Guerre de l’Est : non à la diversion, non à la trahison.—–Le Phare du vendredi 18 m ai 2012
Guerre de l’Est : non à la diversion, non à la trahison…
Selon l’agence panafricaine La PANA, les ministres des affaires
étrangères du Rwanda et de la RDC se réunissent ce vendredi à Kigali
pour discuter de la mise en application du protocole d’accord de
coopération signé en 2009. Ils se pencheront aussi sur les axes de
coopération en matière de sécurité, notamment sur la fameuse question
des FDLR qui sévissent dans les deux provinces du Kivu.
Aussi curieux que cela puisse paraitre, aucune allusion n’est faite
en ce qui concerne les « mutins » du M 23, un mouvement qui vient de
naître par le jeu des anciens éléments du CNDP de Bosco NTAGANDA en
fuite, car recherché par un mandat de la Cour Pénale Internationale.
Cette rencontre répond aux vœux exprimés depuis quelques jours par le
ministre rwandais de la Défense et celle des Affaires étrangères qui
ont offert leur médiation entre Kinshasa et ces « mutins » du M 23.
Il est admis généralement que les Etats n’ont pas d’amis et ne sont
guidés que par leurs intérêts. Qu’on les aime ou pas, les autorités
rwandaises sont en droit de se battre pour les intérêts de leur pays.
Tout d’abord, Kigali prend toutes les précautions pour informer son
peuple de toutes les démarches destinées à défendre la sécurité
intérieure et endiguer toute menace à court, moyen et à long termes.
Dangereuse diversion
Si le comportement de Kigali est justifiable à certains égards, il
pêche cependant par cette fixation, la question des FDLR qu’il
invoque comme un fond de commerce pour divertir et flouer l’opinion
tout en se moquant de la bonne foi et de l’esprit d’hospitalité
séculaire des Congolais. En 2009, les opérations militaires
conjointes conclues sous le sceau du secret d’Etat se sont effectuées
à la satisfaction de deux gouvernements. Avec comme effet surprenant
le limogeage de Vital KAMERHE, alors président de l’Assemblée
Nationale de l’époque qui avait commis le crime de lèse-majesté en
s’opposant publiquement à l’entrée des troupes rwandaises sur le
territoire congolais.
D’une part, ces opérations militaires conjointes se sont révélées
comme la preuve éclatante que la question des FDLR ne peut trouver de
solution que par un dialogue politique inter rwandais. Dès lors que
deux mois plus tard, ces éléments des FDLR se sont rappelés à la
mémoire collective en intensifiant les massacres, viols massifs,
pillages, destructions méchantes et déplacements des populations
congolaises. La réalité sur le terrain ne donne-t-elle pas aujourd’hui
raison à Vital KAMERHE ? Dès lors que l’un des points de ces
rencontres de deux jours à Kigali concerne effectivement l’éventualité
de relancer encore une fois ces opérations militaires conjointes. Car,
en ressuscitant le problème des FDLR tout en faisant allusion au
génocide, Kigali fait d’une pierre deux coups. D’un côté, le Rwanda
cherche à émouvoir l’opinion internationale et de l’autre il occulte
la tragédie qui sévit actuellement au Kivu pour éviter que sa
responsabilité dans cette affaire ne soit engagée.
Aveu de complicité
D’autre part, Kigali se comporte en donneur de leçons en proposant sa
médiation entre le gouvernement d’un pays voisin et des mutins qui
sèment la mort, les viols massifs et les déplacements des populations
pour obtenir la reconnaissance des grades de leurs « officiers » à la
nationalité douteuse et qui n’ont même pas terminé l’école primaire.
Les actes criminels perpétrés par ces mutins du M 23 n’ont rien à
envier à ceux posés en 1994 par les interahamwe. Selon les
statistiques du Haut Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés et du
PNUD, il y a à ce jour, deux millions des déplacés internes à la suite
des troubles perpétrés par ces mutins qui se disent fidèles d’un homme
recherché pour des crimes commis en Ituri entre 2002 et 2003. Chaque
jour qui passe apporte son lot d’enfants, vieillards, femmes qui
meurent des suites des intempéries, maladies, viols, massacres,
assassinats, etc.
Un silence incompréhensible
Entretemps, ce qui choque et énerve, c’est le silence opposé par le
gouvernement de Kinshasa face aux massacres, viols, déplacements
forcés des populations, menaces sur l’intégrité du territoire national
qui se commettent dans les territoires du Kivu par des éléments venus
d’un pays voisin. C’est toujours par la bouche des officiels rwandais
que l’opinion nationale apprend que son gouvernement a envoyé des
délégations ministérielles à Kigali pour discuter des questions de
sécurité. Rien sur la question des « mutins » du M 23 qui répandent la
mort et la désolation, pillent et vident des villages entiers.
L’opinion nationale a été scandalisée d’apprendre de la bouche du
président de l’Assemblée Nationale que la question de ces «mutins» du
M 23 sera examinée au cours d’une plénière à huis clos. Cela, lorsque
LUSENGE Bonane, député élu de Lubero sur la liste de l’UDCF de Pierre
PAY PAY avait dénoncé l’implication de Kinshasa et de certains acteurs
politiques du Nord Kivu dans cette tragédie. Depuis, silence radio !
Où est l’intérêt de la RDC ?
En quoi l’affaire des FDLR intéresse-t-elle la RDC ? Certes, ces
éléments posent des actes de violence sur des populations civiles
congolaises. Mais, il faut se rendre à l’évidence que les FDLR
disposent des complicités au niveau des institutions de la République
essentiellement dans les opérations de trafic illicite des matières
précieuses. Or, il est établi que le Rwanda se vante d’avoir rétabli
la sécurité totale sur toute l’étendue de son territoire.
Au moment où une autre fausse rébellion se déclare, les autorités de
Kinshasa font semblant de l’ignorer et se précipitent à Kigali pour
aller régler la question des interahamwe. Un comportement qui
scandalise et révolte tous les hommes de bonne volonté. C’est comme si
un père de famille délaisse son enfant terrassé par la malaria pour
voler au secours de l’enfant du voisin souffrant de la même maladie.
Une véritable capitulation et une humiliation additionnelle qui en
rajoutent aux autres traumatismes dans lesquels nagent les Congolais
depuis l’avènement de l’AFDL.
LE PHARE
F.M.
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