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LE CONSEIL DE SECURITE DE L’ONU ENTRE CONDAMNATIONS ET IMPASSE – LES POSITIONS DES INTERVENANTS

APRES LA DENONCIATION DE MASSACRES REPETES, LE CSNU ENTRE CONDAMNATIONS ET IMPASSE. LES POSITIONS DES DIFFERENTS INTERVENANTS, A LA LOUPE D’ EUGENE DIOMI NDONGALA, QUI DEMANDE UNE CONDAMNATION PLUS SEVERE

Après la saisine par les Etats Unis, le 22 août 2025, le Conseil de Sécurité s’est réuni d’urgence jetant une lumière crue sur l’escalade sanglante en République démocratique du Congo (RDC). Face à une crise qui ne fait que provoquer des massacres de civils congolais, les intervenants ont livré des positions tranchées, entre condamnations virulentes, appels à la diplomatie et refus catégoriques, sans toutefois aboutir à des décisions radicales qui pourraient inverser la spirale de violence.

Les États-Unis, fer de lance de cette saisine, n’ont pas mâché leurs mots. L’ambassadrice Dorothy Shea a pointé du doigt le mouvement rebelle M23, soutenu par le Rwanda, comme principal responsable des atrocités contre les civils dans l’est du pays. Elle a dénoncé les attaques impitoyables dans le territoire de Rutshuru, où des centaines de vies ont été fauchées, et a étendu sa critique aux groupes armés alliés à l’armée congolaise. Washington a frappé fort en annonçant, dix jours plus tôt, des sanctions contre quatre entités impliquées dans l’exploitation illégale de minerais de conflit, un geste concret pour couper les vivres aux déstabilisateurs. Les Américains ont martelé l’urgence d’un respect strict des accords de paix signés à Washington en juin et à Doha, exigeant un retrait immédiat des forces rwandaises du sol congolais.

La RDC, au front de cette tourmente, représentée par son représentant permanent auprès des Nations Unies, Zénon Mukongo, a riposté avec une fermeté sans faille. Son représentant a accusé le Rwanda de torpiller les efforts de paix en soutenant ouvertement le M23, violant ainsi les engagements régionaux. Kinshasa a plaidé pour des sanctions ciblées du Conseil contre Kigali et les rebelles, soulignant les massacres récents – au moins 319 civils tués en juillet par l’Alliance Fleuve Congo (AFC)/M23, épaulée par des troupes rwandaises. La délégation congolaise a salué les initiatives diplomatiques comme le plan de neutralisation des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) discuté par l’Union africaine, mais a insisté sur l’échec persistant du cessez-le-feu, appelant à un renforcement de la MONUSCO pour protéger les populations vulnérables.

Le Rwanda, sur la défensive, défendu par représentant permanent auprès des Nations Unies, Martin K. Ngoga, a balayé ces accusations d’un revers de main, les qualifiant de « graves et totalement infondées ». Son ambassadeur a retourné les flèches contre la RDC, l’accusant de violations répétées du cessez-le-feu par ses forces alliées, y compris les milices Wazalendo et les FDLR. Kigali a regretté le blocage par Kinshasa du plan de neutralisation des FDLR lors d’une réunion récente, et a réclamé une approche équilibrée pour désarmer toutes les menaces transfrontalières. Pas de concessions: le Rwanda a maintenu que sa posture défensive était justifiée face à des groupes armés opérant depuis le Congo.

La France, fidèle à son rôle de médiateur historique, a aligné sa position sur celle de la RDC, réaffirmant un soutien indéfectible à sa souveraineté territoriale. Paris a exigé le retrait des troupes rwandaises et la reprise du dialogue via les processus de Luanda et Nairobi, tout en félicitant le Qatar pour sa médiation à Doha entre Kinshasa et le M23.

D’autres voix, comme celle de la Russie, ont mis l’accent sur les faiblesses de la MONUSCO, appelant à doter la mission onusienne de moyens plus robustes pour contrer les attaques contre les civils – y compris celles visant les Casques bleus, potentiellement qualifiables de crimes de guerre.

Le Pakistan a réitérée cette préoccupation, insistant sur une efficacité accrue pour briser le cycle de violence.

Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l’ONU pour l’Afrique, a dressé un tableau sombre : malgré des avancées diplomatiques, le terrain reste un champ de mort, avec des déplacements massifs de civils et une crise humanitaire aiguë. Elle a exhorté à un cessez-le-feu immédiat, soulignant les progrès timides comme la réunion de l’Union africaine du 7 août, qui a esquissé un cadre pour neutraliser les FDLR et lever les mesures rwandaises.

Pourtant, au terme de ces échanges tendus, le Conseil n’a pas franchi le Rubicon d’une nouvelle résolution.

Aucune sanction supplémentaire n’a été adoptée, se contentant de réitérer les exigences de la résolution 2773 (2025) : cessation des hostilités et respect des accords existants.

Les décisions se limitent à un suivi vigilant de la situation, avec un soutien accru aux efforts régionaux de l’Union africaine et du Qatar. La pression diplomatique persiste, mais sans mesures coercitives immédiates, laissant planer le risque d’une escalade.

Il sied de rappeler que la RDC rejoindra le Conseil comme membre non permanent en 2026, renforçant sa voix dans ce bras de fer.

Cette réunion expose les fractures profondes : accusations croisées entre Kinshasa et Kigali, appels à la responsabilité des puissances occidentales et un consensus fragile sur la diplomatie.

Néanmoins, sans actions décisives, l’Est de la RDC restera une poudrière, où les civils paient le prix fort d’un statu quo mortifère. Nous estimons que les sanctions économiques et la pression diplomatique pourraient ne pas suffire pour améliorer le sort des millions de congolais qui vivent dans l’indigence, en tant que déplacés internes, et dans l’insécurité la plus totale, à cause de ce conflit meurtrier.

IL est temps que le Conseil de Sécurité franchisse le Rubicon d’une nouvelle résolution sur la situation en RDCongo, avec des sanctions ciblées contre les responsables directs ou indirectes des massacres de civils congolais.

Eugène DIOMI NDONGALA,

Démocratie Chrétienne

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