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LE M23 ESSAYE DE BATIR UN MICRO-ETAT AU KIVU, MENACE ULTIME POUR LA SOUVERAINETE CONGOLAISE

Neuf mois après avoir arraché de vastes territoires dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu aux forces gouvernementales de Kinshasa, l’Alliance Fleuve Congo – Mouvement du 23 Mars n’est plus une simple milice rebelle : elle érige méthodiquement un micro-Etat fantôme, un appareil institutionnel alternatif qui défie l’autorité centrale et érode les fondations de la République Démocratique du Congo.

Cette consolidation administrative – gouverneurs nommés, magistrats enrôlés, unités policières locales, chefs coutumiers cooptés et qui remplacent les ayant droit ancestraux et une fiscalité vorace – n’est pas un accident du chaos : elle matérialise l’ambition rwandaise d’un micro état au Kivu, un bastion territorial sécurisé, faute de pouvoir réimposer une hégémonie totale sur la RDC.

Comme révélé dans notre analyse antérieure du 19 septembre 2025, intitulée « LE DESSEIN HEGEMONIQUE DE KIGALI : UN MICRO-ETAT AU KIVU OU BIEN UN CONTROLE SUR KINSHASA »[1] , ce stratagème rwandais, ancré dans des interventions historiques depuis l’AFDL en 1997, réagit aux purges de Tshisekedi contre les vestiges pro Kabila, transformant le M23 en outil de déstabilisation pour sécuriser des ressources minières vitales et perpétuer une domination régionale.

Au cœur de cette machination, l’AFC-M23 structure son pouvoir avec une précision quasi étatique, un « mini Etat » qui fusionne contrôle militaire et gouvernance civile. Des sources locales et observateurs indépendants confirment que, depuis février 2025, des gouverneurs comme le colonel Bahati Musanga au Nord-Kivu, flanqué de vice-gouverneurs Willy Manzi Ngarambe et Amani Bahati Shadrak, orchestrent une hiérarchie descendante : administrateurs territoriaux, bourgmestres et subalternes loyaux gèrent les entités locales, imposant des règles draconiennes qui verrouillent les accès et étouffent toute dissidence.

Cette recomposition s’étend aux structures coutumières, où des chefs de chefferies et groupements, souvent déplacés ou réfugiés, cèdent la place à des figures alignées sur la cause rebelle, intégrant ainsi les traditions locales dans un réseau de loyauté forcée et souvent ethniquement orientée.

Sur le plan sécuritaire, le mouvement transcende le simple quadrillage militaire : de nouvelles unités de police, formées à partir de recrues locales – parfois enrôlées de force – assurent le maintien de l’ordre interne, tandis que des centaines de magistrats civils et militaires, fraîchement nommés, dispensent une justice partisane.

L’administration fiscale, qualifiée de « très active », prélève des taxes sur les mines et le commerce, générant des revenus qui autofinancent cette expansion, tout en alimentant les coffres rwandais via des réseaux de contrebande de coltan, or et cobalt.

Cette architecture parallèle, qui contrôle désormais plus de 124 000 km² incluant Goma, Bukavu et Bunangana, n’est pas une improvisation : elle matérialise l’ambition rwandaise d’un micro état au Kivu, un bastion territorial sécurisé faute de pouvoir réimposer une hégémonie totale sur la RDC.

En formant plus de 200 cadres en « leadership et bonne gouvernance » à Goma en septembre 2025, et en rouvrant des postes frontaliers comme la Grande Barrière pour monopoliser le commerce, l’AFC-M23 légitime son emprise, présentant cela comme une « révolution » contre l’État affaibli de Kinshasa.

Pourtant, derrière cette façade, les abus pullulent :

recrutements forcés, massacres civils documentés à plusieurs reprises par l’ONU et un pillage systématique qui masque une quête économique rwandais, où les minerais du Kivu financent l’économie de Kigali tout en privant la RDC de ses richesses.

