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Articles Tagués ‘Military of the Democratic Republic of the Congo’

CONCERTATIONS NATIONALES INAPPLIQUEES, DDR ET AMNISTIE INEXISTANTS, FARDC DEMOBILISEES ET ACCORD CADRE OUBLIE, PAS DE GOUVERNEMENT ET PAS DE SESSION EXTRAORDINAIRE POUR VOTER LE BUDGET 2014

19 déc, 2013

La MONUSCO joue-t-elle le rôle des FARDC ?

Depuis que le M23 a été mis en déroute par l’action des FARDC soutenues par la brigade d’intervention de la MONUSCO, une victoire attribuée par le chef d’état-major général des FARDC, le général d’armée Didier Etumba, au président Kabila grâce au plan de neutralisation du M23 « Pomme  Orange » élaborée dans les moindres détails par le commandant suprême des FARDC, les observateurs constatent une certaine démobilisation des FARDC dans la traque des autres groupes armés qui continuent à sévir dans la région.

Pourtant l’accord cadre d’Addis-Abeba recommande à la RDC  de s’engager à «consolider l’autorité de l’État, en particulier à l’Est de la RDC, y compris en empêchant les groupes armés de déstabiliser les pays voisins » et à « continuer et approfondir la réforme du secteur de la sécurité… » »

Pour sa part, la résolution 2098 du Conseil de Sécurité impute au Gouvernement de la République démocratique du Congo la responsabilité au premier chef de la sécurité, de la protection des civils et l’engage instamment àdemeurer pleinement attaché à la mise en œuvre de l’Accord-cadre et à la protection des civils en se dotant de forces de sécurité professionnelles, responsables et durables,en mettant en place une administration civile congolaise, en particulier dans les secteurs de la police, de la justice et de l’administration territoriale et en faisant prévaloir l’état de droit et le respect des droits de l’homme ».

Il s’agit là tout bonnement pour les FARDC d’exercer leurs fonctions constitutionnelles régaliennes de défense de l’intégrité territoriale du pays.

Dans ce cadre, la résolution 2098 attend de la RDC

  • d’élaborer une feuille de route claire et globale pour la réforme du secteur de la sécurité, comprenant notamment des critères de référence et des échéanciers pour la  mise en place d’institutions de sécurité efficaces et responsables;
  • de poursuivre la réforme de l’armée, dont la première étape consistera à mettre en place au sein des FARDC une force de réaction rapide bien équipée, bien formée et dont les éléments ont été agréés et qui constituerait le noyau d’une force de défense nationale professionnelle, responsable, bien entretenue et efficace, …
  • d’élaborer un plan unique global de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) et de désarmement, démobilisation, réintégration et réinsertion ou rapatriement (DDRRR) pour les combattants étrangers et congolais qui ne sont pas soupçonnés de génocide, de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de violations flagrantes des droits de l’homme, y compris les membres des FARDC, et appuyer, selon qu’il conviendra, la mise en œuvre de ce plan.

A ce jour, c’est plutôt le relâchement qui semble constaté sur le terrain au point que la MONUSCO devient l’unique force combattante des groupes armés, tout en s’inquiétant de l’absence d’un plan DDR mis en place par le gouvernement congolais. A ce propos, Martin Kobler a déclaré : «On n’a pas encore un plan national de DDR. On a offert de construire un camp de DDR à Rumangabo et à Sake, mais c’était rejeté par le gouvernement. On n’a pas un plan compréhensif sur le DDR. Maintenant, on compte qu’on a 11 000 combattants». Tout en assurant au gouvernement son soutien, la MONUSCO dit refuser de prendre la responsabilité, à cet instant, de quelque chose qu’elle ne connait pas. «Il faut avoir le plan, la vision et puis on va assurer le support. Et avec l’action d’avoir les ex-combattants dans les camps, on encourage les défections».

La brigade d’interventions de la MONUSCO a lancé le lundi 9 décembre des opérations offensives contre les rebelles rwandais des FDLR dans la région de Kalembe à quelques centaines de kilomètres au nord de Goma (Nord-Kivu). Le commandant des forces de la MONUSCO, le général Dos Santos Cruz, a affirmé que ces opérations s’inscrivaient dans un vaste plan contre les groupes armés locaux et étrangers actifs dans la région. Selon lui, l’offensive lancée contre les FDLR a pour objectif de libérer la route Kitshanga-Kalembe-Pinga. Le général Cruz a indiqué que la MONUSCO allait également renforcer son appui aux FARDC dans la traque contre les rebelles ougandais de l’ADF/NALU et des groupes armés locaux.

