EUGENE DIOMI NDONGALA, ANCIEN MINISTRE DE L’ÉCONOMIE DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO, INTERVIEWE SUR LA PLANIFICATION DES INFRASTRUCTURES ET LA GESTION FINANCIERE A KINSHASA – ACP
DIOMI/ Bonjour et merci de me donner la parole. Je connais bien les défis de Kinshasa, une ville qui grandit à toute vitesse avec près de 17,8 millions d’habitants en 2025. Les embouteillages y sont un vrai problème quotidien, qui ralentit l’économie en faisant perdre du temps et de l’argent à tout le monde. Je vais répondre à vos questions de façon simple et directe, en mettant l’accent sur des solutions concrètes qui peuvent changer les choses.
ACP/En tant qu’ancien ministre de l’économie de la République démocratique du Congo, pouvez-vous donner votre avis sur la possibilité de financement des infrastructures à Kinshasa pour mettre un terme aux embouteillages qui freinent la mobilité urbaine ?
Bien sûr, et je suis convaincu que c’est possible et même urgent d’agir. Pensez-y : ces bouchons coûtent cher à la ville, jusqu’à un milliard de dollars par an en temps perdu et en essence gaspillée. Mais il y a de l’argent disponible si on sait où regarder et comment l’utiliser intelligemment.
D’abord, le budget du pays peut aider. En 2025, l’économie de la RDC devrait croître d’environ 5,1 %, ce qui donne plus de ressources pour entretenir les routes grâce à des taxes sur l’essence, par exemple. Pour des grands projets, comme de nouvelles avenues autour de la ville ou un système de transports rapides, il faut faire appel à des aides internationales.
La Banque Mondiale, par exemple, investit déjà beaucoup en RDC, avec un milliard de dollars récemment pour relancer un grand projet d’énergie comme Inga 3, qui pourrait aussi améliorer les transports en fournissant de l’électricité fiable. On peut obtenir jusqu’à 500 millions de dollars supplémentaires via des prêts à bas intérêt si le pays montre qu’il gère bien son argent.
Ensuite, associons-nous avec des entreprises privées : c’est possible de signer des accords où des investisseurs construisent les routes et les gèrent en échange de droits sur les péages. Cela attire des partenaires de Chine ou d’Europe, et ça marche si on calcule bien les bénéfices pour tout le monde. Ajoutez des technologies simples, comme des feux de circulation intelligents financés par des aides américaines ou européennes, pour fluidifier la circulation.
En résumé, avec 1 à 2 milliards de dollars rassemblés sur cinq ans et une dette publique basse, autour de 16 % de la richesse nationale, c’est à notre portée. Mais il faut être transparent et vérifier les comptes pour que l’argent arrive vraiment aux projets. Si on agit vite, Kinshasa pourrait devenir une ville où se déplacer est facile, boostant l’économie de 5 à 10 %.
ACP/ Le financement des infrastructures routières provient de diverses sources, notamment le gouvernement congolais, des institutions financières internationales telles que la Banque mondiale, et des accords bilatéraux, et ces fonds sont destinés à des projets variés, allant de la réhabilitation de routes et la lutte contre l’érosion, comment la ville peut-elle canaliser toutes ces ressources pour mettre un accent particulier sur la construction de nouvelles routes secondaires ?
Le vrai défi, c’est de ne pas laisser cet argent s’éparpiller. Ces différentes sources sont une chance, mais il faut les unir pour se concentrer sur les petites routes qui relient les quartiers et allègent les grandes avenues, en réduisant les trajets de moitié tout en protégeant contre les inondations.
Commencez par regrouper tout dans un fonds unique géré par la ville : mélangez l’argent du gouvernement (qui pourrait atteindre 500 millions de dollars en 2025), les prêts de la Banque Mondiale (plus d’un milliard déjà promis pour des projets comme Inga 3, y compris des routes) et les accords avec des pays comme la Chine ou la Turquie. Discutez pour rediriger une partie, disons 40 %, vers ces petites routes en modifiant les contrats.
