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Assemblée nationale : Des députés soudoyés pour approuver le Budget 2015?/ CONGOINDEPENDANT

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Assemblée nationale : Des députés soudoyés pour approuver le Budget 2015?


Palais du peuple, siège du Parlement du Congo-Kinshasa

A la surprise générale, l’Assemblée nationale congolaise a déclaré « recevable » le projet de loi des finances pour l’exercice 2015. Le vote a eu lieu mercredi 15 octobre. Le Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, a pu « convaincre » les députés nationaux lors du débat général sur ce projet de loi. Et pourtant, ces derniers exigeaient ardemment la « reddition préalable des comptes » du budget 2013 avant de se pencher sur celui de 2015. Selon des sources parlementaires proches de la « Majorité présidentielle » (MP), Matata a dû délier les cordons de la bourse pour « motiver » les « élus du peuple » à « laisser passer » son projet de loi de finances.

« Le budget 2015 a été voté. Le vote d’une loi cruciale est devenu une occasion pour les députés de faire chanter le Premier ministre. Ils doivent « manger ». La tradition a été respectée. L’argent a coulé à flots. Les présidents de groupe parlementaire et les députés les plus fougueux ont reçu respectivement 10.000 et 5.000 $ US. Chaque élu appartenant à la MP a perçu 2000 $ US. Ceux de l’opposition ont reçu 1.000 $ US chacun ». L’homme qui fait ce récit, sous l’anonymat, est un député national de la mouvance kabiliste. La main sur le cœur, il dit avoir voté « contre ».

Le « Premier » Matata a ainsi réussi son « coup », alors que plusieurs signes annonçaient un bras de fer entre lui et la Chambre basse. Les parlementaires avait littéralement « recalé » le ministre délégué aux Finances, Patrice Kitebi, lors de la présentation, jeudi 2 octobre, du projet de loi portant reddition des comptes de l’Etat pour l’exercice 2013. Des députés y avaient relevé certaines « anomalies ». Aussi, avaient-ils exigé l’examen préalable de ce projet de loi avant de passer à l’autre.

Au cours du débat général, des parlementaires émirent trois remarques majeures. D’abord, des « dépassements » dans l’exécution du budget. Ensuite, l’incapacité de mobilisation des recettes publiques par les régies financières. Enfin, le non-respect du délai de dépôt du projet de loi de reddition des comptes ainsi que la minorisation des ressources financières de l’Etat. S’agissant de ce dernier point, certains « élus » ont posé des questions sur la destination donnée à certaines recettes. C’est le cas notamment de la taxe d’un montant de 50$ US perçue par la RVA (Régie des voies aériennes) sur chaque voyageur en partance pour l’étranger et 10 $ US pour les vols « domestiques ». En privée, d’autres députés iront plus loin en suspectant, à tort ou à raison, « Joseph Kabila » de faire transférer des sommes importants tirées du Trésor congolais au profit de ses mentors à Kigali et à Kampala.

Des « arguments sonnants et trébuchants »

Le ministre Kitebi va souligner, sans convaincre, la « détermination du gouvernement d’œuvrer pour la meilleure gestion des ressources financières de l’Etat » dans l’intérêt de la communauté nationale.

Dans leur riposte, certains députés ont proposé ni plus ni moins que d’infliger des « sanctions » à l’encontre des agents publics « qui s’évertuent à minorer les recettes publiques et ceux qui commettent des fautes de gestion ».

Pour sauver le ministre Kitebi de cette mauvaise passe, le président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku – qui est également secrétaire général de la Majorité présidentielle – est intervenu, vendredi 3 octobre, en déclarant que des « recommandations seront faites au gouvernement en vue d’améliorer la gouvernance et la gestion des finances publiques en RDC dans le strict respect du budget voté par l’Assemblée nationale ». Le chemin était ainsi pavé pour permettre au Premier ministre Matata d’arracher le vote de son projet budgétaire pour l’exercice 2015. Et ce, en dépit du fait que les « honorables » n’aient pas obtenu les réponses du ministre délégué aux Finances à leurs « préoccupations ».

Lundi 13 octobre, le « Premier » est venu présenter l’économie du projet de son projet de loi des Finances 2015 d’un import de 9 milliards $ US. Selon lui, les principaux axes concernent des « secteurs prioritaires ». A savoir : la santé, l’éducation, les infrastructures de base et l’amélioration des conditions de vie de la population.

Lors du débat général qui s’en est suivi, des députés n’ont pas caché un certain scepticisme. Ils sont revenus à la charge en relevant non seulement « la modicité de l’enveloppe budgétaire et l’incapacité des mobilisations des recettes de l’Etat par les régies financières » mais aussi « la mauvaise répartition des ressources de l’Etat à travers le pays, particulièrement en faveur des milieux ruraux ».

Mercredi 16 octobre, Matata est revenu au Palais du peuple, tel Zorro, avec des « arguments sonnants et trébuchants ». Des billets verts ont changé des mains. Le projet de loi des finances pour 2015 est passé comme une lettre à la poste. « Il est préoccupant de constater que la majorité au pouvoir a fini par institutionnaliser la corruption des députés à chaque vote d’une loi cruciale pour le régime en place », conclut notre interlocuteur.

B.A.W (avec ACP)

http://www.congoindependant.com/article.php?articleid=9332

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