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RDC : SERIE NOIRE DE RAPPORTS DE L’ONU–LE M23 ENCORE ACCABLE POUR SES MASSACRES DE CIVILS CONGOLAIS

Alors que les pourparlers de paix se profilent à Doha et que Washington multiplie les initiatives diplomatiques pour apaiser les tensions en République Démocratique du Congo, un nouveau rapport des Nations unies, diffusé le 2 octobre 2025, vient jeter une ombre glaçante sur ces espoirs fragiles.

Le Secrétaire général António Guterres dénonce sans ambiguïté les agissements criminels du groupe rebelle Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 mars (AFC/M23), soutenu par l’armée rwandaise, qui poursuit son expansion territoriale au Nord-Kivu tout en commettant des atrocités systématiques contre les civils congolais.

Ce document, couvrant la période de juillet à septembre 2025, révèle un bilan effroyable : des exécutions sommaires, des enrôlements forcés et des destructions massives qui transforment l’est du pays en un champ de ruines humaines, malgré les appels répétés à un cessez-le-feu.

Ce nouveau rapport s’inscrit dans une série noire de dénonciations de l’ONU contre le M23, comme le rapport du Conseil de sécurité de septembre 2025 qui appelait déjà à l’arrêt immédiat des massacres, des violences sexuelles liées au conflit et du recrutement forcé par le groupe, ou encore le rapport annuel sur les enfants et les conflits armés de juin 2025 couvrant 2024, où M23 est accusé d’avoir tué 190 enfants et mutilé 248 autres, soit 244 cas au total pour ce seul groupe rebelle.

Ces accusations récurrentes soulignent la persistance d’un comportement criminel qui défie les efforts internationaux.

Le dernier rapport rendu public hier par Antonio Guterres, met en lumière une escalade alarmante des violations des droits humains, avec l’AFC/M23 identifié comme le principal bourreau. Sur les 1154 abus documentés au cours de ces trois mois, causant au moins 2110 victimes civiles – dont 625 femmes et 313 enfants –, le groupe rebelle est responsable de plus de la moitié des cas.

Les exécutions sommaires atteignent un pic terrifiant : au moins 539 personnes, incluant 146 femmes et 80 enfants, ont été tuées de manière arbitraire par les forces de M23 et leurs alliés rwandais.

Un exemple particulièrement choquant est le massacre de Rutshuru, dans la chefferie de Bwisha, où 335 civils – dont 52 femmes et 24 enfants – ont été abattus lors d’opérations conjointes avec l’armée rwandaise (RDF).

Ces actes ne sont pas des dommages collatéraux isolés, mais une stratégie délibérée pour consolider le contrôle territorial, punir les communautés soupçonnées de sympathies adverses et semer la terreur.

Au-delà des tueries, le M23 s’adonne à des enrôlements forcés qui brisent des vies entières. Le rapport accuse le groupe d’avoir arrêté arbitrairement au moins 1454 personnes, dont des civils, des enfants et des jeunes, pour les envoyer dans des camps d’entraînement militaire à Rutshuru.

Ces pratiques rappellent les pires méthodes de conscription des groupes armés, transformant des villages paisibles en réservoirs de chair à canon.

Parallèlement, les destructions systématiques de maisons, de commerces et d’infrastructures ont forcé des milliers de Congolais à fuir, aggravant une crise humanitaire qui compte déjà plus de deux millions de déplacés au Nord-Kivu.

Malgré un cessez-le-feu théorique et des opérations prétendument défensives contre les bastions des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et des groupes Nyatura, le M23 a étendu son emprise sur les territoires de Walikale et de Masisi. Le soutien « critique » du Rwanda – incluant troupes, matériel et renseignements – est une fois de plus pointé du doigt, rendant Kigali complice de ces crimes, selon l’ONU.

Des estimations antérieures font état de 3000 à 4000 soldats rwandais opérant aux côtés de M23, alimentant une guerre par procuration qui défie les résolutions internationales.

Ce qui rend ce rapport d’autant plus accablant, c’est son timing : il survient alors que des négociations cruciales sont en cours. À Doha, des pourparlers directs entre Kinshasa et l’AFC/M23 sont en cours, sous l’égide du Qatar, tandis que Washington pousse pour des médiations régionales impliquant l’Angola et les États-Unis.

Pourtant, les hostilités persistent, comme en témoigne la reprise des combats en octobre 2024 malgré un accord de trêve. Le M23, qui se présente comme un défenseur des civils face aux « menaces » du gouvernement congolais, nie ces allégations et justifie ses actions comme des mesures protectrices. Mais les faits parlent d’eux-mêmes : ces crimes potentiellement qualifiables de crimes contre l’humanité sapent tout processus de paix et exposent l’hypocrisie d’un groupe qui, loin de protéger, terrorise les populations qu’il prétend « libérer ».

Face à cette impunité, l’ONU appelle à un retrait immédiat de M23 et à la fin du soutien rwandais, conformément à la Résolution 2773 di Conseil de Sécurité de l’Onu.

Pour les civils congolais pris au piège, ces débats diplomatiques sonnent creux. Combien de massacres supplémentaires avant que la communauté internationale passe des rapports aux actions concrètes et aux sanctions ?

La paix à Doha et Washington ne saurait tolérer plus longtemps ce bain de sang.

Eugène Diomi Ndongala,

Démocratie Chrétienne.

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