Aller au contenu principal

Mystère sur les revenus du cuivre congolais

 

Mystère sur les revenus du cuivre congolais

.
Publié le samedi 1 mars 2014

 

Mystère sur les revenus du cuivre congolais

Avec une production de plus de 900 000 tonnes en 2013

Après les années sombres de la Générale des carrières et des mines  (Gecamines), la RDC vient de renouer avec le succès dans le secteur  minier au point d’égaler sa voisine, la Zambie, en termes de production  de cuivre.

Forte de 920 000 tonnes de cuivre  produites en 2013, selon les chiffres officiels du gouvernement, la RDC a la voie libre pour consolider sa place de leader en Afrique. Or, cette  embellie minière n’est pas perceptible  dans le budget de l’Etat.

Un  mystère que le gouvernement a du mal à élucider alors que les revenus  des opérateurs privés du secteur explosent.

La RDC n’a plus qu’un palier à franchir pour atteindre la production  annuelle d’un million  de tonnes de cuivre. Plus d’une décennie après la mise en œuvre du Code  minier (2002), c’est seulement maintenant que le pays commence à en  récolter les fruits, voulus à la fois attractifs et révolutionnaires,  pour le secteur minier congolais.
Décidément, la RDC a réussi son coup. Car depuis un temps, le secteur minier est en pleine embellie.  Des projets mis en œuvre au début des années 2000 sont arrivés désormais à maturité. Mieux, ils portent déjà des fruits. En 2013, pour la  première fois depuis la déconfiture de la Gecamines, la RDC a pu  rivaliser avec son éternelle concurrente,  la Zambie.

La production du  cuivre a, selon des données gouvernementales, franchi la barre de 900  000 tonnes. Un chiffre qui représente le double de celui réalisé par la  Gecamines à son apogée.
L’on se rappelle cependant qu’à l’époque, la Gecamines parvenait à couvrir à elle seule près de 70% des  ressources budgétaires. Sa chute, intervenue au début des années 1990, a plongé l’Etat congolais dans un vide budgétaire indescriptible.

La suspension dans la même décennie de la coopération structurelle avec  divers partenaires au développement, principalement le Fonds monétaire  international et la Banque mondiale, a finalement plombé les finances du pays. Conséquence : recours à la planche à billets pour combler le  déficit chronique du Trésor.
La reprise, dès 2001, de la  coopération structurelle a permis, certes, de réanimer le pays ; cela   par voie des appuis budgétaires. Toutefois, elle n’a pas pu combler le  vide laissé par l’implosion d’un secteur minier porté jadis par la  Gecamines.
Aujourd’hui, la RDC doit s’appuyer essentiellement sur les régies financières traditionnelles (DGI, DGRAD et DGDA) et  certaines ressources extérieures sporadiques (appuis budgétaires,  ressources PPTE, etc.) pour financer son budget.

Mais à y regarder de  près, c’est à peine si on peut retrouver  traces des revenus  substantiels du secteur minier.

Et pourtant, c’est depuis  quelques années que la RDC a renoué avec une production largement  positive. En agrégé, la production minière pour la seule filière  cuprifère avoisine les 920 000 tonnes. Un chiffre de loin supérieur à ce qu’a réalisé la Zambie en 2013.
Le paradoxe
Par principe, ce record, jamais réalisé dans l’histoire minière de la RDC, suggère  une amélioration sensible du quotidien des Congolais au regard de  l’enviable taux de croissance fixée à 8,5% en 2013. Un coup d’œil sur le budget de l’exercice 2014 laisse dubitatif.

La part des mines  dans les recettes de la République ne dépasse guère les 10% du budget  national. Qui bénéficie donc du fruit de la bagatelle de 6 milliards USD tirés pour la seule année 2013 dans le secteur minier ?

Il appartient  aux pouvoirs publics concernés d’y répondre. Entre-temps, toutes les  prévisions entrevoyaient une croissance significative de la production  du cuivre en 2014. En interne, le pays a mené des reformes dans le  secteur.

A ce jour, la RDC a repris sa place de leader  continental dans la production cuprifère, détrônant  la Zambie sur  l’échiquier africain. Malheureusement, cela ne se ressent pas dans le  budget national qui, apparemment, ne tire pas un meilleur parti des  ressources du secteur minier.

