REUNION DU CSNU SUR LA RDC : LES MASSACRES DU M23 ET DU RWANDA ÉCLABOUSSENT LE PROCESSUS DE PAIX
La réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) tenue ce matin sur la situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) n’est pas qu’une formalité diplomatique. Elle jette une lumière crue sur les horreurs perpétrées par le groupe rebelle Mouvement du 23 Mars (M23), soutenu par le Rwanda, qui ont transformé des villages paisibles en charniers – le tout en pleine négociation de paix.
Au centre de ces accusations : un rapport accablant de Human Rights Watch (HRW) publié le 20 août 2025, révélant l’exécution sommaire de plus de 140 civils par le M23 près du Parc national de Virunga en juillet dernier. Ces actes barbares, commis alors que des accords étaient signés, soulignent une hypocrisie flagrante et menacent de faire dérailler tout espoir de stabilité.
Au moins 140 civils – hommes, femmes et enfants – ont été abattus sans pitié, souvent à bout portant, par des combattants du M23 appuyés par des éléments des Forces de défense rwandaises (RDF).
Ce n’est pas un incident isolé : des sources corroborent des chiffres encore plus effroyables, avec plus de 300 victimes dans des massacres similaires, transformant l’est de la RDC en un théâtre de terreur indiscriminée. Le M23, loin de nier ses actes, les rejette comme « infondées », mais les preuves s’accumulent, pointant directement vers une stratégie de contre-insurrection brutale contre des milices anti-M23.
Pire encore, ces atrocités interviennent en plein cœur d’un processus de paix que l’on croyait prometteur.
Le 27 juin, un accord entre la RDC et le Rwanda, facilité par les États-Unis, promettait une désescalade – neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), désengagement des forces, et coopération économique en énergie, infrastructures et mines. À Doha, sous médiation qatarie, une Déclaration de principes signée le 23 avril avec le M23 engageait à un cessez-le-feu immédiat et à rejeter la haine.
Pourtant, à peine les encres séchées, le M23 frappe : des attaques en juillet, suivies d’une vague en août par les Forces démocratiques alliées (ADF), tuant plus de 100 civils supplémentaires. Le Rwanda, accusé de piloter ces opérations via des proxies, nie farouchement, mais les rapports du Groupe d’experts onusien confirment son implication, corroborant les allégations mutuelles qui empoisonnent la région depuis le génocide de 1994.
La réunion du CSNU, convoquée par Washington en réponse à ces « abus horribles » – comme l’a tweeté le Bureau des affaires africaines du Département d’État le 20 août – pourrait être le coup de grâce pour cette duplicité.
La Secrétaire générale adjointe de l’Onu, Martha Ama Akyaa Pobee, a briefé sur une escalade qui sape tout progrès : des négociations avortées à Doha, où la signature d’un accord prévue le 18 août a capoté sur des exigences comme la libération de prisonniers.
Les États-Unis, insistant pour une déclaration de presse condamnant explicitement le « M23 soutenu par le Rwanda », ont rompu le silence diplomatique, malgré l’opposition du groupe « A3 Plus » (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana).
Si cette ligne passe, attendez-vous à des sanctions renforcées : embargos sur les armes, gels d’avoirs, et peut-être une référence à la Cour pénale internationale pour crimes de guerre.
Pour le M23, ces massacres en pleine trêve signent une perte de légitimité fatale.
Déjà sous le coup de la résolution 2773 exigeant un cessez-le-feu inconditionnel, le groupe risque un mandat élargi pour la MONUSCO, avec des opérations musclées contre ses bastions. Quant au Rwanda, ce soutien présumé expose Kigali à un isolement international : suspension d’aides, boycotts régionaux, et une tache indélébile sur son image de « modèle africain ». Les tensions montent – accusations de posture offensive de Kinshasa par le M23, ripostes des Forces armées congolaises (FARDC) – risquant un effet domino : plus de déplacés, une crise humanitaire amplifiée, et un processus de paix réduit en miettes.
Les mesures concrètes qui pourraient découler de cette saisine américaine au CSNU ne se font pas attendre et visent directement à briser l’impunité du M23 et du Rwanda.
Basées sur des précédents comme la résolution 2773 de février 2025, qui a déjà condamné les offensives du M23 et exigé leur retrait immédiat des zones capturées, le Conseil pourrait adopter une nouvelle résolution imposant des sanctions ciblées supplémentaires :
gels d’avoirs et interdictions de voyage pour les leaders du M23 et des officiels rwandais impliqués, ainsi qu’un embargo renforcé sur les armes pour empêcher tout approvisionnement logistique.
Les États-Unis, forts de leur rôle de facilitateur, poussent pour une référence à la Cour pénale internationale (CPI), ouvrant la voie à des enquêtes et poursuites pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, comme cela a été fait pour d’autres crises africaines.
De plus, un renouvellement du mandat de la MONUSCO pourrait autoriser l’usage de la force accrue pour protéger les civils et démanteler les « administrations parallèles illégitimes » établies par le M23, tandis que des pressions diplomatiques – y compris la suspension d’aides internationales au Rwanda – viseraient à forcer Kigali à cesser tout soutien présumé. Ces actions, si adoptées, pourraient isoler économiquement le Rwanda et affaiblir militairement le M23, transformant cette saisine en un pivot décisif contre les responsables des massacres.
En fin de compte, ces révélations de HRW ne sont pas qu’un rapport de plus ; elles sont un cri d’alarme contre l’impunité. Tandis que le CSNU réitère ses condamnations, la question brûle : combien de vies faudra-t-il encore pour que le M23 et le Rwanda assument leur rôle dans ce bain de sang ?
Sans justice immédiate, l’Est de la RDC restera un enfer sur terre, et la paix, un mirage lointain.
Eugène Diomi Ndongala,
Démocratie Chrétienne




