Le pari de Kabila dans l’incertitude /LLB – MARIE FRANCE CROS
Le pari de Kabila dans l’incertitude
Marie-France Cros Publié le mercredi 04 septembre 2013 à 08h08 – Mis à jour le mercredi 04 septembre 2013 à 09h27

International Ses « concertations nationales » – retardées – peinent à convaincre.
surtout, une résolution 2098 du Conseil de Sécurité qui, en son point 14, « demande au Représentant spécial pour la RDC », soit Martin Kobler, » de s’acquitter, au moyen de ses bons offices » de diverses tâches, dont, au point b, « promouvoir un dialogue politique transparent et sans exclusive entre toutes les parties prenantes congolaises en vue de favoriser la réconciliation et la démocratisation et encourager l’organisation d’élections provinciales et locales crédibles et transparentes ». Aux yeux de l’opposition, les « concertations nationales » ne répondent donc pas aux recommandations du Conseil de sécurité, puisqu’elles sont organisées par le chef de l’Etat et non par une personnalité neutre de l’Onu. Elle a par conséquent refusé de « participer à un simulacre de dialogue qui pren drait la forme d’un congrès (…) de la majorité présidentielle« .
3. Les tractations. La réunion serait donc nulle et non avenue, si l’on ne tenait compte des très particulières moeurs politiques congolaises. Le président du Sénat, Léon Kengo, chargé, avec son homologue de l’Assemblée nationale, de baliser les « concertations nationales » pour le chef de l’Etat, a en effet annoncé qu’elles avaient pour but de trouver une majorité présidentielle « plus large » – donc de recruter ailleurs – et qu’un nouveau gouvernement en sortirait. Du coup, le forum a commencé à attirer les candidats ministres ou patrons d’entreprises du Portefeuille et tout un monde qualifié par l’opinion de « perdiemistes » (amateurs du per diem des congressistes). Aussi, peu d’observateurs kinois ont-ils cru à la raison officielle du report, annoncé mardi matin, de l’ouverture du forum, de ce 4 au 7 septembre: l’agenda du président Kabila, « qui doit ouvrir une réunion » internationale à Kampala, le jeudi 5, consacrée au Congo. Le chef de l’Etat ne pouvait-il, en effet, être présent le 4 à Kinshasa pour ouvrir ses concertations nationales et le 5 à Kampala? Quelques heures après ce report, toutefois, une fraction du parti de Jean-Pierre Bemba annonçait soudainement sa participation aux « concertations nationales« , refusée jusque-là. Cela suffira-t-il à crédibiliser ce forum ? 4. Les supputations. Elles sont de deux ordres. Les fins connaisseurs de la vie politique kinoise font observer que la Conférence nationale aussi avait commencé dans le désordre, les refus et la confusion, pour donner lieu, ensuite, à un véritable séisme politique. Par ailleurs, l’opposition et les défenseurs des droits de l’homme congolais redoutent que le forum serve surtout au président Kabila à échanger des postes contre une modification de la Constitution – pourtant formellement interdite sur ce point – destinée à lui octroyer le droit de briguer un troisième mandat. Une tentative de ce genre avait eu lieu en mars-avril 2009, rapidement tuée dans l’oeuf en raison de l’émoi qu’elle avait suscité. Mais le secrétaire général du parti présidentiel, Evariste Boshab, a publié en juin dernier un livre plaidant pour cette révision constitutionnelle. ONG, partis d’opposition, professeurs de droit et même l’Eglise catholique se sont prononcés contre ce projet. M. Boshab a affirmé que son parti ne réclamait pas cette modification – sans rassurer: bien que l’opposition le lui ait plusieurs fois demandé, pour participer à ses concertations nationales, le chef de l’Etat n’a jamais voulu promettre qu’il n’était aucunement question de modifier la Constitution en ce sens.




