L’Unité, Notre Force

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Analyse Politique : L’Inopportunité du Fédéralisme en République Démocratique du Congo, en ce moment de son histoire.
Mes chers compatriotes,
J’aimerai partager une réflexion profonde sur un sujet qui touche au cœur de notre avenir commun : le fédéralisme. Certains le présentent comme une solution à tous nos maux, une promesse d’autonomie et de prospérité pour nos provinces.
Mais, en scrutant notre passé, notre cadre juridique et les défis qui nous assaillent aujourd’hui, je suis convaincu que le fédéralisme, en ce moment précis de notre histoire, serait une erreur.
Permettez-moi de vous rappeler pourquoi, avec la clarté d’un fils du Congo qui porte en lui l’amour de son peuple et la mémoire de ses luttes.
Une Histoire qui Nous Enseigne l’Unité
L’histoire de notre pays est une fresque vibrante, mais aussi douloureuse. Souvenez-vous des premières heures de notre indépendance en 1960. À peine avions-nous arraché notre liberté que des vents de division ont soufflé sur nous. Le Katanga, gorgé de richesses minières, et le Sud-Kasaï ont tenté de faire sécession, plongeant notre jeune nation dans le chaos. Ces blessures, portées par des ambitions économiques et des rivalités ethniques, ont failli nous briser. Ce n’est que par la ténacité de notre peuple et le soutien international que nous avons ramené ces terres dans le giron national. Mais les échos de ces jours sombres résonnent encore.
Puis vint l’ère Mobutu, avec son pouvoir centralisé à l’extrême. Si ce régime a eu ses défauts, il a gravé dans notre esprit une vérité : la dispersion du pouvoir peut réveiller des fantômes que nous avons eu tant de mal à apaiser. Les guerres des années 1990 et 2000, attisées par des voisins aux agendas troubles, ont encore prouvé que notre survie dépend de notre capacité à rester unis.
Chaque fois que nous avons vacillé, c’est l’unité qui nous a sauvés.
Le fédéralisme, avec ses promesses d’autonomie, pourrait rouvrir ces vieilles plaies au lieu de les guérir.
Une Constitution, Gardienne de Notre Cohésion
Regardez maintenant notre Constitution, adoptée par referendum en 2005 par la voix de millions de Congolais. Elle n’est pas un simple texte ; elle est le reflet de notre volonté collective.
En choisissant un État unitaire doté d’une décentralisation mesurée, nous avons dit non à la fragmentation. Ce choix n’est pas un caprice : il est né de notre histoire, de nos luttes, de notre désir de ne plus jamais voir une province se dresser contre une autre.
Cette Constitution nous donne les bases juridiques pour gérer nos richesses – le cobalt, le cuivre, l’or – comme un bien national, pas comme un trésor à diviser. Les provinces conservent 40 % des revenus de leurs ressources et un fonds d’égalisation en redistribue 10 % aux régions moins favorisées. C’est un équilibre, fragile – surtout parce que inappliqué correctement à ce jour – mais essentiel, qui reconnaît nos différences sans nous déchirer.
Passer directement au fédéralisme aujourd’hui, c’est risquer de briser cet accord, de donner aux provinces riches un prétexte pour se replier sur elles-mêmes, laissant les autres dans l’ombre.
Un Présent qui Réclame la Solidarité
Et qu’en est-il de notre réalité actuelle ? Dans l’est, au Nord-Kivu, au Sud-Kivu, en Ituri, des groupes armés exploitent nos failles. Ils s’appuient sur des tensions ethniques, des rivalités régionales, souvent avec la complicité de mains étrangères.
Leur force naît de notre désunion.
Un système fédéral, en octroyant plus de pouvoir aux provinces,- qui seraient des états, selon le système fédéral – pourrait transformer ces fractures en gouffres. Nos forces de l’ordre, parfois indisciplinées, pourraient devenir des milices locales, et nos 200 langues, notre fierté, pourraient servir à dresser des murs au lieu de tisser des ponts.
Notre gouvernement central, je le reconnais, n’est pas parfait. La corruption ronge encore trop de nos institutions et la gouvernance reste un défi. Mais c’est précisément pour cela que le fédéralisme est dangereux aujourd’hui.
Sans une autorité centrale forte et réformée, comment superviser un système aussi complexe ? Nos provinces ne sont pas encore prêtes à assumer une autonomie totale (en tant qu’états) sans risquer de sombrer dans des luttes intestines. Et pourtant, je vois dans les yeux de notre peuple une aspiration commune : rester ensemble.
Le referendum constitutionnel de 2006 l’a montré – les grandes voix politiques ont plébiscité l’unité, reléguant le fédéralisme aux marges.
Un Horizon d’Unité et de Progrès
Je ne suis pas sourd aux cris de ceux qui veulent plus de contrôle sur leurs terres et leurs ressources. Je comprends ce désir, cette soif de justice. Mais le fédéralisme n’est pas la réponse, pas maintenant.
Ce qu’il nous faut, c’est renforcer ce que nous avons : un État unitaire qui décentralise avec sagesse, qui combat la corruption, qui bâtit des routes et des écoles pour relier nos provinces, pas pour les séparer. Notre diversité – Lingala, Swahili, Kikongo, Tshiluba – est un chant qui doit nous unir, pas nous disperser.
En somme, mes frères et sœurs, le fédéralisme est une idée séduisante, mais inopportune.
Notre passé nous met en garde, notre Constitution nous guide, et nos défis actuels nous demandent de rester solidaires. Certes, le débat est toujours possible, mais le moment est certainement mal chosi pour ce type de débat.
Je vous appelle à rejeter la tentation de la division et à embrasser une vision où chaque Congolais, de Kinshasa à Goma, de Lubumbashi à Kisangani, se sent chez lui. Ensemble, nous pouvons surmonter les tempêtes, bâtir un avenir stable et prospère, et prouver au monde que le Congo est plus fort uni.
Eugène DIOMI NDONGALA




