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L’HERITAGE SANGLANT DU REGIME KABILA: UNE CHRONIQUE DE SES CRIMES DE MASSE DOCUMENTES

Sous la présidence de Joseph Kabila la République démocratique du Congo a été plongée dans une période sombre marquée par des crimes de masse et une répression politique brutale.

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Accusé d’avoir instauré un climat de terreur pour consolider son pouvoir, le régime Kabila est associé à des massacres, des exécutions sommaires et des violations massives des droits humains.

De l’horreur du massacre d’Ankoro en 2001 à l’attaque contre les militants de l’UDPS en 2016, en passant par les répressions sanglantes des manifestations de l’opposition, cet article retrace les événements clés qui ont jalonné cette ère tragique, tout en soulignant l’impunité persistante qui continue de hanter le pays.

UNE PRISE DE POUVOIR MARQUEE PAR LA VIOLENCE

Joseph Kabila arrive au pouvoir en janvier 2001, succédant « de facto », sans aucune légitimation politique, à son père putatif, Laurent-Désiré Kabila, assassiné dans un contexte de guerre trouble. Les vrais commanditaires de cet assassinat d’état restent indéterminés à ce jour…

Alors que le pays espérait une stabilisation après la Deuxième Guerre du Congo, le jeune autocrate opte rapidement pour une gouvernance autoritaire.

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Illustration de la force destructive du type de lance-flammes utilisé à Ankoro

Dès juillet 2001, le massacre d’Ankoro, dans la province du Katanga, révèle la brutalité de son régime naissant. Selon La Libre Belgique (22/07/2001), au moins 100 personnes sont tuées, 12 000 maisons détruites au lance flammes et 75 000 habitants déplacés lors de cet assaut. Documenté dans le Rapport Mapping de l’ONU (2010), cet événement n’est que le premier d’une longue série de tragédies orchestrées ou tolérées par le pouvoir. Le plus inquiétant dans cette violence extrême c’est le caractère incompréhensible de ce crime de masse contre le village d’origine de la famille de Laurent Désiré Kabila, dont tous les parents furent sauvagement éliminés à Ankoro, sous ordre de son « fils » putatif, soucieux d’effacer le tableau…

UNE REPRESSION SYSTEMATIQUE POUR ECRASER L’OPPOSITION

Au fil des années, le régime Kabila déploie une machine répressive implacable pour museler toute dissidence.

En 2007, Kinshasa devient le théâtre d’un bombardement visant les forces de Jean-Pierre Bemba, un rival politique.

Kabila ordonne au Général Tango Four de ne pas hésiter à lancer des obus en pleine capitale. Le bilan est effroyable : 500 morts, selon Le Nouvel Observateur.

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La même année, dans le Bas-Congo, le mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo est écrasé, laissant 300 morts et 700 disparus, d’après Congo Indépendant. Ces opérations traduisent une stratégie claire : éliminer par la force toute menace au pouvoir. Le célèbre défenseur des droits de l’homme, Floribert Chebeya, qui investiguait sur ces massacres, fut tué à l’inspection général de la Police, avec son collaborateur Bazana, avant qu’il puisse envoyer son dossier et plainte à la CPI.

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Massacre des adeptes de l' Eglise Bundu Dia Kongo

En 2011, la période électorale devient un point culminant de la répression.

Le 26 novembre 2011, dernier jour de la campagne pour l’élection présidentielle, l’aéroport de Ndjili à Kinshasa est le théâtre d’une violence ciblée et filmée par Al Jazzera, contre les partisans d’Étienne Tshisekedi, leader de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) et principal rival de Kabila.

Selon Human Rights Watch, au moins 39 militants de l’opposition sont tués par les forces de sécurité lors d’affrontements visant à empêcher un meeting de Tshisekedi.

Des rapports, comme celui de Radio Okapi (26/11/2011), décrivent des tirs à balles réelles sur des foules rassemblées pour accueillir le candidat, dans un climat de tension extrême marqué par des accusations de fraude électorale. Selon Human Right Watch et la Monusco, au moins 39 congolais furent fauchés par la Garde Républicaine à Ndjili.

