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RDC : NUITS DE TERREUR ET PASSIVITE POLICIERE – QUAND LA RAGE POPULAIRE RISQUE D’EMBRASER LE PAYS

Dans les rues sombres de Boma, au cœur du Kongo Central, la nuit du 27 au 28 août 2025 a viré au cauchemar. Des bandits armés ont déferlé sur le quartier Kilomètre 8, pillant, terrorisant, semant le chaos absolu.

La police ? Absente pendant des heures, n’intervenant qu’à l’aube. Cette inertie a allumé la mèche : une foule enragée a érigé des barricades, incendié des commissariats, vandalisé des bureaux administratifs. Bref, une émeute populaire.

Les affrontements avec les forces de l’ordre ont tourné au bain de sang – deux à trois civils abattus, un policier lynché, des blessés innombrables.

L’armée a finalement débarqué pour imposer un calme précaire, tandis que les autorités provinciales promettaient enquêtes et « mesures fermes ». Mais à Boma, port vital de la RDC, l’insécurité n’est pas un incident isolé : c’est une plaie ouverte, nourrie par des suspicions de collusion entre flics et criminels, dans une province riche mais délaissée.

Et voilà que Junior Mboso Kazadi, fils d’un ancien président de l’Assemblée nationale Christophe Mboso et commissaire principal de la police, jette un pavé dans la mare : dans une vidéo virale, il annonce sa démission explosive, dénonçant haut et fort les alliances entre policiers et bandits – ces « Kuluna » qui terrorisent impunément. Sa sortie fracassante, refusée par la hiérarchie et suivie d’une arrestation, donne raison à la fureur des habitants de Boma, qui crient à la complicité institutionnelle.

À des centaines de kilomètres, dans la mégalopole bouillonnante de Kinshasa, la terreur frappe de la même lame affûtée. À Mont Ngafula, la nuit du 27 au 28 août – celle-là même qui a ensanglanté Boma – 70 maisons ont été saccagées dans le quartier Matadi Mayo.

Des ombres masquées ont vidé les foyers, laissant derrière elles une population tétanisée, sans un seul coup de feu policier pour les stopper.

Radio Okapi, 29/08/25

« Nous vivons dans la peur constante », confie un habitant, écho d’un désespoir collectif. Le bourgmestre promet patrouilles mixtes et comités citoyens, mais ces mots sonnent creux face à une vague de meurtres et pillages qui submerge la commune depuis des semaines.

Pire encore à Selembao, où l’horreur a culminé début août. La nuit du 31 juillet au 1er août, des assaillants en uniformes de police – vrais ou faux ? – ont ravagé des habitations à Badiadingi. Une adolescente de 17 ans, promise à un avenir brillant, abattue d’une balle ; une jeune femme de 20 ans violée sous les yeux impuissants de sa famille ; un père grièvement blessé.

Le lendemain, la rage populaire a explosé : un suspect intercepté, avouant son crime, a été lynché et brûlé vif par la foule. Ces actes de « justice sauvage » révèlent un abîme : quand l’État faiblit, le peuple prend les armes, risquant un cycle infernal de vengeance.

Et ce n’est pas isolé – Kinshasa croule sous les braquages diurnes et nocturnes, les gangs « Kuluna » ressuscités, malgré les opérations passées comme « Ndobo ». Même le président Tshisekedi en a parlé en conseil des ministres, appelant à l’action, mais les faits hurlent l’échec.

Ces drames – Boma en flammes, Mont Ngafula pillée, Selembao ensanglantée – tissent un tableau accablant :

l’insécurité ronge la RDC de l’intérieur, bien au-delà des conflits armés de l’Est. Les causes ? Profondes et vicieuses : la pauvreté qui pousse les jeunes au crime, le chômage qui fermente la rage, la corruption qui mine les forces de l’ordre – ces uniformes suspects à Selembao, ces délais suspects à Boma et maintenant la voix d’un insider comme Junior Mboso qui crie au scandale.

L’État réagit en pompier : enquêtes promises, patrouilles renforcées, mais sans assainir les racines – sous-équipement policier, urbanisation chaotique, ressources détournées vers l’Est. Les impacts ? Dévastateurs : morts inutiles, traumatismes collectifs, économie paralysée, confiance pulvérisée. Politiquement, cela ébranle la passivité de l’exécutif, alimentant un feu qui pourrait embraser d’autres villes.

Alerte rouge : la sécurité intérieure de la RDC n’est plus une forteresse, mais un château de cartes. Sans réformes radicales – audits des polices, emplois pour la jeunesse, prévention réelle… – cette criminalité « ordinaire » pourrait exploser en chaos généralisé, minant tout espoir de progrès.

Le temps presse : la nuit tombe vite sur un pays qui mérite mieux.

Eugène Diomi Ndongala,

Démocratie Chrétienne.

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