MINERAIS STRATEGIQUES ET PARTENARIAT USA-RDC: APRES L’ESPOIR, L’IMPERATIF DES REFORMES IMMEDIATES
UNE ANALYSE ECONOMIQUE ET POLITIQUE
Le 27 juin 2025, la République Démocratique du Congo et le Rwanda ont scellé un accord de paix sous l’égide des États-Unis, un tournant qui pourrait redessiner la géopolitique régionale et que nous avons salué comme une importante opportunité de paix et développement pour notre pays. Cet accord, focalisé aussi sur l’exploitation des minerais critiques – cobalt, coltan, lithium, gaz méthane –, positionne la RDC face à une opportunité rare : convertir son sous-sol prodigieux en moteur de croissance durable.
Mais après le retour de l’espoir, nous devons nous retrousser immédiatement les manches, pour nous mettre au travail.
Pour tirer parti de cette alliance avec Washington, Kinshasa doit opérer une refonte drastique et immédiate de sa gouvernance. Sans cela, la RDC risque de voir le Rwanda capter l’essentiel des bénéfices et de se cantonner à un rôle subalterne de pourvoyeur de ressources brutes.
LES MINERAIS CONGOLAIS: UN LEVIER GEOPOLITIQUE POUR WASHINGTON
Pour les États-Unis, l’est de la RDC n’est pas qu’une zone de conflit apaisée: c’est un réservoir stratégique de minerais indispensables à leurs ambitions technologiques et énergétiques. Cobalt pour les batteries, coltan pour l’électronique, lithium pour la transition verte – ces ressources sont le nerf de la guerre économique mondiale. L’accord de paix n’est pas seulement un geste altruiste : il reflète l’appétit des firmes américaines pour des concessions minières juteuses.
Mais ce partenariat ne fonctionnera que si la RDC se hisse au rang de partenaire crédible.
Une gestion opaque ou chaotique des ressources minerais pourrait détourner les flux financiers vers des acteurs étrangers ou, pire, vers Kigali, dont la gouvernance affûtée fait figure de modèle régional.
FAIBLE GOUVERNANCE : LE TALON D’ACHILLE DE KINSHASA
Le principal obstacle de la RDC reste sa gouvernance, gangrénée par la corruption, l’instabilité et des infrastructures rares et en ruine.
Ces FAILLES STRUCTURELLES sapent notre capacité à négocier des deals équilibrés ou à maîtriser ses filières d’extraction. Pendant ce temps, le Rwanda brille par son efficacité : classé deuxième en Afrique pour le climat des affaires, il aligne une administration centralisée et des infrastructures modernes, notamment autour du lac Kivu.
Si la RDC ne se ressaisit tout de suite, elle risque de devenir un simple hinterland minier au service d’un Rwanda transformé en hub régional – un scénario où Kinshasa perdrait tout contrôle sur son propre destin économique. Ce que nous ne pouvons pas accepter.
REFORMES : UNE URGENCE TACTIQUE ET NON NEGOCIABLE
Pour renverser la vapeur, la RDC doit frapper fort et vite sur trois axes critiques:
· TRANSPARENCE ET ANTI-CORRUPTION : Des contrats miniers limpides et une gestion honnête des revenus sont le socle pour séduire des investisseurs sérieux et faire profiter les Congolais des retombées.
· RENFORCEMENT DES INSTITUTIONS : Des entités robustes et indépendantes doivent piloter l’exploitation des ressources et défendre les intérêts nationaux face à un partenaire aussi stratégique que les États-Unis.
· INFRASTRUCTURES MODERNISEES : Routes, ports, réseaux énergétiques – sans investissements massifs, les coûts logistiques continueront d’asphyxier l’accès aux marchés mondiaux.
Ces chantiers ne sont pas des vœux pieux: ce sont des impératifs pour survivre dans un jeu régional impitoyable.
RDC VS RWANDA : UN DUEL ECONOMIQUE A HAUT RISQUE QUE NOUS DEVONS ET POUVONS GAGNER
Le Rwanda illustre une gouvernance bien huilée. La RDC, malgré son colossal avantage minier, joue sa survie économique dans une course contre la montre.
Les analystes les plus avertis le martèlent : la paix seule ne suffit pas pour lancer notre développement, même si elle en représente la « conditio sine qua non ».
Sans réformes radicales et rapides, l’accord de 2025 n’aura pas les effets économiques escomptés. Et ça sera notre faute!
Chaque jour d’inaction renforce l’ascendant rwandais et fragilise la position congolaise.
Le partenariat avec les États-Unis est une chance historique, mais elle exige une mobilisation immédiate pour transformer la manne minière en prospérité tangible.
VERDICT: L’AMELIORATION DE LA GOUVERNANCE OU LA MARGINALISATION
L’avenir de la RDC se joue maintenant. Un sursaut de gouvernance pourrait faire de cet accord un tremplin vers une renaissance économique, plaçant Kinshasa au cœur des dynamiques régionales et mondiales. Mais sans volonté politique ferme, ses richesses continueront d’alimenter les ambitions d’autrui – Rwanda en tête – pendant que le pays stagne dans ses failles structurelles. Le choix est clair : agir ou sombrer dans l’incapacité de saisir cette importante opportunité de croissance économique et développement qui pourrait devenir un véritable « plan Marshall pour la RDC».
Cela dépendra de la gouvernance de la RDCongo, comme j’ai souligné hier sur la radio onusienne «Okapi»: il revient aux congolais de se mettre immédiatement au travail pour combler le déficit structurel qui nous handicape.
C’est une question de volonté politique et compréhension des enjeux que l’accord minier avec les USA comporte en termes de reformes immédiates, pour que la RDC puisse saisir son opportunité de développement.
Ce n’est pas une question de bons ou mauvais accords mais de notre capacité à rebondir et saisir l’occasion qui nous est offerte.
Eugène DIOMI NDONGALA,
PN de la Démocratie Chrétienne, DC




