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Les commandos tanzaniens de la Monusco ont-ils tués des FARDC déguisées en ADF à Beni ? – DESC

Les commandos tanzaniens de la Monusco ont-ils tués des FARDC déguisées en ADF à Beni ? – DESC

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Les commandos tanzaniens de la Monusco ont-ils tués des éléments FARDC

déguisés en ADF à Beni ?

Informations compilées et analysées par Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Alors que 22 personnes étaient tuées dans la nuit du mercredi 13 mai au jeudi 14 mai 201, dans la localité de Musuku à 5 Km à l’ouest de Mbau, sur l’axe Oicha – Upende dans le territoire de Beni, plusieurs sources concordantes (militaires, société civile et politiques) nous annoncent que les Tanzaniens de la Brigade d’intervention de la Monusco ont préparé avec certaines unités FARDC, à l’insu de la hiérarchie militaire dirigée par le général Akili Mohindo Mundos, le commandant de l’Opération Sokola 1, une opération de traque des « présumés ADF » qui s’est soldée notamment par la mort de deux officiers congolais déguisés en ADF. Les sources citent les noms de deux officiers supérieurs que sont les colonels Richard Mungura et Innocent Binombe.

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DESC  a reçu dans la soirée d jeudi 14 mai 2015, le message d’alerte  suivant en provenance d’une source experte en gestion des conflits armis à Beni : « URGENT, essayez de vérifier si c’est vrai. Les Colonel Innocent Binombe et Richard Mungura viennent d’être abbatus par les forces speciales de la MONUSCO et appuyés par un groupe d’éléments des FARDC n’étant pas proches de Mundos… Ils auraient été abattus parmi les égorgeurs de la population vers Beni – Mavivi hier… »

Le colonel Richard Mungura, un Tutsi ex-membre du RCD-Goma et responsable de la police militaire en Province orientale du temps de la rébellion, a fait l’objet de plusieurs rapports d’experts de l’ONU, notamment dans la répression brutale des soldats congolais du RCD qui se sont mutiné en mai 2002 à Kisangani. Parmi d’autres auteurs de cette répression, il y avait entre autres Gabriel Amisi Tango Four[1], le commandant de Brigade de Kisangani Laurent Nkunda Mihigo et le commandant de Brigade honoraire Bernard Biamungu[2].

Le décès de ces deux officiers a été confirmé des sources officielles et un hommage leur a été rendu. Voici ce que l’Agence Congo Presse (ACP) a publié ce 15 mai 2015. Il s’agit d’un communiqué mensonger dans son contenu, qui admet la mort de deux officiers mais use de la diversion sur les circonstances de leurs décès :

« Des adieux dignes aux Officiers supérieurs des FARDC Richard Mungura et Innocent Binombe. Goma, 15/05(ACP).Le colonel Richard Muugura Bugamba et le lieutenant-colonel Innocent Binombe Safari, décédés séparément à Lubila-Shabunda au Sud Kivu et à Beni au Nord Kivu, ont eu droit, ce vendredi 15 mai 2015, à des adieux dignes de leurs noms dans la salle polyvalente de l’hôtel New Riviera de Goma avant de reposer dans leurs dernières demeures au cimetière Kanyamuhanga du chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Plusieurs personnalités parmi elles l’honorable Julien Paluku Kahongya Gouverneur de province du Nord-Kivu, le Commissaire General de la Police nationale congolaise, Charles Bisengimana et le Général Léon Mushale, commandant de la 3ème Zone de Défense ont tenu à s’associer aux deux familles éplorées en signe de reconnaissance aux loyaux services à la Nation congolaise. « Toute la République démocratique du Congo reste et restera reconnaissante envers les familles de deux vaillants officiers tombés sur le champ d’honneur les armes à la main », a témoigné le Gouverneur Julien Paluku qui en a profité pour appeler toute la population à faire davantage confiance en son armée.

Pour le Général Charles Bisengimana, les deux Officiers qui ont fait preuve de discipline et de loyauté jusqu’au sacrifice suprême doivent constituer une interpellation non seulement pour les hommes en uniforme mais aussi pour tout commun de mortel. Ce Haut Officier supérieur de la Police nationale congolaise a ainsi prodigué de sages conseils à tout un chacun à semer le bon grain par les actes. La même exhortation a été formulée par le General Léon Mushale pour qui les deux Officiers tombés « sont morts pour une cause juste » et que leurs familles devront se sentir fières d’avoir donné de dignes fils au pays.

