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PROXIES ARMES ET ÉLITES INFILTREES : LA DOUBLE STRATEGIE HEGEMONIQUE RWANDAISE POUR DOMINER KINSHASA

Depuis 1997, le Rwanda n’a jamais cessé d’orchestrer une infiltration systématique et multiforme de la République Démocratique du Congo. Loin de se limiter à une simple dimension militaire. Cette stratégie vise ouvertement une hégémonie politique sur Kinshasa, en imposant un contrôle indirect sur le pouvoir central via des proxies politico-militaires comme le RCD, le CNDP, et aujourd’hui le M23 et son aile politique, l’Alliance Fleuve Congo (AFC).

Kigali ne se contente pas de protéger ses frontières: il ambitionne une sphère d’influence tutsie transfrontalière, un accès permanent aux richesses minières des Kivu et une emprise décisive sur la gouvernance congolaise. Les faits sont accablants, documentés par des rapports ONU successifs, et l’histoire récente ne fait que confirmer cette visée hégémonique implacable.

Tout commence avec la Première Guerre du Congo en 1996-1997 (AFDL).

Paul Kagame soutient l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila pour renverser Mobutu, mais une fois au pouvoir, les Rwandais imposent une tutelle flagrante : officier rwandais tutsi au cœur de l’État, James Kabarebe est même nommé chef d’état-major et une présence massive de troupes RDF à Kinshasa est bien visible. Le régime Kabila père apparaît comme une marionnette de Kigali, jusqu’à la rupture en 1998 – LD Kabila essaye de remercier les « coopérants rwandais » – qui déclenche la Seconde Guerre. Là, le Rwanda crée et arme le RCD, installe des administrations parallèles dans l’Est riche en minerais, et pille systématiquement les ressources – des faits avérés par les experts ONU et le rapport Kassem.

Les accords de paix de 2003 forcent un retrait officiel rwandais, mais Kigali perpétue son emprise via les processus d’intégration militaire, ces fameux « brassage » et « mixage » de triste mémoire. Mais ces accords incluent aussi le partage du pouvoir.

Ces mécanismes, censés diluer les rebelles dans les FARDC, permettent au contraire aux RCD, ex-CNDP (soutenus par le Rwanda) de conserver cohésion et loyautés ethniques. Résultat : mutineries récurrentes, naissance du M23 en 2012, et une infiltration profonde dans l’armée et les administrations locales.

Le pouvoir de Joseph Kabila (2001-2019) incarne parfaitement cette politique d’infiltration rwandaise.

Fils putatif de Laurent-Désiré Kabila, il hérite d’un régime déjà infiltré, maintient des relations étroites avec Kigali, intègre massivement des officiers tutsis rwandophones dans les structures de pouvoir, et tolère une influence rwandaise persistante dans l’Est. Des rapports ONU et analystes (comme Crisis Group) soulignent comment son règne prolonge cette tutelle indirecte : protection des intérêts miniers rwandais, répression sélective des opposants anti-rwandais, et une gouvernance qui affaiblit délibérément le pouvoir central au profit d’élites liées à Kigali, avec la simple transformation des mouvements rebelles en …partis politiques, sans aucune forme de justice et réparation pour les populations congolaises victimes de crimes atroces.

Kabila n’a pas été un simple président faible ; il symbolisa l’aboutissement temporaire de cette stratégie hégémonique, où Kinshasa accepte – ou subit – une cogestion rwandaise de l’Est et…un œil jeté aussi sur la gouvernance de l’Ouest…

Aujourd’hui, en décembre 2025, cette infiltration atteint son paroxysme avec la résurgence militaire du M23. Soutenu massivement par 5.000 à 7.000 troupes RDF (estimations ONU et américaines), le M23 capture Goma en janvier, Bukavu en février, et Uvira en décembre, malgré les accords de Washington (signés le 4 décembre) et ceux de Doha.

Au même temps, des bruits persistants courent sur une alliance qui aurait été signée officiellement (le 21/12/25) entre la structure « politique » mise en place par Joseph Kabila à Nairobi et appelée « Sauvons le Congo » avec le M23/RDF. Cette alliance propulserait Kabila à la tête de cette structure fusionnelle politico-militaire, avec un apport financier de sa part pour faire face à l’effort de guerre M23-Rwanda, avec des visées expansionnistes envers le Maniema et Grand Katanga, à la barbe de Washington, Trump et le Conseil de Sécurité de l’Onu.

L’AFC, aile politique du M23 dirigée par Corneille Nangaa (ancien président de la commission électorale sous Joseph Kabila), appelle explicitement au renversement du régime Tshisekedi, installe des gouverneurs parallèles, des systèmes judiciaires et fiscaux, et recrute sur base ethnique pour consolider une autonomie de fait dans les Kivu.

Elle ne se prive même pas de forcer la population congolaises des territoires occupés à marcher à la gloire des occupants, à l’ombre des kalashnikovs !

Ce n’est plus une rébellion défensive des minorités tutsis : c’est une conquête territoriale visant à dicter les termes du pouvoir à Kinshasa, en exploitant les minerais (coltan, or, étain) pour financer l’effort de guerre – des revenus estimés à des centaines de millions de dollars par l’ONU.

Le Rwanda invoque le prétexte des FDLR (opposition hutu), mais les preuves sont irréfutables : commandement direct des opérations M23 par la RDF, déploiement d’armes avancées et une stratégie qui dépasse la sécurité pour imposer une hégémonie régionale.

Cette infiltration politique hybride affaiblit durablement l’État congolais, exacerbe les divisions ethniques et menace la souveraineté nationale. Sans retrait immédiat rwandais et neutralisation réelle des proxies, la RDC risque une balkanisation de facto, avec Kinshasa réduit à un pouvoir nominal sous tutelle de kigali.

L’histoire depuis 1997 le hurle : ce n’est pas une guerre frontalière, c’est une entreprise hégémonique méthodique, et le temps est venu de la nommer sans détour, dénonçant et combattant contre « l’infiltration militaire » mais aussi et surtout « l’infiltration politique » de personnalités qui ne sont pas loyales à l’état congolais et ses intérêts mais à ceux d’un autre état.

Dans ce contexte de guerre hybride politico-militaire, les appels de certains à un « dialogue » apparaissent plus comme un moyen d’imposer, encore une fois, un « brassage politique » à l’état congolais, plutôt que une avancée en termes de pluralisme démocratique.

Face à cette situation, il y a, à notre avis, un seul instrument institutionnel que la RDC doit adopter, sans atermoiements :

la déclaration de l’Etat d’urgence nationale, ex art 85 de la Constitution en vigueur ; de cette manière les autorités congolaises pourront enfin faire face aussi bien à l’infiltration militaire qu’à celle politique qui nous gangrène de l’intérieur, à cause d’un exécutif faible, qui n’assume pas la responsabilité de ses échecs et semble ignorer les stratégies hégémoniques de ses adversaires.

Eugène Diomi Ndongala,

Démocratie Chrétienne.

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