De même, depuis le 17 décembre 2013, le général brésilien Dos Santos Cruz a annoncé un déploiement des troupes de l’ONU pour combattre les rebelles ougandais des ADF/Nalu, accusés d’avoir exécuté une vingtaine de personnes en trois jours à Beni.

Selon le général Dos Santos Cruz, ce déploiement va se faire en étroite collaboration avec les Forces armées de la RDC (FARDC) et la Police nationale congolaise (PNC). Cependant, du côté de l’état-major opérationnel des FARDC à Goma, on doute de l’implication active des FARDC dans ces opérations. Plusieurs officiers, commandants d’unité qui se sont battus contre le M23 et leurs soldats ont été déplacés de Goma vers Kitona et Kamina pour effectuer d’autres tâches. Cela a eu pour effet d’alléger le dispositif militaire mis en place. Ce qui inquiète certains officiers restés au Nord-Kivu qui disent que le dispositif actuel ne pourrait pas faire face à la traque de tous les groupes armés restant, notamment les FDLR et les ADF/Nalu qui survivent à toutes les opérations de grande ampleur menées contre elles. Il règne une certaine incompréhension dans l’état-major opérationnel à Goma.

C’est la raison pour laquelle la MONUSCO, soucieux depuis son réveil de bien s’acquitter de son mandat, a décidé de prendre le devant et de mener des opérations en le déclarant haut et fort. Même si à la fin, lorsqu’elle parviendra à mettre à déroute les rebelles, ce seront les hauts gradés des FARDC, absents à Goma, qui s’auto attribueront (aussi à leur commandant suprême), la paternité des opérations militaires initiées par la MONUSCO. Et pourtant, il revient en premier lieu aux autorités congolaises d’annoncer le lancement des opérations militaires.

La RDC et le Rwanda s’accusent mutuellement de se déstabiliser par rébellions interposées. Kinshasa accusait notamment Kigali de soutenir la rébellion du M23. De leur côté, les autorités rwandaises reprochent au Congo  de soutenir les rebelles rwandais des FDLR.

Rappelons qu’en novembre dernier, le chef de la MONUSCO,  le diplomate allemand Martin Kobler, avait déclaré qu’après le succès contre le M23, la priorité de la MONUSCO était de combattre les FDLR : « On va cibler les FDLR parce que c’est notre priorité militaire à cet instant ».

Même si cela reste la priorité militaire de la MONUSCO, cela ne doit en rien enlever aux FARDC leur priorité numéro un de combattre, seul ou en coalition avec la MONUSCO, les groupes. Et dans le chef de Kobler, cela doit se faire en coordination avec les FARDC.

Le chef de la MONUSCO, le diplomate allemand Martin Kobler, a prévenu voici déjà plus de deux mois (le 2 octobre) que la MONUSCO doit prendre des actions avec les Congolaises, les Congolais et le gouvernement de la RDC. Il ne s’agit pas pour la MONUSCO de prendre seule les actions qu’elle pense nécessaires ou bonnes pour la RDC». Puis d’insister : « il n’y a pas de demi-violence, il ne doit donc pas y avoir de demi-mesure dans la lutte contre la violence. Mettre fin à la violence sous toutes ses formes et, en priorité, au terrorisme sexuel nécessite l’énergie de tous à chaque instant. C’est pour cela que je souhaite que nous marchions ensemble, les Congolaises et les Congolais, le gouvernement congolais et l’ensemble de la communauté internationale vers une société non violente ».  

En déclarant qu’il n’y a pas de demi-mesure contre la violence, prévenait-il en connaissance de cause que la traque contre les groupes négatifs ne devait pas être sélective ? D’autant que les rapports d’experts de l’ONU ont à maintes fois mentionnée le soutien apporté aux FARDC par les FDLR ?

Jean-Jacques Wondo

http://desc-wondo.org/la-monusco-joue-t-elle-le-role-des-fardc-jj-wondo/