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Paix dans l’Est de la RDC : Diomi Ndongala propose un dialogue entre Congolais / LE POTENTIEL

Au regard de la situation chaotique que traverse la RDC, notamment la guerre dans l’Est ainsi que la crise généralisée, le président national de la Démocratie chrétienne (DC), Eugène Diomi Ndongala, propose la tenue d’un dialogue entre Congolais, seule issue pour décrisper cette crise.

Pour Eugène Diomi Ndongala, le processus électoral de 2023-2024 n’a pas été libre, transparent, démocratique, encore moins fiable. Ce scrutin du 20 décembre, renchérit-il, a été un « chaos« , caractérisé, en général, par « la fraude, la corruption à grande échelle, le vandalisme de matériel électoral, l’incitation à la violence, la détention illégale des Dispositifs électroniques de vote (DEV), l’achat de conscience, l’intolérance, l’impudicité, l’atteinte aux droits humains, à la vie humaine et à la dignité des personnes, allant jusqu’à humilier publiquement la femme ».

C’est le constat qu’a fait la Cenco du récent processus électoral en RDC, dans son message publié en janvier 2024, après consultation de la plus grande organisation indépendante d’observation des élections, mise en place par l’Église catholique et l’Église protestante en RDC (MOE-ECC).

Pour les évêques, le chaos enregistré au cours de cette quatrième édition des élections en RDC fait suite à l’obstination de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) d’organiser ce scrutin « par défi« , alors qu’elle était consciente des certaines contraintes.

Renforcer la cohésion nationale

Face à ces défis qui mettent en danger le pays, à cause notamment du mépris des valeurs morales, les évêques congolais appellent les instances compétentes qui ont pour mission de veiller à la stabilité, à la justice et à la cohésion nationale, d’user de la sagesse et de l’intelligence consciente pour redorer le blason terni. Ils appellent le président de la République à être le garant de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale. Ils réaffirment leur disponibilité à lui apporter l’aide nécessaire pour la réussite de ce deuxième et dernier mandat pour l’intérêt du peuple congolais.

Ils recommandent au gouvernement de prendre des mesures nécessaires et urgentes pour décourager la xénophobie et les élans de tribalisme notés dans les discours tout au long de la campagne électorale et de mettre en place un mécanisme politique pour renforcer la cohésion nationale. Les prélats demandent également l’organisation des élections dans les territoires où elles n’ont pas eu lieu: Rutshuru, Masisi et Kwamouth.

Ils proposent une réforme de la CENI et la clarification de l’indépendance de cette commission par rapport aux lois nationales pour garantir la bonne gouvernance. Ils demandent en outre au gouvernement d’identifier et de poursuivre les personnes impliquées dans les détournements des DEV.

Au ministère public, aux cours et tribunaux, les évêques demandent de se saisir d’office de toutes les dénonciations pour invalider les fraudeurs connus qui ont été proclamés élus. Ils les appellent à être au service de la justice et non des individus, en traitant sans complaisance tous les dossiers relatifs aux recours et contentieux électoraux. La justice doit aussi être appliquée sur les cadres et agents de la CENI qui ont été complices dans la fraude électorale. « Une justice qui fait la promotion des antivaleurs est un cancer pour la nation », soulignent les prélats congolais.

Les élections au Kongo Central et à Kinshasa ont particulièrement fait scandale en ce qui concerne l’achat des consciences, difficilement contestable, même si la justice, au niveau du contentieux électoral, a décidé de ne rien voir à Kinshasa, alors que le Conseil d‘État a annulé l’élection du gouverneur au Kongo Central. « Voilà pourquoi nous soutenons que la crise de légitimité se reflète, automatiquement, en une crise politique et institutionnelle« , entrevoit Diomi.

La stagnation économique

Selon le président national de la DC, l’actuel régime qui entre dans sa sixième année de gouvernance, se caractérise encore aujourd’hui par la coloration scarlatte de tous ses paramètres économiques :

dégradation du taux de change, surtout par rapport au dollar américain ;inflation qui dépasse le 24 % annuel ;stagnation économique, manque de production industrielle, détérioration des infrastructures économiques non remplacées par des nouvelles et dégradations des services publics comme celui de la fourniture de l’électricité (avec un taux de desserte de moins de 10 % du territoire national) ainsi que de l’eau potable ; retour de la dette publique, avec 10 milliards d’endettements qui n’ont pas été investis dans la construction de nouvelles grandes infrastructures ;gestion calamiteuse du budget national, où 70 % environ est absorbé pour le fonctionnement des institutions politiques, qui accumulent des dépassements budgétaires à la fin de l’année, réduisant à presque rien le pourcentage de fonds publics dédiés aux investissements et aux besoins sociaux élémentaires d’une population extrêmement pauvre.

