Montage grossier et excessive théâtralisation /Par Mohamed Mboyo Ey’ekula
Montage grossier et excessive théâtralisation
Par Mohamed Mboyo Ey’ekula
Paranoïa! Le mot n’est pas assez expressif pour définir l’attitude qu’affiche »Joseph Kabila » depuis début mars. Des coups d’état, il en voit partout et en déjoue à la pelle. Et, depuis la rocambolesque tentative de putsch imputée au docteur Kanku, ce citoyen belge d’origine congolaise, il envoie des »conspirateurs » presque chaque semaine à la prison de Makala. Vous voulez des conjurés? En voilà! En moins d’un mois, le ‘’RAIS’’a échappé à deux tentatives d’assassinats. La première dont Laurent Louis,député belge, s’est vu attribuer la paternité et la seconde qui vise l’opposition ,notamment Eugène Diomi Ndongala, arrêté le 9 avril et jeté en prison dans des conditions arbitraires. Mais, l’une comme l’autre, passée au crible, ne résiste pas à l’épreuve de la vérité. Elles sont tout sauf crédibles.
La théâtralisation qui entoure leur survenue rend ridicules les services de police et de renseignement. Dans le premier cas, la tentative qui vise l’assassinat de ‘’Joseph Kabila’’comme dans le second, le complot contre le même ‘’Kabila’’ et son premier ministre Matata Ponyo, la bêtise est telle que la mise en scène saute aux yeux et le montage grossier prête à sourire.
Une tentative de coup d’état n’est pas une soirée comique. C’est un fait grave dont la matérialisation exige des moyens opérationnels appropriés. Mais, plus, c’est une affaire qui est généralement pensée et portée par une organisation ou un groupe bien structuré.Ce n’est pas le premier citoyen lambda que l’on rencontre au bout du coin qui l’imagine.
Mais, pour se convaincre des complots auxquels personne ne croie, le ministre de l’intérieur, véritable maître d’œuvre de ce cirque, a fait son show. Dans l’affaire Kanku, il a présenté à la presse des armes moyenâgeuses trouvées dans un hôtel qui, selon lui, devaient servir à éliminer son patron. Des armes qui, à voir l’état de détérioration,ne peuvent crépiter que par miracle. Mais le comble est à venir…
Dans la seconde tentative d’assassinat de ‘’Kabila’’ et de son premier ministre, la comédie est tout simplement débordante. Des bouteilles de bière et de soda vides, des bouteilles en plastique d’eau minérale et une machette. Surréaliste! Mais, pour le pouvoir de Kinshasa, l’occasion est belle. Surtout quand, en plus de ces objets qui n’ont de place que dans une poubelle, on peut aligner 13 supposés conjurés.
Assassiner avec desc ocktails Molotov un président qui circule avec une armée ambulante, je ne sais pas où on a été cherché l’idée mais surtout qui a écrit le scénario. Même les 13 conjurés, à moins qu’ils soient des Kamikazes, ne suffisent pas pour étayer la thèse d’une attaque. Policiers ou militaires, que peuvent-ils face à l’impressionnante armada militaire qui suit »Kabila » partout ?
Du coup, l’on se demande que cache cette phobie du coup d’état. Est-ce un début de panique ou une stratégie de dissuasion ? Les deux hypothèses se valent mais la seconde est plus plausible.Kabila a de sérieux mobiles de procéder par cette dernière stratégie pour déstabiliser l’opposition congolaise qui ne rêve que d’occasion pour ‘’le renvoyer chez lui au Rwanda’’ comme dans la chanson.
Un expert en stratégies militaires pense que Kabila n’agit pas pour rien. ‘’Les services doivent disposer d’e certaines informations sur d’éventuelles tentatives d’assassinat et de coup d’état, mais comme ils n’ont pas tous les éléments, ils font dans la prévention’’, soutient-il. A Kinshasa, la grogne est intense! Les rigueurs de la vie sont telles que personne ne peut prévoir le ras-le-bol susceptible de tout emporter.
Pour le régime aux abois, la stratégie du pompier-pyromane semble donc celle choisie pour essayer de contenir un vent de contestations qui souffle de plus en plus dans le pays et sur l’ensemble du territoire. Lubumbashi a été un thermomètre avec l’éruption ‘’Maï Maï Bakata’’. Mais,seulement, cette stratégie n’est pas sans danger. Car, à force de tirer sur la corde raide, elle finit toujours par se casser.
L’autre soupçon, tout aussi fondé, est la volonté que l’on prête à Kabila de vouloir mettre à l’étroit l’opposition,notamment Tshisekedi dont la revendication de la volonté des urnes indispose. Et, comme Diomi Ndongala passe aujourd’hui pour le bras droit du leader de l’UDPS,un subterfuge pour le mettre hors jeu s’explique et explique la gaucherie qui a caractérise son arrestation et un complot sorti droit de la cuisse de Jupiter.
Finalement, quelle lecture tirée de cette psychose qui règne à Kinshasa? Assurément, rien de bon. Le dictateur Kabila vient là de lancer un nouveau défi au peuple congolais après avoir biaisé les résultats des urnes. Mais, contrairement au culot électoral, l’abus est trop flagrant pour ne pas occasionner des dégâts. Et, dans cette nouvelle épreuve, il n’est pas certain que le vainqueur sera le même.




