GENOCOST CONGOLAIS : MEMOIRE ÉTERNELLE, JUSTICE IMPERATIVE ET DENONCIATION DE LA GEOCRIMINALITE
Chers compatriotes, amis de la Vérité et de la Justice,
En début du mois d’Août pendant lequel nous commémorons le Génocost – ce génocide perpétré pour des gains économiques –, nos pensées se tournent vers toutes les victimes directes et indirectes des crimes innombrables commis depuis des décennies en République Démocratique du Congo, au nom d’intérêts économiques et géostratégiques.
Ces atrocités, qui défient l’imagination et devraient heurter profondément la conscience humaine, se poursuivent depuis le milieu des années 1990 dans un climat d’impunité prévalant et une indifférence troublante de la communauté internationale. Aujourd’hui, nous commémorons solennellement ce drame, un holocauste lent orchestré par une géocriminalité violente.
Le système économique globalisé repose en grande partie sur les ressources minières et les richesses naturelles qui regorgent en RDC, indispensables pour assurer la croissance des grandes puissances et des multinationales.
Allons-nous accepter que les générations futures soient assujetties et anéanties pour que le monde économiquement développé avance, à bas prix, vers une transition énergétique dite « verte », mais qui pour nous à été en vérité « rouge » du sang des femmes et des enfants congolais, jusqu’ à présent ?
Depuis le 2 août 1998, quand le Rwanda et ses supplétifs du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) ont envahi notre territoire, déclenchant le conflit armé le plus meurtrier depuis la Seconde Guerre mondiale, plus de six millions de vies ont été arrachées.
Des groupes armés pillent nos sols, exploitent nos enfants dans des mines infernales et sèment la terreur pour maintenir leur emprise. Derrière eux, les yeux du monde se ferment sur cette chaîne d’approvisionnement macabre de matières premières.
Nous saluons le fait que, en décembre 2022, le législateur congolais ait reconnu le 2 août comme journée commémorative du génocide congolais. Pourtant, contrairement à d’autres nations qui commémorent une fois les armes tues, la RDC n’est pas encore et complétement dans ce cas ; certes, un cessez-le feu a été imposé par les mécanismes de paix de Washington et de Doha mais les atteintes à notre souveraineté et à notre intégrité territoriale ne sont pas encore oubliées.
Nous comptons beaucoup sur la volonté politique forte et les actions concrètes qui découleront des accords de Washington et Doha : fin immédiate du pillage de nos matières premières, bonne gestion des minerais axée sur la durabilité et le bien-être de la population, réformes en profondeur de nos services de défense, de sécurité et de renseignements, renforcement de l’ État de droit et le rétablissement de l’autorité de l’état sur les territoires occupés.
Néanmoins, il est toujours important que les crimes énumérés dans le Rapport Mapping de l’ONU, par exemple, qui documente les violations graves des droits humains et du droit international humanitaire commises entre 1993 et 2003, soient enfin poursuivis, brisant le mur de l’impunité qui a protège les coupables jusqu’aujourd’hui. Les Congolaises et Congolais ont droit à la justice. Au minimum, une forme de justice transitionnelle doit être mise en place pour guérir le peuple congolais de ses blessures encore ouvertes, panser les plaies collectives et reconstruire une société fondée sur la vérité et la réconciliation.
Comme tous les peuples, la Nation congolaise a le droit de disposer de ses ressources naturelles et de vivre en paix. Le droit et la justice internationale doivent s’appliquer partout de la même manière, à toutes les échelles de responsabilités – nationale, régionale et internationale.
Ce n’est que dans ces conditions que les pays de la région des Grands Lacs pourront se réconcilier et cohabiter pacifiquement, que la RDC pourra honorer dignement ses morts, panser ses plaies et construire une Nation débarrassée de l’exploitation, de la souffrance, de l’humiliation et de l’injustice.
Eugène Diomi Ndongala,
Démocratie Chrétienne, DC




