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Eugène DIOMI NDONGALA : Le dernier de mohicans !/CONGOINDEPENDANT

Eugène DIOMI NDONGALA : Le dernier de mohicans !

28/12/2012 16:59:00KongoTimes!
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Eugène Diomi Ndongala et Etienne Tshisekedi

 

Le pouvoir kabiliste tente d’isoler davantage Tshisekedi et surtout de faire taire le « dernier de mohicans » qui lui sert de « porte-voix ». Et si Diomi était victime d’une cabale politico-judiciaire?

En partance pour Brazzaville, vendredi 28 décembre, le député national Eugène Diomi Ndongala, président de la Démocratie chrétienne (DC), a été arrêté, aux alentours de 13 heures, par des agents de l’Agence nationale de renseignements (ANR) agissant «sur ordre de la haute hiérarchie». Proche d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, Diomi a été retenu durant plusieurs heures dans un local de l’ANR au Beach Ngobila. Il aurait été relâché sans connaître le motif de cette arrestation « temporaire ». Il lui est cependant interdit de quitter le territoire national. Un cas d’excès de pouvoir.

Interdiction de quitter le pays

Kinshasa. Vendredi 28 décembre. Il est environ 13 h00 lorsque l’opposant politique Eugène Diomi Ndongala se présente à la débarcadère du Beach Ngobila. Il doit prendre le bateau faisant la navette, au quotidien, entre Kinshasa et Brazzaville. Le voyage n’aura pas lieu. C’est en ce moment que des agents de l’ANR l’ont invité à les suivre dans un bureau. On apprenait dans la soirée que Diomi aurait été relâché vers 19h00. «Il lui a été signifié l’interdiction de quitter le territoire national», a déclaré Rigobert Kuta, chargé des relations extérieures du cartel pro-Tshisekedi dit «Majorité présidentielle populaire». Qui a ordonné l’interpellation de ce membre de l’opposition? Pourquoi ?

A en croire les agents de l’ANR dont question, ils agissaient «sur ordre de la haute hiérarchie». Rien de bien étonnant quand on connaît les méthodes usitées par les «hommes» de Kalev Mutond. Des méthodes qui n’ont rien à envier à celles d’une police politique qui échappe à tout contrôle tant démocratique que judiciaire. Cette police ne rend compte qu’à un seul homme : «Joseph Kabila». Pendant plusieurs heures, Diomi a été privé de la liberté locomotrice sans qu’un fonctionnaire daigne lui notifier les motifs de cette décision. Il a été relâché dans les mêmes conditions en apprenant cependant qu’il lui est désormais interdit de quitter le territoire national. Au nom de quel principe? Inimaginable dans un Etat affublé de l’épithète «démocratique» où le pluralisme politique est pourtant consacré par la Constitution. Etrangement, les membres de l’opposition continuent à être traités comme de minables «agents subversifs».

«Président élu»

Pour comprendre les ennuis de Diomi Ndongala, il n’est pas sans intérêt de remonter aux élections législatives et présidentielle du 28 novembre 2011. Des consultations politiques chahutées par les observateurs tant nationaux qu’internationaux. Ceux-ci ont dénoncé les irrégularités – c’est un euphémisme – qui ont entaché les opérations électorales. Diomi fait partie de la grande majorité de la population qui croît dur comme fer que le scrutin présidentiel a été remporté par Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Autrement dit, «Joseph Kabila» ne serait qu’un usurpateur. Il se maintient à la tête de l’Etat par la force des armes et surtout par «défi».

Elu député national du district kinois de la Funa lors des législatives précitées, Diomi a rejoint le «front du refus» en refusant de siéger dans la nouvelle Assemblée nationale. Doté d’un bagou indéniable, l’homme est devenu au fil du temps, le dernier «soutien politique» du leader de l’UDPS dont il n’hésite pas à gratifier du titre de «Président élu». Au grand dam du «clan kabiliste». Dès le lendemain des élections, le président de la DC s’est radicalisé. Rien d’étonnant qu’il soirt dans le «viseur» des sbires du « raïs ».