En 2013, une protestation menée par le pasteur Joseph Mukungubila est réprimée dans le sang à Kinshasa, Kindu et Lubumbashi, faisant 200 morts (DESC-Wondo).

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Massacre des adeptes de l'Eglise du Pasteur Mukungubila, à Kinshasa et Lubumbashi

En 2014, l’opération Likofi, prétendument contre les « Kuluna », censée cibler des gangs dans la capitale mais qui a touché aussi des jeunes militants, se solde par 52 morts, selon MONUSCO. Chaque événement renforce l’image d’un régime prêt à tout pour se maintenir.

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Opération Likofi contre des jeunes à Kinshasa

Les massacres de Beni et la contestation populaire

Entre 2014 et 2015, l’est du pays est ensanglanté par les massacres de Beni, qui font 247 morts. Officiellement attribués aux rebelles ADF, ces tueries soulèvent des questions sur une possible complicité de l’armée congolaise de l’époque contre les population Nande, comme le rapporte Jeune Afrique.

À la même période, la grogne populaire s’intensifie à Kinshasa.

En janvier 2015, des manifestations contre une loi électorale visant à prolonger le mandat de Kabila sont violemment réprimées. Les ONGDH dénombrent 138 morts, tandis que Human Rights Watch avance un bilan de 36 victimes, une divergence qui reflète l’opacité entourant ces exactions, due au fait que les militaires aux ordres de Kabila emportaient systématiquement les corps des manifestants tués pour les enterrer dans des fosses communes, à l’insu de leurs familles.

LE CHARNIER DE MALUKU : UNE VERITE ENFOUIE

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Fosse commune de Maluku, avec 425 cadavres non identifiés

En 2015, la découverte d’un charnier à Maluku, près de Kinshasa, choque l’opinion publique. Pas moins de 425 corps y sont enterrés, selon plusieurs sources dont radio Okapi. Des accusations pointent une dissimulation des victimes des manifestations de janvier, mais les autorités parlent d’« indigents » et de « bébés mort-nés » (RFI), sans en donner aucune preuve. Human Rights Watch a exigé, à l’époque, une exhumation pour identifier les corps, mais le gouvernement Kabila refusa toute forme d’identification. À Lubumbashi, un témoignage anonyme évoque 500 corps enfouis une fosse commune dans une ferme appartenant à Kabila. Toute investigation fut aussi étouffée dans l’œuf.

L’ATTAQUE CONTRE L’UDPS ET LA REPRESSION DES MANIFESTATIONS

La violence déborde au-delà de 2015. Le 20 septembre 2016, le siège de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), principal parti d’opposition, est attaqué à Kinshasa par des hommes armés identifiés comme appartenant à la Garde républicaine. Cinq militants, brulés vifs, périssent dans un incendie criminel, selon Amnesty International. Cet acte vise à intimider l’opposition, alors que Kabila s’accroche au pouvoir, deux ans au-delà de son mandat constitutionnel, provoquant une vague de contestation.

Les manifestations populaires subissent un sort similaire.

En 2015, les protestations contre la loi électorale liberticide font des dizaines de morts.

En 2016, les appels au départ de Kabila avant la fin de son mandat se soldent par 50 morts, selon l’opposition.

En 2018, des marches anti-Kabila, soutenues par l’Église catholique, font au moins huit morts, d’après Le Monde et The Guardian, dont certains dans les enceintes des églises, comme Rossy Mukendi et Thérèse Kapangala.

Ces répressions, menées avec une constance glaçante, illustrent une volonté de briser toute velléité de changement.

