LE MIRAGE DE LA LIBERATION : UNE ANALYSE CRITIQUE DE L’HERITAGE DE L’AFDL, 28 ANS APRES

Chers compatriotes,
Vingt-huit ans se sont écoulés depuis ce 17 mai 1997, jour où l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL), sous la houlette de Laurent-Désiré Kabila, est entrée à Kinshasa, renversant le régime despotique de Mobutu Sese Seko. Ce moment, célébré par beaucoup comme une délivrance, devait marquer l’aube d’un Congo nouveau, libéré des chaînes de la dictature et de la kleptocratie. Mais aujourd’hui, en tant que Congolais, nous devons avoir le courage d’avouer une vérité amère : l’aventure de l’AFDL n’a pas été une libération, mais une tragédie nationale, un piège géopolitique qui a plongé notre pays dans un abîme dont nous peinons encore à sortir.Permettez-moi, avec le recul de ces 28 années, de dresser un réquisitoire contre cette entreprise qui a trahi les espoirs de notre peuple.
UNE VICTOIRE SOUS TUTELLE ETRANGERE : LA SOUVERAINETE VOLEE
Lorsque les troupes de l’AFDL ont foulé le sol de Kinshasa, nous avons cru à une victoire congolaise. Mais quelle illusion ! L’AFDL n’était pas l’émanation de la volonté populaire, mais un instrument entre les mains de puissances étrangères, notamment le Rwanda et l’Ouganda ; comme l’avait si bien dit Laurent Désiré Kabilal’ AFDL ne fut qu’un « conglomérat d’aventuriers », certainement pas des libérateurs. Paul Kagame et Yoweri Museveni, sous couvert de combattre les milices hutu, ont orchestré une invasion déguisée, utilisant LD Kabila comme une marionnette pour servir leurs intérêts. Nos terres, nos richesses, notre avenir ont été mis sous tutelle.
Dès le premier jour, la souveraineté de la RDC a été bafouée, notre indépendance sacrifiée sur l’autel des ambitions régionales. Ce n’était pas une révolution, mais une occupation masquée et les cicatrices de cette trahison saignent encore dans l’est de notre pays.
LE SANG DES INNOCENTS : UN PRIX INACCEPTABLE
La marche de l’AFDL vers Kinshasa n’a pas été un triomphe pacifique, mais un chemin jonché de cadavres. Des dizaines de milliers de nos compatriotes, notamment dans l’est, ont été massacrés. Les réfugiés hutu rwandais, mais aussi des Congolais innocents, ont payé de leur vie cette prétendue « libération ».
D’ailleurs, les massacres comme celui de Tingi-Tingi (imputé à un certain « commandant Hyppo », fils putatif de LD Kabila) sont restés dans l’histoire de ce pays. Les rapports des Nations Unies, bien que trop longtemps ignorés, témoignent de ces atrocités. Ces crimes, commis au nom de la liberté, ont entaché à jamais la légitimité de ce mouvement. Nous, Congolais, ne pouvons accepter qu’un changement bâti sur le sang des nôtres soit célébré comme une victoire.
UN ESPOIR TRAHI : LA DICTATURE REMPLACE LA DICTATURE
Nous avions rêvé d’un Congo démocratique, d’un État de droit où chaque citoyen aurait voix au chapitre. Mais qu’a fait Laurent-Désiré Kabila ? Il a troqué la dictature de Mobutu pour un régime autoritaire, d’inspiration des comités de pouvoir populaire Libyens et Nord-Coréens, muselant l’opposition, marginalisant ses propres alliés et trahissant les idéaux de justice et s’opposant à toute forme de démocratie pluraliste et représentative. Les institutions, au lieu d’être reconstruites, sont restées des coquilles vides, soumises aux caprices d’un pouvoir centralisé qui travaillé sans l’adoption d’une Constitution. Vingt-huit ans après, nous constatons avec douleur que les germes de l’autoritarisme semés par l’AFDL continuent encore de gangrener notre pays.
Ne jamais oublier le contenu de l’art. 1 des Statuts des l’AFDL qui disait ceci « le sol et le sous-sol appartiennent à l’AFDL» : tout un programme de pillage et soumission de la souveraineté du peuple congolais.
LE PILLAGE DE NOS RICHESSES : UN VIOL ECONOMIQUE
Le Congo, avec ses immenses ressources naturelles, aurait dû devenir une puissance africaine. Mais l’AFDL a ouvert la porte à un pillage systématique. Le Rwanda et l’Ouganda, nos prétendus « libérateurs », ont transformé l’est de notre pays en une zone de prédation, siphonnant l’or, le coltan, les diamants pour enrichir leurs économies. Pendant ce temps, notre peuple croupissait dans la pauvreté, sans écoles, sans hôpitaux, sans avenir.
Ce viol économique, initié sous l’égide de l’AFDL, a désarticulé notre nation, la livrant aux appétits voraces des multinationales et des voisins opportunistes.
Aujourd’hui encore, nos minerais financent des guerres, tandis que nos enfants manquent de tout.
LA DEUXIEME GUERRE DU CONGO : L’HERITAGE MAUDIT DE L’AFDL
Le pire héritage de l’AFDL fut sans doute la Deuxième Guerre du Congo, déclenchée en 1998, à peine un an après la prise de pouvoir. En tentant de s’émanciper de ses parrains rwandais et ougandais, LD Kabila a allumé la mèche d’un conflit qui a englouti toute la région.
Cette guerre, impliquant jusqu’à neuf pays voisins, a causé des millions de morts, des déplacements massifs et une destruction sans précédent. Elle a révélé la fragilité du pouvoir instauré par l’AFDL, incapable de protéger la nation.
Vingt-huit ans plus tard, l’est de la RDC reste un champ de bataille, où des groupes armés, les héritiers idéologiques de l’AFDL, continuent de semer la terreur.
Cet héritage maudit est une plaie ouverte dans le cœur de notre nation.
UNE SOCIETE FRACTUREE : LA DIVISION COMME LEGS
L’AFDL, par son caractère hétéroclite et son instrumentalisation des tensions ethniques, a brisé l’unité nationale. Cette fracture sociale, loin de se résorber, s’est aggravée au fil des ans. L’AFDL n’a pas uni le Congo ; elle l’a divisé, laissant derrière elle un peuple désorienté, incapable de se rassembler pour un destin commun.
UN APPEL A LA MEMOIRE ET A L’ACTION
Chers compatriotes, 28 ans après le 17 mai 1997, il est temps de regarder la vérité en face : l’AFDL n’a pas libéré le Congo, elle l’a enchaîné à de nouveaux maîtres, à de nouvelles souffrances.
Cette date, loin d’être un motif de célébration, doit être un moment de réflexion, un rappel de nos erreurs et de nos aspirations trahies.
Nous ne pouvons effacer le passé, mais nous pouvons en tirer des leçons. La RDC doit reconquérir sa souveraineté, mettre fin au pillage de ses ressources, reconstruire ses institutions et panser les blessures de son peuple.
En tant que Congolais, je vous appelle à rejeter l’héritage toxique et politique de l’AFDL et à œuvrer pour un Congo véritablement libre, où la justice, la démocratie et la prospérité ne seront pas de vains mots.
Vingt-huit ans après, le combat pour le développement de notre pays continue…
Eugène Diomi Ndongala,
17 mai 2025




