UNE LUEUR D’ESPOIR POUR LA PAIX : MON ANALYSE DE L’ACCORD DE WASHINGTON

En tant que congolais profondément attaché à l’avenir de notre nation, je ne peux qu’accueillir avec un optimisme prudent mais sincère la signature de la Déclaration de Principes entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, survenue le 25 avril 2025 à Washington, sous les auspices du secrétaire d’État américain Marco Rubio.
Cet accord, paraphé par les ministres des affaires étrangères respectifs, représente une étape décisive dans notre quête de paix et de prospérité, après des décennies de tensions et de souffrances dans l’est de notre pays. Permettez-moi de vous emmener dans une réflexion sur ce que cet accord signifie pour nous, Congolais et pourquoi je le vois comme une opportunité historique.
UN CONTEXTE DE DOULEUR, UNE OUVERTURE VERS LA RECONCILIATION
Nous, Congolais, savons trop bien ce que signifie vivre dans l’ombre d’un conflit interminable. L’est de la RDC – nos provinces du Nord et du Sud-Kivu – est un théâtre de violences où des groupes armés comme le M23/AFC, souvent pointés du doigt pour leurs liens controversés avec le Rwanda, ont semé la désolation. Des millions de nos frères et sœurs ont été déplacés, des familles déchirées, et nos richesses pillées dans une lutte acharnée pour le contrôle des ressources. Pendant longtemps, les relations avec notre voisin rwandais ont été marquées par la méfiance, alimentée par des accusations mutuelles et des trêves fragiles qui s’effondraient aussi vite qu’elles étaient signées.
Mais aujourd’hui, je vois dans cet accord un tournant, une volonté partagée de briser ce cycle infernal.
Ce qui me frappe dans cette Déclaration de Principes, c’est son ambition de s’attaquer aux racines mêmes du conflit. Lorsque j’ai lu les engagements pris – reconnaissance mutuelle de notre souveraineté, cessation du soutien aux groupes armés, coopération sécuritaire – j’y ai vu un message clair : nos deux nations veulent écrire une nouvelle page.
Le fait que cet accord ait été signé à Washington, avec le soutien des États-Unis, renforce ma conviction qu’il ne s’agit pas d’une simple poignée de main symbolique, mais d’un projet porté par une dynamique internationale qui nous dépasse et nous oblige à réussir.
LES PROMESSES D’UN AVENIR MEILLEUR
Ce qui me rend particulièrement optimiste, c’est la portée concrète de cet accord. D’abord, sur le plan sécuritaire, l’engagement à mettre fin au soutien aux groupes armés et à explorer un mécanisme conjoint de coordination est une avancée majeure. Imaginez un instant : si le Rwanda et la RDC unissent leurs efforts pour pacifier nos frontières, le M23/AFC et autres milices perdront leur oxygène. Cela signifie moins de fusils dans nos villages, moins de peur pour nos enfants, moins de morts. Le soutien à la MONUSCO,la mission de paix de l’ONU en RDC, est également une garantie que la communauté internationale restera à nos côtés pour veiller à ce que ces promesses se traduisent en actes concrets.
Mais cet accord ne se limite pas à la sécurité. Il porte en lui une vision économique qui pourrait transformer notre région. En tant que Congolais, nous savons que nos sols regorgent de richesses minières : cobalt, lithium mais aussi un grand potentiel hydroélectrique.
Pendant trop longtemps, ces richesses ont été une malédiction, attisant les convoitises et les conflits.
Aujourd’hui, l’accord parle d’intégration économique, avec des investissements américains dans ces secteurs clés.
Cela pourrait signifier des emplois pour notre jeunesse, des infrastructures pour nos communautés et une coopération avec le Rwanda qui remplacerait la compétition par la complémentarité.
Je vois là une chance de faire de l’est de la RDC un moteur de développement, et non plus un champ de bataille.
Et puis, il y a l’aspect humain, qui me touche au plus profond. L’engagement à faciliter le retour sûr de nos réfugiés et de nos déplacés internes, avec le soutien de l’ONU, est une promesse de dignité. Combien de familles pourront rentrer chez elles, reconstruire leurs vies, retrouver leurs terres ? Cet accord ne parle pas seulement de politique ou d’économie ; il parle de guérir les blessures de notre peuple.
UNE FEUILLE DE ROUTE AMBITIEUSE
Je dois saluer le calendrier fixé : d’ici le 2 mai 2025, nos deux pays doivent rédiger un accord de paix complet, avec une réunion à Washington pour aplanir les différends.
C’est exactement ce que j’avais envisagé dans ma réflexion, publiée en mai 2024, intitulé « Donnons une chance à la paix », dans laquelle je soulignait la nécessité de la signature d’un accord de droit international entre RDC et Rwanda, en parallèle avec un dialogue interne, entre congolais. Cette urgence dans la signature de l’ Accord de Droit internationale, montre que nous ne nous contentons pas de mots vagues ; nous voulons des résultats tangibles. Oui, des défis subsistent – la confiance ne se décrète pas, et la mise en œuvre demandera de la vigilance. Mais je refuse de laisser le pessimisme obscurcir cette lueur d’espoir. Avec la médiation américaine, le soutien de l’Union africaine, et les efforts régionaux comme le Processus de Luanda ou de Nairobi, réunifiés dans le processus piloté par la SADC-EAC, nous avons un cadre solide pour avancer.
POURQUOI J’Y CROIS
Certains diront que des accords comme celui-ci ont échoué par le passé, que la méfiance est trop profonde, que les groupes armés ne disparaîtront pas du jour au lendemain.
Je l’entends et je ne suis pas naïf. Mais en tant que homme politique congolais, je choisis de voir le verre à moitié plein.
Cet accord n’est pas une fin en soi, mais un début – un point de départ pour reconstruire nos relations avec le Rwanda, stabiliser notre pays et offrir à notre peuple la paix qu’il mérite. L’implication des États-Unis, avec leurs ressources et leur influence, est un atout précieux.
Si nous, leaders congolais, saisissons cette opportunité avec sérieux, si nous travaillons main dans la main avec nos partenaires, alors je suis convaincu que nous pouvons transformer cette Déclaration de Principes en une paix durable.
En conclusion, je veux dire à mes compatriotes : cet accord est une chance. Il nous donne les outils pour apaiser les armes, relancer notre économie et ramener nos familles chez elles.
À nous de faire en sorte qu’il ne reste pas une belle parole sur le papier, mais devienne le socle d’un avenir meilleur pour la RDC.
Oui, les obstacles sont là, mais l’espoir l’est aussi et c’est cet espoir que je choisis de porter.
EUGENE DIOMI NDONGALA
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Le texte intégral de la Déclaration de Principes de Washington :
« Donnons une chance à la paix !
24/05/2024″




