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UNE VISION ECONOMIQUE ALTERNATIVE POUR LA RDC

En tant qu’analyste économique, je propose une vision alternative pour l’économie de la RDC en 2025/2026, face aux orientations du gouvernement Suminwa II, remanié le 8 août 2025.

Ce cabinet, par ses choix économiques dernièrement réitérées, met l’accent, encore une fois, sur une hausse des dépenses publiques, une centralisation accrue, des subventions sur les produits de base, un salaire minimum interprofessionnel garanti et des investissements dans des infrastructures socioéconomiques essentielles, tout en visant une expansion budgétaire pour affronter les défis sociaux (vision économique des actuels animateurs de l’exécutif, en matière économique).

Pourtant, ces choix risquent d’alourdir une dette extérieure d’environ 12 milliards de dollars et d’ignorer le secteur privé, dans un paysage marqué par l’inflation et un chômage touchant plus de 60 % de la population active.

Au lieu de cela, imaginons un programme hybride, où l’État joue un rôle de régulateur avisé, favorisant des partenariats public-privé dynamiques et des investissements productifs pour une croissance inclusive et résiliente.

Inspiré des succès du Kenya, de l’Éthiopie, ce cadre s’articule autour de cinq axes interconnectés, formant un récit cohérent de transformation : de la réforme fiscale à la stabilité géopolitique, en passant par le capital humain et la réduction du chômage, les infrastructures durables et une gouvernance moderne.

Commençons par la réforme fiscale et budgétaire, qui doit éviter l’expansion incontrôlée des dépenses pour privilégier une approche inclusive et incitative.

Plutôt que de doubler le budget sans garde-fous, risquant une inflation galopante, créons un fonds souverain dédié aux richesses minières, sur le modèle norvégien, en y affectant 20 % des revenus extractifs pour des placements durables en éducation, santé et infrastructures – visant à accumuler 5 milliards de dollars d’ici 2030.

Parallèlement, réduisons de 30 % les subventions non ciblées sur les denrées essentielles, tout en allégeant la fiscalité des PME à 15 % pour celles employant plus de 50 personnes. Limitons le déficit budgétaire à 3 % du PIB en 2026, via des emprunts sélectifs auprès d’organismes comme la Banque Mondiale.

Cette fondation solide pave la voie au développement du capital humain, où l’investissement massif dans la formation remplace la négligence actuelle envers la question cruciale du chômage structurel en RDC.

Ainsi, pour créer un million d’emplois d’ici 2028, lançons un vaste programme de formation en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques pour 20 millions de jeunes, financé par 10 % du budget éducatif issu des taxes minières et enrichi de partenariats avec des universités mondiales.

Complétons cela par des zones économiques spéciales dans les bassins agricoles et miniers, offrant des exonérations fiscales de cinq ans aux entreprises privées, afin de moderniser l’agriculture et accroître les rendements de 40 % via des outils de traçabilité.

L’objectif ? Ramener le chômage de 60 % à 40 % d’ici 2027.

Cette énergie humaine nourrit alors les infrastructures productives, où nous délaissons les projets improductifs – tels que des centres financiers surdimensionnés ou des arénas luxueuses – pour des hubs d’innovation agricole et des parcs industriels verts, financés par des partenariats public-privé.

En parallèle, l’agroforesterie durable recevrait 15 % du budget infrastructure, avec des subventions pour les coopératives paysannes et des audits indépendants pour garantir des retours sur investissement, boostant la contribution des infrastructures au PIB de 2 % annuellement. Ce flux productif s’appuie sur une gouvernance digitale agile, qui brise la centralisation bureaucratique héritée du passé en décentralisant via une plateforme nationale inspirée de l’Estonie : un suivi en temps réel des dépenses publiques, réduisant les fuites de 40 %, et un transfert de 40% de rétrocessions aux provinces pour des initiatives locales.

Résultat visé ? Une amélioration de 10 points sur l’indice de corruption d’ici 2027, attirant 5 milliards de dollars d’investissements étrangers par an.

Enfin, pour boucler ce cercle vertueux, intégrons la stabilité géopolitique en transformant les conflits en Ituri et au Kivu – qui absorbent 40 % du budget militaire – en accords de paix.

Ce programme n’est pas une chimère ; c’est un récit actionnable, ancré dans des évaluations annuelles indépendantes et un engagement multipartite, qui propulserait la RDC vers une souveraineté économique authentique.

En l’adoptant, nous ne stabiliserions pas seulement l’économie : nous la réinventerions en un moteur continental d’opportunités pour l’Afrique et pour les congolais.

Eugène Diomi Ndongala,

Ancien Ministre de l’Economie,

Démocratie Chrétienne

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