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NEGOCIATIONS A DOHA : L’OMBRE DES MASSACRES ET LE SOUFFLE PRESSANT DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

Le point sur la nouvelle ronde de négociations de Doha.µ

Au cœur des négociations de Doha, le dossier des libérations de prisonniers par le M23/AFC reste un nœud gordien tendu par des accusations croisées et un cruel manque de confirmation qui sape la confiance et freine les avancées.

Malgré des engagements mutuels dans la Déclaration de principes signée le 19 juillet 2025 sous médiation qatarie, appelant explicitement à faciliter l’échange de captifs, le M23/AFC – sous pression pour démontrer sa bonne foi – est accusé de n’avoir procédé à aucune libération vérifiée récemment. Les faits sur le terrain peinent à suivre : des sources pro-M23 sur les réseaux sociaux, souvent alignées sur des narratifs rwandais, affirment des gestes de bonne foi avec des libérations déjà effectuées, contrastant avec l’immobilisme présumé de la RDC.

Pourtant, ces allégations manquent cruellement de détails – pas de dates précises, pas de nombres confirmés, ni de mécanismes clairs comme des remises via intermédiaires internationaux ou sous supervision de l’ONU. Aucune source fiable ne corrobore ces libérations en 2025, se focalisant plutôt sur les exigences du M23 et les violations du cessez-le-feu humanitaire, d’ailleurs ébréché depuis son entrée en vigueur le 5 juillet.

Les évolutions récentes amplifient ce blocage persistant : le M23/AFC conditionne sa pleine participation aux talks à la libération par Kinshasa de plus de 780 détenus revendiqués comme siens, transférés vers Goma sous son contrôle depuis janvier 2025. Du côté du gouvernement congolais de Félix Tshisekedi, pas de concessions massives : Kinshasa rejette une libération immédiate, préférant des amnisties au cas par cas dans un accord final, de peur que ces détenus ne gonflent les rangs rebelles.

Cette impasse rhétorique, où les rumeurs de libérations par le M23 semblent plus destinées à pointer du doigt Kinshasa qu’à agir concrètement, a déjà fait dérailler le calendrier – les pourparlers, prévus dès le 8 août pour un accord d’ici le 18, se prolongent dans une volatilité accrue, avec des offensives sporadiques du M23 en Sud-Kivu.

Mais un nouveau vent de pression diplomatique pourrait bien secouer cette stagnation : la récente réunion du Conseil de Sécurité de l’ONU (CSNU), le 22 août 2025, saisi par les États-Unis suite à la dénonciation de massacres en est de la RDC, injecte une dose d’urgence internationale. Lors de cette session du Conseil de Sécurité de l’Onu, des orateurs – dont les représentants américains – ont fustigé la violence galopante qui outrepasse la diplomatie, citant les derniers massacres par le M23/AFC (plus de 140 civils tués en juillet près du parc de Virunga, selon HRW) et d’autres groupes comme l’ADF (50 civils abattus mi-août en North Kivu). Ces atrocités, imputées en partie à un M23 soutenu par le Rwanda, violent les engagements de la Déclaration et minent le processus de paix qatari-américain.

Ces pressions conséquentes pourraient influencer les négociations de Doha de manière décisive.

D’un côté, elles accentuent l’isolement du M23/AFC et du Rwanda, avec des appels à des sanctions renforcées et une surveillance accrue de l’ONU, forçant potentiellement des concessions comme des libérations vérifiables ou un retrait territorial pour démontrer une « bonne foi » sous les projecteurs internationaux. De l’autre, elles risquent de durcir les positions : Kinshasa pourrait exploiter ces condamnations pour exiger plus, tandis que le M23/AFC, se sentant acculé, pourrait suspendre les talks ou intensifier les hostilités.

Déjà, la reprise des discussions cette semaine, après un blocage estival, montre un élan fragile – un projet d’accord partagé par le Qatar a reçu des réactions positives, mais la volatilité sur le terrain (7 millions de déplacés, 27,8 millions en insécurité alimentaire, il ne faut jamais l’oublier) amplifie l’enjeu.

Sans preuves tangibles ni progrès mutuels sur les prisonniers, cette question empoisonne les négociations, risquant de raviver les flammes d’un conflit dévastateur.

Le Qatar prépare une nouvelle ronde de négociations et propositions, mais sous l’ombre du CSNU, ces pourparlers pourraient basculer vers un pacte forcé ou… un échec retentissant.

Le conflit congolais n’a jamais été aussi inflammable et sous les projecteurs de l’opinion internationale.

Eugène Diomi Ndongala,

Démocratie Chrétienne

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