Les retombées humanitaires sont dévastatrices, amplifiant l’incertitude pour les populations du Kivu prises en tenaille. Humanitaires et organisations de la société civile butent contre des règles imposées par l’AFC-M23, qui contrôlent les accès et rendent « presque impossible » la libre circulation, comme le déplore une source à Goma.

Des déplacements massifs, exacerbés par les captures récentes comme Nzibira et Lubimbe en octobre 2025, plongent des millions de congolais dans le chaos, tandis que des initiatives locales sous M23 – comme l’accès à l’eau potable à Nyiragongo – servent de propagande pour masquer les violations. Cette dualité – protection feinte contre les milices comme les FDLR versus exploitation réelle – renforce le narratif rwandais, où le M23 défend les Tutsis congolais tout en avançant l’agenda hégémonique de Kigali.

Sur le front diplomatique, l’Accord de Doha, censé désescalader, gît en suspens depuis août 2025, avec un nouveau round en octobre qui s’annonce stérile face à l’administration parallèle du M23, alors que la déclarations des principes adoptée à Doha quelques mois auparavant prévoyait le rétablissement de l’autorité de l’ Etat congolais sur les territoires occupés. Sur le front de l’Accord de Washington, entre la RDC et le Rwanda, le manque de retrait des forces rwandaises de la RDCongo empêche toute progression dans son application. Cette réalité de terrain pulvérise les marges de manœuvre, forçant Kinshasa à négocier avec un interlocuteur soutenu par jusqu’à 4000 troupes rwandaises, malgré les démentis de façade et invraisemblables de Kigali.

Les échecs cumulés – retrait angolais de la médiation UA et celle de la SADC/EAC– soulignent comment le dessein de Kigali exploite les failles internationales, pour imposer son plan hégémonique, à la barbe du droit international.

Des voix de communicateurs du M23 dans les réseaux sociaux polarisent le débat : certains prônent une « République du Kivu » autonome, d’autres dénoncent une balkanisation orchestrée par Rwanda, risquant une marche sur Kinshasa ou une intégration forcée des rebelles dans l’armée congolaise.

En somme, cette administration rebelle n’est pas un épiphénomène ; elle cristallise le plan rwandais d’un micro état au Kivu comme levier pour une hégémonie plus vaste, menaçant de fragmenter la RDC si la communauté internationale n’impose pas des sanctions ciblées sur Kagame et ses hommes de paille au sein du M23.

Sans une riposte unie – réformes des FARDC, alliances SADC, exposition des réseaux miniers illégaux – les populations du Kivu sombreront plus profondément dans l’abîme, victimes collatérales d’une quête de domination qui, depuis trois décennies, érode la souveraineté congolaise au profit d’un voisin ambitieux et impitoyable qui voudrait imposer la balkanisation de la RDCongo, pour instaurer un état satellite au Kivu.

Comme l’on peut lire dans un article du Wall Street Journal, intitulé « Des décennies après le génocide, le Rwanda émerge en tant que puissance régionale agressive » de Michael Phillips, publié le 23 août 2025, « ce qui était autrefois un objet de pitié internationale est devenu un régime prédateur, où la stabilité intérieure rime avec répression impitoyable et où l’ambition extérieure se traduit par une agression flagrante contre la République Démocratique du Congo, alimentée par une soif insatiable de minerais stratégiques » [2].

Les congolais doivent unir toutes leurs énergies pour faire échec à ce plan hégémonique rwandais.

Eugène Diomi Ndongala,

Démocratie Chrétienne


  1. LE DESSEIN HEGEMONIQUE DE KIGALI : UN MICRO-ETAT AU KIVU OU BIEN UN CONTROLE SUR KINSHASA https://democratiechretienne.org/2025/09/19/le-dessein-hegemonique-de-kigali-un-micro-etat-au-kivu-ou-bien-un-controle-sur-kinshasa/
  2. LE WALL STREET JOURNAL EXPOSE LES DERIVES DE KAGAME : DU BOUCLIER DU GENOCIDE AU PILLAGE DE LA RDC https://democratiechretienne.org/2025/08/27/le-wall-street-journal-expose-les-derives-de-kagame-du-bouclier-du-genocide-au-pillage-de-la-rdc/
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