Derrière une situation politique instable se dessine un horizon financier sombre. Tous les indicateurs congolais sont au rouge. Dans l’économie congolaise, « Jungle » majoritairement informelle, dépourvue de suivi statistique précis et soumise à la volatilité des prix, ces deux chiffres, le taux de change et le prix à la consommation, constituent les seules balises utilisables. Au sud-est du pays, à Lubumbashi, capitale de la province minière du Haut-Katanga, désespère. Le cœur économique bat au ralenti. Le prix de la tonne de cuivre est volatile. La soif du cuivre ne suffit pas !

Eeeeh dollar ekita ! 

Le 20 mai 2023, l’opposition congolaise avait organisé une marche pacifique dans les rues de Kinshasa, pour non seulement réclamer les élections démocratiques et transparentes, mais aussi dénoncer la « vie chère » dans le pays. Hélas, la marche a été violemment réprimée par la police. Mais les Congolais ne désarment pas : partout où ils peuvent faire face à une autorité de la République, ils réclament tout haut l’amélioration de leurs conditions de vie.

Récemment, lors de la cérémonie d’ouverture des IXᵉ jeux de la Francophonie, alors que le président Félix Tshisekedi prononçait son discours au stade des Martyrs, des cris montaient d’une partie des gradins :« Eeeeh, dollar ekita eh ! », traduction : « Eeeeh, que le dollar baisse ! ».

7,2 millions de déplacés de guerre et 3 provinces déstabilisées

La situation humanitaire de l’Est de la RDC est exécrable. Les agences onusiennes ont inventorié environ 7,2 millions de déplacés internes qui vivent dans des situations inhumaines et surtout avec très peu de moyens de subsistance.

C’est ce que révèle le rapport de l’Amnesty International, publié mardi 23 avril, sur la situation des droits humains dans le monde.

Volonté de modifier la Constitution

« La Constitution, approuvée par référendum en 2006, fut adoptée initialement par les assises du Dialogue Inter-congolais, auquel j’ai participé en ma qualité de chef de délégation du Front pour la survie de la démocratie au Congo (FSD), une plateforme de la composante Opposition non armée.

D’après l’article 219, « aucune révision ne peut intervenir pendant l’état de guerre, l’état d’urgence ou l’état de siège, ni pendant l’intérim à la présidence de la République, ni lorsque l’Assemblée nationale et le Sénat se trouvent empêchés de se réunir librement», rappelle Diomi. Et d’ajouter, « le président de la République veille au respect de la Constitution ».

« J’invite les autorités de la RDC à ne pas stigmatiser la Constitution de la RDC en tant que « coupable » de certains dysfonctionnements institutionnels qui pourraient aisément être corrigés par l’adoption d’une nouvelle loi électorale, comme le fléau de la multiplication des candidatures des mêmes individus à plusieurs places de responsabilités électives ».

Pour lui, la Constitution d’un pays devrait rester une référence et un instrument de stabilité, comme aux USA ou au Canada. Dans un moment, comme l’actuel, de mise à l’épreuve de la cohésion nationale par des contestations post électorales ainsi qu’un conflit armé qui saigne le pays, « il serait dangereux, pour la stabilité des institutions de la République, de se jeter aveuglément dans une révision de la loi fondamentale sans les préalables de consensus, cohésion et confiance qui devraient impérativement caractériser ce processus délicat de révision constitutionnelle ».

Nécessité d’un sursaut national

Vu la gravité de la situation telle que décrite, « les Congolais n’ont pas beaucoup de choix s’ils veulent interrompre ce cycle infernal de dégradation de la situation institutionnelle, économique et sécuritaire : la solution ne peut que consister dans la recherche d’un consensus national autour de leur volonté commune de sortir de la crise ». L’Église protestante demande au président « d’ouvrir un dialogue national entre les fils et les filles du pays en vue de reconstruire la cohésion nationale.

L’Église du Christ au Congo (ECC) demande au président de la République, Félix Tshisekedi, d’initier un dialogue national avec les acteurs socio-politiques dans le but de construire la cohésion nationale en cette période d’agression rwandaise à travers le M23. Cette demande fait suite à la 62e Session ordinaire du comité exécutif national de l’ECC tenue à Kinshasa du 25 au 29 février 2024.

LePotentiel

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