RDC. « Ils sont venus avec l’intention de faire du mal. » – Répression brutale de manifestations pacifiques /AMNESTY INTERNATIONAL

RDC. « Ils sont venus avec l’intention de faire du mal. » – Répression brutale de manifestations pacifiques
Au pouvoir depuis 2001, le président Joseph Kabila devait en 2016, après ses deux mandats, céder la place à son successeur, conformément à la Constitution. L’élection présidentielle devait se tenir en novembre 2016, mais les autorités n’ont toujours pas organisé des élections plus d’un an après. De surcroît, les mouvements de protestation contre le report des élections ne cessent d’être violemment réprimés par les forces de sécurité.
Le 31 décembre 2016, le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et les groupes d’opposition ont signé un accord politique sous la médiation des évêques catholiques, dans lequel le gouvernement devait organiser des élections avant décembre 2017 au plus tard. De surcroît, le gouvernement était censé mettre en œuvre des mesures permettant de rétablir la confiance, parmi lesquelles la libération de prisonniers politiques et la réouverture des médias de l’opposition. Mais les autorités de la RDC n’ont pas respecté cet accord.
Depuis décembre 2017, le Comité laïc de coordination, un groupe lié à l’Église catholique, organise des manifestations pacifiques une fois par mois, après la messe du dimanche, pour exiger la mise en œuvre de l’Accord du 31 décembre 2016.
L’absence de respect de l’accord par les autorités de la RDC et les prétextes évoqués pour reporter les élections sont considérés comme des manœuvres politiques pour que le président Kabila reste au pouvoir au-delà du délai des mandats prescrits par la Constitution.

En novembre 2017, le Comité laïc de coordination (CLC) de l’Église catholique a décidé d’organiser des manifestations pacifiques pour demander la mise en œuvre de l’Accord du 31 décembre 2016, qui est un processus visant à ouvrir la voie à la tenue de l’élection présidentielle. Des manifestations ont eu lieu le 31 décembre 2017 et les 21 janvier et 25 février 2018. Ces manifestations ont été violemment et systématiquement réprimées par les forces de sécurité. On dénombre 15 morts, des dizaines de blessés et de nombreuses arrestations arbitraires.

Les forces de sécurité ont été déployées devant les paroisses la veille des manifestations. Dans certains cas, elles ont empêché les paroissiens d’accéder à leur église.



Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles et utilisé du gaz lacrymogène sur des manifestants non armés. Dans de nombreux cas, les représentants des forces de sécurité n’ont pas cherché à dialoguer avec les manifestants pour essayer de comprendre les raisons de leur rassemblement conformément aux normes internationales en matière de maintien de l’ordre durant les manifestations. La police a également eu recours à des balles en caoutchouc, responsables de graves blessures.
Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur des manifestants pacifiques, tuant 15 personnes et blessant beaucoup d’autres. Jusqu’au moment de l’entretien avec Amnesty International qui a eu lieu en février, certaines victimes n’avaient toujours pas reçu de soins médicaux et avaient toujours des balles dans leur corps.


https://www.amnesty.org/fr/latest/campaigns/2018/05/brutal-repression-of-peaceful-protests-in-drc/