Ensuite, choisissez les priorités en évaluant ce qui rapporte le plus : par exemple, une route reliant des zones populaires comme Kimbanseke à Bandalungwa pourrait tripler les bénéfices en temps gagné. Planifiez sur plusieurs années et utilisez des cartes numériques pour voir les besoins en direct.
Enfin, suivez l’argent de près avec un outil en ligne qui montre où va chaque dollar, pour éviter les gaspillages. Comme ça, Kinshasa pourrait construire 1 000 kilomètres de ces routes d’ici 2030, rendant la ville plus fluide et solide. C’est clair : unifiez, choisissez bien, et appliquez – les bouchons disparaîtront.
ACP/ Avec l’existence d’une régie financière telle que la DGRK, la ville doit-elle multiplier les contrats de performance pour atteindre ses prévisions budgétaires ?
Oui, sans hésiter, c’est une bonne idée pour renforcer la collecte d’argent à Kinshasa, où on récupère souvent moins de 70 % des taxes prévues, dans une économie où beaucoup travaillent sans contrats formels. Au niveau national, les recettes ont déjà dépassé 11 000 milliards de francs congolais au premier trimestre 2025. Ces contrats, où des partenaires sont payés selon leurs résultats, peuvent aider la ville à atteindre ses objectifs de 200 à 300 milliards de francs par an.
Pourquoi en faire plus ? Parce qu’ils rendent les choses plus efficaces : un contrat pour collecter les taxes sur les marchés, par exemple, avec une entreprise experte, peut augmenter les rentrées de 20 à 30 % en fixant des objectifs clairs, comme récupérer plus de 85 % des dus. J’en ai testé au niveau du pays, en utilisant des systèmes informatiques pour suivre les paiements instantanément. En en multipliant – un pour les taxes sur les terrains, un autre pour les permis d’affaires – on couvre plus de domaines et on obtient de meilleurs résultats, avec des récompenses basées sur les performances.
Mais attention à ne pas en faire trop : limitez à 5 ou 10, et vérifiez-les par des contrôles indépendants pour éviter les problèmes. Inspiré de ce qui marche ailleurs en Afrique, ça rend la collecte plus solide et durable. Allez-y : plus de contrats intelligents, et les budgets seront atteints.
ACP/. Que doit faire la ville pour rentabiliser les taxes, redevances et redevances assignés aux propriétés des contribuables ?
Pour tirer le maximum de ces taxes sur les terrains et les bâtiments – où 70 % des gens échappent souvent au paiement à cause d’un registre vieillot – Kinshasa peut doubler ses recettes d’ici 2027 en modernisant, en encourageant et en appliquant les règles fermement.
D’abord, passez au numérique : créez un registre en ligne sécurisé pour lister tous les biens et calculer les taxes automatiquement. Comme dans d’autres villes africaines, ça peut augmenter les rentrées de 50 %.
Ensuite, motivez les gens : offrez des réductions de 20 % pour ceux qui paient en avance, et des pénalités progressives pour les retards, ce qui encourage plus de paiements sans forcer trop.
Enfin, appliquez les règles : faites des contrôles aléatoires, utilisez des drones pour repérer les biens non déclarés, et informez les habitants sur l’importance de payer. Visez un bon équilibre, avec des taxes plus basses pour les petites propriétés et plus hautes pour les grandes, pour que ce soit juste.
Selon la loi de finances 2025, qui ajuste les impôts sur les entreprises à environ 30 %, ça s’aligne bien.
Au final, cet argent servira aux routes et aux services, transformant les biens des habitants en une source stable pour la ville.
Kinshasa humanisée : modernisez, motivez, appliquez … pourrait être un bon slogan de gestion des infrastructures !
Merci pour ces questions. Je suis ouvert à approfondir encore plus le sujet !
ACP, AGENCE CONGOLAISE DE PRESSE




