RDC: imbroglio autour des détenus politiques « libérés » – Marie-France Cros / LA LIBRE AFRIQUE

Par Marie-France Cros.
Imbroglio à Kinshasa autour des 700 détenus – dont deux prisonniers politiques connus, Franck Diongo et Firmin Yangambi – dont la libération “conditionnelle” a été annoncée mercredi soir par la Présidence de la République. Vendredi matin, ils étaient toujours détenus. Dans l’après-midi, les réseaux sociaux annonçaient que M. Yangambi venait de sortir de prison, tandis que M. Diongo entendait sortir samedi sous les acclamations des siens.
Le retard dans la libération est dû à la prolongation par le ministre sortant de la Justice, Alexis Thambwé Mwamba, de son séjour à Kindu, sa région d’origine. Celui-ci doit en effet signer les arrêtés individuels de remise en liberté. Le retour du ministre à Kinshasa avait été annoncé pour jeudi par le directeur de cabinet du président Tshisekedi, Vital Kamerhe ; il semble toutefois que M. Thambwé ait prolongé inopinément son absence de la capitale.
Obstruction?
Kamerhe avait évoqué cette absence pour expliquer pourquoi Eugène Diomi n’avait pas été libéré avec ses deux compagnons d’infortune. Si d’aucuns suggèrent que M. Thambwé fait de l’obstruction, le parti d’Eugène Diomi, Démocratie chrétienne (DC), estime qu’il était, ce vendredi, encore trop tôt pour le dire.
RDC: libération de 700 prisonniers, dont deux « politiques » connus
Il en irait autrement « si cette situation ubuesque se prolongeait la semaine prochaine », a indiqué à La Libre Afrique.be le professeur Jean-Pierre Boka Kapella, conseiller politique de la DC. Le professeur ajoute cependant que si M. Thambwé ne signait pas l’arrêté de libération conditionnelle « du plus important leader de l’opposition encore en prison », il désobéirait à « une injonction du chef de l’Etat » et serait « menacé de destitution immédiate, à l’instar du ministre sortant des Affaires foncières », Lumeya Dhu Maleghi, suspendu mercredi en raison d’expropriations contestées.
Rappelons que M. Diomi est un des détenus politiques « emblématiques » cités nommément dans l’Accord de la St-Sylvestre 2016, dont la libération devait intervenir pour pacifier le pays. En outre, le Comité des Droits de l’Homme de l’Onu avait exigé sa libération immédiate et son indemnisation en raison de l’irrégularité de son procès et de sa condamnation – obligation que Kinshasa n’a pas exécutée jusqu’ici. « Nous estimons que des influences du cabinet kabiliste sortant Thambwé ont joué pour que le président Diomi Ndongala ne soit pas directement grâcié, induisant le président Félix Tshisekedi en erreur », ajoute le professeur Boka. Notamment parce que la DC a « fait condamner la RDC par une instance internationale. Voilà pourquoi le traitement infligé à l’opposant Eugène Diomi Ndongala est toujours très dur ».