LA PRISON COMME ARME POLITIQUE: 700 PRISONNIERS POLITIQUES EMBASTILLES PAR KABILA

Au-delà des violences physiques, Kabila a systématiquement utilisé l’emprisonnement pour neutraliser ses adversaires. Environ 700 prisonniers politiques, opposants et activistes de la société civile, ont été incarcérés sous son régime, souvent sous des accusations vagues comme « menace à la sécurité nationale », « insurrection » ou n’importe quelle accusation « montée de toute pièce » par les services de sécurité ou bien la police politique dirigée par le Général Kaniama. Parmi les figures emblématiques figurent Firmin Yangambi, avocat et opposant, condamné en 2009 à 20 ans pour détention illégale d’armes, une charge perçue comme politiquement motivée (BBC Afrique); Franck Diongo, militant de l’opposition, emprisonné en 2016 pour avoir détenu trois soldats lors de manifestations, condamné à cinq ans malgré ses démentis (Reuters); et Eugène Diomi Ndongala, député national et opposant, arrêté en 2013 et condamné à 10 ans pour un risible affaire de mœurs, une accusation dénoncée comme une persécution politique par Amnesty International et l’Union interparlementaire et qui a été démentie par un jugement international du Comité des Droits de l’ Homme des Nations Unies, jugement n° 2465/2014, qui accabla le régime Kabila. Diomi Ndongala a été complétement innocenté aussi par la justice congolaise, avec un procès en révision en 2022 qui a prouvé l’association de malfaiteurs, manœuvrée par le régime Kabila, afin de faire taire la voix du fer de lance de la revendication de la victoire d’Etienne Tshisekedi aux élections de 2011.

On peut aussi citer d’autres prisonniers politiques emblématiques comme Jean Claude Muyambo, Ewanga, Nzagi, Cristopher Ngoy, Eric Kikunda, Kuthino, Gecoco Mulumba, Lutete, Mokia…un véritable « groupe parlementaire » embastillé à la prison de Makala avec des centaines d’autres dissidents.

En mars 2019, Félix Tshisekedi, successeur de Kabila, signe un décret présidentiel libérant ces 700 prisonniers politiques, un geste salué comme un pas vers la réconciliation (Al Jazeera, BBC, Amnesty International).

Annoncé à la télévision nationale, ce décret répond à une promesse de campagne visant à apaiser les tensions après des années de répression politique.

UNE IMPUNITE PERSISTANTE

Malgré les preuves accablantes, la justice reste lettre morte. Le Rapport Mapping de l’ONU (2010) recense 617 violations graves entre 1993 et 2003, dont le massacre d’Ankoro et appelle à des tribunaux spéciaux, sans résultat (Le Monde). Amnesty International, ACAT France et les rapports d’OHCHR de 2025 dénoncent cette inertie, tandis que les violences perdurent dans l’est du pays. L’impunité demeure une plaie ouverte pour les victimes et leurs familles.

VERS UN DEVOIR DE MEMOIRE

Le régime de Joseph Kabila a laissé un héritage de sang et de division.

Des vies de citoyen congolais innocents ont été fauchées, des communautés dévastées et la quête de justice reste inassouvie.

En mai 2025, alors que la RDC continue de vaciller dans l’instabilité soutenue par Kabila, par son installation à la tête de la rébellion du M23 à Goma, les défenseurs des droits humains appellent à un « devoir de mémoire » pour reconnaître ces crimes et offrir une réparation aux victimes, tout en appelant à la mise en place d’un « Tribunal pour les crimes contre l’humanité commis en RDC depuis 2001″.

Nous avons tous un devoir de mémoire envers ces victimes, pour interrompre, une fois pour toute, le cycle infernal des massacres mais aussi pour mettre un terme à une politique de l’oubli, qui voudrait confondre une certain activisme politique à l’étranger pour en faire une « lessiveuse » de graves crimes contre l’humanité commis par le régime Kabila.

Eugène DIOMI NDONGALA,

Démocratie Chrétienne

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Consultez les rapports HRW (« We Will Crush You », 2008), Amnesty (« Dismantling Dissent », 2016) et ONU CCPR/C/118/D/2465/2014 pour l’horreur crue de ce régime.

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