Le constat fait c’est que, malgré  l’embellie, l’on est encore loin, très loin de l’époque de la Gecamines  qui faisait plus avec une production moyenne. La situation actuelle  appelle explications. Où se situe le goulot d’étranglement ? Qu’est-ce  qui empêche le pays de tirer les dividendes bien mieux  en ce moment où  foisonnent des « minings » de toutes les dimensions dans la province du  Katanga ?
Il devient clair que quelque part, l’Etat congolais a  perdu de son influence sur une quotité non négligeable de son revenu  issu de la production cuprifère. Sur les 920 000 tonnes de la production de 2013, la Gecamines – seule société commerciale du secteur détenue  entièrement par l’Etat congolais – ne peut revendiquer que la modeste  production d’environ 50.000 tonnes, soit 5% du total de la production de l’année 2013.

Le reste de la production, soit près de 95%, est  réparti entre toutes les multinationales qui opèrent dans le secteur,  notamment Tenke Fungurume Mining, et ENRC, lesquelles bénéficient  entièrement de la manne budgétaire au grand dam de la RDC. Celle-ci a  pris l’habitude de se  contenter de maigres impôts, droits et autres  taxes recouvrées dans le secteur.

A quand peut-on espérer que  tout l’argent perçu dans le secteur atteindra réellement le compte  général du Trésor ? Seule la volonté politique suffit.
Dans ces  conditions, l’on ne peut pas s’étonner que, malgré une production  annuelle de cuivre avoisinant le million de tonnes en 2013, le  gouvernement ne parvienne à aligner qu’à peine 7% des ressources tirées  du secteur minier.
Changer de cap
Ce décor offre le cliché instantané de ce que la RDC est en droit d’attendre de l’investissement qui lui revient de droit. La différence du chiffre d’affaires est  contrôlée ailleurs. Dans le cadre des joint-ventures conclues avec les  privés, le Trésor public ne perçoit plus que des redevances, des impôts  et autres taxes. Lors du partage des bénéfices, l’Etat congolais ne peut prétendre qu’à une portion congrue.
Quelle serait alors la voie  de sortie ? Elle n’est pas loin en tout cas. Car pour que l’Etat tire  profit de l’embellie minière, principalement dans le cuivre et le  cobalt, il doit se jeter dans la pâture en s’investissant dans la  production, au lieu de se contenter de maigres perceptions fiscales.

En son temps, la Gecamines parvenait à couvrir 70% des ressources  budgétaires. Cette époque est pour l’instant révolue ; l’Etat congolais  ayant depuis le Code minier de 2002 décapité la Gecamines en concluant  des partenariats avec des privés. Aujourd’hui que le cuivre a repris de  la vigueur, ce sont ces opérateurs miniers, privés, qui tirent leur  épingle du jeu.

Si, pour le moment, notent les experts du secteur minier, l’heure n’est plus à l’euphorie de la fin des années 2000, les  mines africaines voient le bout du tunnel. Elles viennent de faire leur  retour sur la scène internationale, prédisent-ils. Les métaux attirent à nouveau les investisseurs. C’est une des conclusions qui s’est dégagée  de la conférence Mining Indaba, qui s’est achevée début février 2014 à  Cape Town, en Afrique du Sud.

Regroupant les acteurs les plus  importants du marché des métaux, la conférence d’Indaba prédit de belles perspectives pour les mines africaines, spécialement le cuivre.  C’est  dire que la RDC a tous les atouts pour franchir la barre d’un million de tonnes de cuivre en 2014. Mais, saura-t-elle cependant tirer son compte dans ce rebond de la production ? C’est toute la clé de l’énigme. ’’Qui veut, peut’’, dit-on. Il s’agit de s’y mettre, sérieusement.

un commentaire Poster un commentaire
  1. Avatar de Roger Vivier online

    Mystère sur les revenus du cuivre congolais | Démocratie Chrétienne, D.C.
    Roger Vivier online http://www.lepassagetoindia.com/rogervivier.asp

    J’aime

    8 juillet 2014

Répondre à Roger Vivier online Annuler la réponse.