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KAGAME, L’ICONE BRISEE : AUTOPSIE D’UN ARTICLE ICONOCLASTE DE «THE ECONOMIST» SUR LE DICTATEUR

« LE CYNIQUE MAITRE DE LA POLITIQUE DU POUVOIR EN AFRIQUE ».

En juin 2025, The Economist a publié un uppercut éditorial : « Africa’s most admired dictator rolls the dice » (Le dictateur le plus admiré d’Afrique risque gros) et comme sous-titre : « L’intervention de Kagame au Congo menace son héritage au pays ».

En une seule formule, le magazine enterre trente ans de storytelling occidental sur Paul Kagame. Le héros tutsi qui arrêta le génocide en 1994 n’est plus qu’un « dictateur ».

Et le verdict est sans appel : l’homme qui fit de Kigali la vitrine clinquante de l’Afrique post-coloniale est en train de tout gâcher, en jouant sa survie politique sur le chaos congolais. Les dérives exposées, sans anesthésie.

L’article démonte méthodiquement le mythe en quatre coups de scalpel :

1. La machine à tuer l’opposition

Le texte aligne les cadavres et les vies brisées comme on égrène un rosaire macabre : Patrick Karegeya étranglé dans une chambre d’hôtel sud-africaine, tentative d’assassinat sur une journaliste en Tanzanie, enlèvement de Paul Rusesabagina (le vrai protagoniste de « Hôtel Rwanda ») condamné à 25 ans avant d’être gracié sous pression américaine, Victoire Ingabire et Diane Rwigara réduites au silence ou emprisonnées. Le message est clair : critiquer Kagame, c’est signer son arrêt de mort, ici ou à l’étranger.

2. L’État policier en costume-cravate

Derrière les rues impeccables et les feux tricolores qui fonctionnent, le Rwanda est devenu un camp de rééducation à ciel ouvert. L’ article décrit un pays où l’on porte le masque par obéissance plus que par santé, où la moindre parole dissidente est traquée. Le régime a industrialisé la peur : assassinats ciblés, disparitions, procès truqués, exil forcé.

3. Le pari congolais : une guerre pour un mandat de plus

Le cœur de l’accusation est là. Kagame est soupçonné d’avoir envoyé des milliers de soldats et soutenu les rebelles M23 pour prendre Goma et mettre la main sur les minerais de l’est du Congo. Officiellement, c’est pour neutraliser les milices hutu génocidaires. En réalité, l’article le dit sans détour : c’est une diversion désespérée. À 67 ans, confronté à une dette explosive (80 % du PIB), un chômage des jeunes endémique et l’échéance fatidique de 2029 (fin de son dernier mandat constitutionnel), il ravive la menace extérieure pour se poser en protecteur éternel et justifier un nouveau tour de visvoire un référendum pour s’incruster ad vitam.

4. Le monde qui ouvre enfin les yeux

Le plus violent, c’est la chute : l’Occident, qui a longtemps fermé les yeux (« il fait du bon boulot avec notre argent »), commence à sanctionner. Les États-Unis gèlent des aides, l’UE suit, la Chine observe en silence. Kagame n’est plus intouchable. Le titre français de l’article de « The Economist » circulant sur les réseaux – « Dictateur Paul Kagame » – n’est même pas une exagération : c’est la conclusion logique d’un article qui démonte, point par point, la fable du « bon dictateur développementaliste ».

Le verdict

En une page et demie, The Economist achève la mue : Kagame n’est plus le sauveur malgré ses défauts. Il est devenu le problème. L’homme qui fit du Rwanda un miracle économique a transformé ce miracle en prison dorée, et il est prêt à mettre le feu à l’Afrique des Grands Lacs pour y rester enfermé avec ses sujets.

Le message final est glaçant : après avoir vaincu le génocide, Paul Kagame risque de passer à l’histoire comme celui qui, pour ne pas quitter le pouvoir, a choisi d’en devenir un nouveau bourreau, plus discret, plus élégant que Idi Amin ou Bokassa, mais tout aussi mortel et liberticide.

Eugène Diomi Ndongala,

Démocratie Chrétienne

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