Le 20 décembre 2011, «Joseph Kabila» organise la cérémonie de son investiture à la Cité de l’Union Africaine. Une manifestation «honorée» par la présence d’un seul chef d’Etat : le Zimbabwéen Robert Mugabe. C’est le début d’un isolément diplomatique qui ne dit pas son nom. Quarante-huit heures après, Etienne Tshisekedi wa Mulumba – qui revendique la victoire à l’élection présidentielle – commettait la maladresse de prêter serment, à son tour, en qualité de «Président élu» brouillant davantage son image. La cérémonie a lieu en sa résidence à Limete. Le bras de fer est aussi déclenché. Disposant de l’appareil d’Etat, «Joseph» fait déployer, dès janvier 2012, des éléments de la garde présidentielle dans le périmètre où se trouve la résidence de son challenger. Le leader de l’UDPS est ainsi « assigné en résidence » de facto. Chaque sortie doit faire l’objet d’une autorisation donnée par le patron de la police, Charles Bisengimana.

Après le déclenchement de la guerre entre les FARDC et les rebelles du M23, Diomi Ndongala décide d’organiser le samedi 23 juin dernier un office religieux «pour soutenir» les forces loyalistes déployées au Nord Kivu. En guise de «Guest star», Tshisekedi – qui était manifestement filé par les «agents» – a fait une entrée triomphale dans la Cathédrale Notre Dame à Lingwala. Il semble que c’est au cours de cette «réunion politioco-religieuse» qu’a germé l’idée de «formaliser» l’existence d’un cartel politique pro-Tshisekedi dénommé

«Majorité présidentielle populaire» (MPP); à ne pas confondre avec la «Majorité présidentielle» (MP) qui soutient «Joseph Kabila». La cérémonie de signature de la charte était fixée à mercredi 27 juin au même endroit.

«Cabale politico-judiciaire? »

Le même mercredi, une nouvelle se répand comme une traînée de poudre : «Diomi Ndongala a été enlevé!». Un mystère planait sur le service ayant diligenté l’arrestation et le lieu de détention. «Il devait présider la cérémonie de signature de la «charte» de la «MPP». Le 17 juillet, le très sectaire procureur général de la République, Flory Kabange Numbi, adressait un réquisitoire au président de l’Assemblée nationale, le PPRD Aubin Minaku, lui demandant la levée de l’immunité parlementaire du député national Diomi Ndongala. Et ce «en vue de permettre d’exercer des poursuites judiciaires à sa charge devant la juridiction compétente du chef de viol (…)». Qui a arrêté l’opposant Diomi ? La question est restée longtemps sans réponse.

Dans un communiqué daté du 8 août 2012, l’association de défense des droits humains «La Voix des Sans Voix» (VSV) écrivait notamment que «M. Diomi Ndongala aurait été initialement détenu au Bureau II de la garde républicaine avant d’être transféré au cachot de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR), département de sécurité intérieure dans une cellule de «haute sécurité». Coup de théâtre. Le 11 octobre dernier, Diomi fait sa réapparition. Le visage est envahi par une barbe digne d’un combattant « taliban ». Il a été déposé par des «inconnus» à quelques mètres du Centre supérieur militaire dans la commune de Ngaliema.

Samedi 22 décembre, Diomi a fait partie des invités de marque à l’occasion de la commémoration du quatre-vingtième anniversaire d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Il semble que le président de la DC aurait, comme à son habitude, clamé haut et fort que «Tshi-Tshi» est et reste le «Président élu». «Le pouvoir se livre à un forcing pour obtenir la levée de l’immunité parlementaire de Diomi, confie Rigobert Kuta. On assiste à un véritablement acharnement. C’est bien dommage de constater que la solidarité fait défaut au sein des parlementaires de l’opposition». Notons que Diomi n’a jamais accepté de siéger dans la nouvelle Représentation nationale. En s’en prenant à lui, le pouvoir kabiliste tente d’isoler davantage Tshisekedi et surtout de faire taire le « dernier de mohicans » qui lui sert de « porte-voix ». Et si Diomi était victime d’une cabale politico-judiciaire?

[B.A.W/Congoindépendant]

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