co-fondateur du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, il est proche du président Kabila », a souligné le 20 juillet le secrétaire général de l’Udps, Jacquemain Shabani exprimant ses inquiétudes sur « des irrégularités dans l’opération de la révision du fichier électoral » devant être « corrigées pour éviter toute fraude ».
Au cours de son point de presse, il a indiqué qu’« il faut que deux ou trois experts de l’Udps prennent part à l’opération de nettoyage du fichier électoral » pour que son parti soit « rassuré de la régularité des listes définitives que publiera la Ceni ». « La Commission électorale nationale indépendante tient à rassurer les frères et sœurs de l’Opposition de sa ferme volonté de tenir compte de leurs préoccupations, de leurs suggestions afin d’asseoir un processus électoral apaisé et rassurant », a déclaré le 21 août 2011 le président de la Ceni, dans sa réponse au mémorandum de l’Opposition.
Mais, en dépit du fait que la Ceni « renouvelle sa disponibilité de travailler avec tous les partis politiques, parties prenantes essentielles au processus électoral », Daniel Ngoy Mulunda a réaffirmé « la nécessité de sauvegarder l’indépendance de la Ceni, expression et volonté manifeste du constituant telle qu’affirmée par l’article 211 de la Constitution ». En effet, l’article 7 de la loi organique du 28 juillet 2010 portant son organisation et son fonctionnement dispose que, « dans l’exercice de sa mission, la Ceni jouit de l’indépendance d’action par rapport aux autres institutions. Elle bénéfice néanmoins de leur collaboration ».
Pour pouvoir « aller aux élections dans la paix et dans la concorde » et « dégager une piste de construction et de consolidation de notre confiance », la Ceni a proposé aux partis et regroupements politiques « la désignation des techniciens spécialistes en informatique émanant de la Majorité et l’autre de l’Opposition parce que la question est essentiellement technique pour aborder et discuter la méthodologie de travail utilisée par nos techniciens pour fiabiliser le fichier ».
« Concernant la mise en réseau des centres, des bureaux et des serveurs en vue d’accroître la qualité de son service à la Nation, la Ceni a acquis un réseau moderne privé sécurisé de télécommunication par Vsat installé dans ses démembrements dont le hub central est situé à son siège à Kinshasa. Le serveur n’est donc qu’un outil de centralisation des données provenant des démembrements de la Ceni », a-t-elle signalé. S’agissant de la « publication de toutes les opérations liées à l’impression des bulletins de vote », la Ceni a répondu aux partis politiques que, « lorsque nous allons arriver à ce stade de processus et dans le cadre d’un esprit de transparence, vous aurez tous les éléments liés aux commandes des bulletins de vote. Pour des besoins logistiques nous avons choisi un pays proche pour son impression ».
C’est d’ailleurs pour « débattre » des revendications de l’Opposition politique que la Ceni prie « les partis et regroupements politiques légalement constitués en République démocratique du Congo de se faire représenter par un haut responsable » au forum qu’elle « organise à leur intention » le jeudi 8 septembre 2011 dans la salle du Cinéma au Palais du peuple.
Perte de CD
Revenons au point de presse de jeudi après- midi pour relever que la Ceni a tenu à apporter des éléments de réponse sur une prétendue disparition des CD. Donc, d’un certain nombre d’électeurs. «Une certaine presse a fait état de la perte des CD de certains kits d’enregistrement et par conséquent de la perte des données de certains électeurs. La Ceni précise que les opérations de révision du fichier électoral ont été entourées de dispositifs sécuritaires appropriés aux opérations d’une telle envergure.
En effet, chaque Kit d’enregistrement était doté, en plus de son disque dur interne, d’un disque dur externe. Chaque kit devrait graver 2 CD journaliers, 2 CD hebdomadaires, 5 CD finaux dont 2 CD FA et 3 CD FB. En plus, lorsque tous ces supports sont illisibles ou perdus, la Ceni recourt aux formulaires F O1, aux listes albums ou au Kit concerné. Aucune perte de données d’électeurs ne peut donc être envisageable », a dit le Rapporteur de la Ceni. Aux partis politiques tant de la Majorité que de l’Opposition, d’apprécier ces explications.
Assurances données par Jacques Ndjoli de la CENI
Réagissant aux revendications de l’opposition, laquelle accuse la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) de la gestion opaque du fichier électoral, son vice-président Jacques Djoli a rassuré que l’opposition aura bel bien accès au fichier électoral. « L’opposition comme toute la nation congolaise aura accès au fichier électoral, parce que la loi obligé à la Ceni de publier cette liste 30 jours avant le début de la campagne électorale », a déclaré Jacques Djoli, le jeudi 1er septembre 2011 à Radio Okapi, au cours de l’opposition et la majorité désignent chacun deux techniciens informaticiens.
« Ces quatre personnes vont travailler avec le certificat de centre national de traitement pour auditer le fichier électoral », a-t-il ajouté. Cependant, les deux camps ont proposé de passer de deux informaticiens à quatre ou cinq. Face à ces revendications, Jacques Djoli a rassuré que la Ceni va se concerter avec l’opposition et la majorité, le jeudi le 8 septembre afin de débattre de la question.
Le Potentiel/La Référence Plus
03/09/2011




