VOICI LES RÉSULTATS DE LA PRÉSIDENTIELLE TELS QUE CONSIGNÉS DANS LES PROCÈS VERBAUX. LA CENI MISE AU DÉFI DE DÉMENTIR.

Les événements de ces derniers jours en République démocratique du Congo ne semblent guère augurer un lendemain, tel que la majorité des Congolais l’espérait, empreint d’espoir, à travers les scrutins présidentiel et législatif du 28 novembre 2011. De manière tout aussi cavalière que surprenant e, la Commission électorale Nationale Indépendante (CENI) a débuté le vendredi 2 décembre la publication des résultats partiels de la présidentielle congolaise. Motif avancé : Ngoy Mulunda, le pasteur président de la CENI n’a pas l’intention de laisser la place à la spéculation et aux résultats dits fantaisistes qui donnent nettement victorieux le candidat Etienne Tshisekedi Wa Mulumba. Malheureusement, les chiffres que cet organe technique d’appui à la démocratie tel qu’institué par le Dialogue Inter Congolais sont loin d’inspirer confiance s’ils n’ont pas été tout simplement publiés à leur tour en guise de ballon d’essai. Jouer avec la psychologie des électeurs congolais, telle est la dernière trouvaille des stratèges de Joseph Kabila et ses sbires. Ils ne pensaient pas si bien faire. À Kinshasa en particulier, ville qui adule le leader de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, UDPS, la population est plus qu’en colère. En province, là où la population réclame également la vérité des urnes, c’est la stupéfaction totale mêlée à une grande amertume quand on y ajoute la psychose en cours installée pour parachever un schéma de terreur au détriment des supporters de Tshisekedi. Il faut pour s’en convaincre faire allusion aux bruits des bottes dans le Kasaï oriental, au Katanga et aux dernières nouvelles à Kinshasa notamment où cette nuit du 4 au 5 décembre, les coups de feu nourris ont été tirés dans la commune de Limete, particulièrement autour de la résidence de M. Tshisekedi, alors que le staff de ce dernier était en réunion. Pas étonnant donc que des milliers de Congolais aient commencé la traversée de Brazzaville, la capitale du Congo d’en face. Ceux qui le peuvent y ont fait précéder déjà femmes et enfants. À la vérité, il n’y a plus rien à attendre de Ngoy Mulunda et son équipe en termes de transparence et de crédibilité du processus électoral. Après avoir subi la rhétorique diplomatique des différentes missions d’observateurs étrangers, sans réel impact sur la détermination du pouvoir sortant dans ses manœuvres de tricherie, les Congolais vont se rappeler longtemps de ce dimanche 4 décembre comme une journée de trahison ( ?) de la part de l’église catholique dont ils attendaient une position sans ambigüité sur ce que l’on convient d’appeler maintenant la supercherie électorale de Ngoy Mulunda, attestée par un climat de violence, de tuerie et de terreur orchestrée par la soldatesque de Joseph Kabila. Un bilan macabre de 18 morts et plusieurs blessés, selon les chiffres établis par Human Right Watch. En effet, dans un communiqué, la Conférence épiscopale du Congo (CENCO) est revenue sur ses déclarations d’avant les élections qui affirmaient qu’elle publiera les résultats qui sortiront réellement des urnes, grâce notamment à la vigilance de ses 30 000 observateurs soutenus matériellement par le Centre Carter, disséminés dans les différents bureaux de vote. Ce jour, la CENCO affirme n’avoir compilé que 23,9%, d’où sa difficulté de publier un résultat significatif qui puisse refléter la volonté populaire. Le problème, c’est le moment choisi par l’église pour déclarer qu’elle n’a pas pour rôle la publication des résultats électoraux. Même au sein du clergé catholique, c’est loin d’être l’unanimité sur cette position mi figue mi raisin, sans courage aucun. Alors pourquoi avoir déployé autant de monde pour aboutir à un constat flou ? Pour les millions des fidèles catholiques, c’est ni plus ni moins la démission du berger. La volt face des évêques congolais, eux qui ont toujours été considérés comme les défenseurs des plus faibles, en plus d’être une marche arrière, est interprétée comme une caution aux résultats farfelus publiés par la CENI. Que faire en pareil cas, alors que des échos en provenance des capitales occidentales ne sont guère encourageants ? La France, la Belgique et les Etats-Unis feignent d’ignorer la crise qui couve et montre tous les signes d’une implosion au 6 décembre, sous le regard quasiment impassible de la plus couteuse des Missions des Nations unies dans le monde, la Monusco. À la dernière réunion du Conseil de Sécurité des Nations Unies où la question électorale du Congo était à l’ordre du jour, Joseph Kabila est apparu aux yeux de ceux qui forment le cercle des prédateurs des richesses de ce pays comme le choix de premier ordre, au mépris du plébiscite de M. Tshisekedi lors du scrutin du 28 novembre.Dés pipés, opacité totale du processus et des opérations électorales, bourrage des urnes, intimidation et autres violences gratuites, la pilule devient plus qu’amère et impose à ce jour qu’un éclairage soit fait. Placés devant leurs responsabilités, les Congolais qui ont soif du changement et souhaitent ardemment l’alternance politique sont condamnés à agir pour ne pas se faire voler leur victoire. Pour sa part, le site Le Peuple d’abord a donc décidé de commencer la publication progressive des vrais résultats, ceux obtenus à partir des procès verbaux établis par les témoins des partis politiques et cosignés par le personnel de la CENI. Plus qu’un appel, c’est un défi lancé à la CENI pour qu’elle produise les documents qui contrediront les chiffres détaillés ci-après publiés de l’ensemble des résultats.Ci-annexées , à titre d’illustration, des copies versions PDF des PV des provinces de Kinshasa et du Bas-Congo. JPW