Agé de 43 ans, le colonel Richard Mungura a intégré l’Armée de la République démocratique du Congo en 1996. Il a servi à Lubumbashi, Mboko, Kisangani, Goma, Tshivanga et à Nyamarege où une courte maladie l’a arraché de l’affection des siens pendant qu’il occupait les fonctions du commandement du 332ème Secteur des Operations Sukola II, au Sud-Kivu. Vaillant, social et discipliné, le colonel Mungura laisse sur la terre des vivants une veuve et cinq orphelins.

Le Lieutenant-colonel Innocent Binombe Safari, né en 1968, servait le pays sous le drapeau depuis 1991. Natif du groupement de Jomba, dans le Rutshuru, cet Officier tombé sur le champ d’honneur en territoire de Beni, en pleine opérations Sokola I de traque contre les Adf-Nalu, a fait trois enfants avec sa tendre épouse très affligée par cette disparition inopinée. Du Gouverneur Julien Paluku jusqu’aux membres de la famille en passant par les Officiers supérieurs aux épaulés galonnées des Forces armées de la République démocratique du Congo, toutes les personnalités se sont succédées en déposant les gerbes de fleur en signe d’honneur devant les deux cercueils drapés des couleurs nationales. »

Deux décès suspects qui laissent planer des zones d’ombre

Le communiqué de l’ACP, qui encense le colonel Mungura fait abstraction de tous les massacres et crimes de guerre commis contre les populations congolaises dans la Province Orientale. Il n’est pas étonnant qu’un de ses frères d’armes du RCD-Goma, un des plus loyaux serviteurs de Joseph Kabila, le général Charles Bisengimana, Commissaire générale de la Police nationale, aussi indexé dans plusieurs rapports de l’ONU et des NG des droits de l’homme pour massacres, assassinats et autres crimes de guerre[3], se soit déplacé en personne pour honorer son frère rwandophone Mungura.

Concernant le colonel Binombe, le communiqué ACP reste laconique et mentionne qu’il est tombé pendant l’opération Sokola 1, sans aucune autre précision sur les circonstances de sa mort. En réalité, il a été abattu par les casques bleus de tanzaniens qui, aidés par certains soldats patriotiques FARDC, ont mené unilatéralement des opérations de traque contre les « présumés ADF » qui, finalement, ne sont autres que des officiers FARDC, sous le commandement de Mundos. Le background du colonel Mungura, ancien rebelle rwandophne au service de Kagame, confirme la thèse des faux ADF créées par Kabila et Mundos, notamment dans la guéguerre qu’il mène sur place.

Plusieurs sources, même scientifiques, nous confirment la supercherie de Kinshasa. C’est le cas de cette correspondance reçu de Ruwenzori : « Votre article sur Beni : Il est très intéressant votre article, j’aurais même envie de le publier sur mon réseau ici à Virunga. J’ai mené une enquête internationale et une recherche scientifique sur ces massacres et j’ai abouti pratiquement aux mêmes conclusions que vous. Mais je ne sais pas la rendre public car je suis dans une zone où nous vivons ces réalités. Bon courage et merci de nous aider à sortir du gouffre, M. Wondo ».

Des points de vue diamétralement opposés  et inconciliables recueillis par DESC

Dans un souci d’objectivité, nous avons cherché à recueillir plusieurs versions des sources politiquement opposées les unes aux autres dans la région, un contact politique proche de la Présidence de la République et très bien introduit dans les FARDC, pour y avoir évolué, nous écrit ceci :

« M. Wondo, vous croyez qu’il y a des électrons libres dans les rangs des FARDC qui engagent des combats dans un secteur opérationnel (Ops) sans que le commandant Ops ne soit au courant ? Vous êtes un officier bien formé et vous avez vu ça où ? Cet officier que vous citez (Binombe), ce ne plus un officier FARDC, c’est un dissident depuis 2012. Il est un proche du colonel dissident Albert Kahasha (FOKA-Mike). De plus, il était dans le maquis du général Sikuli (Lafontaine) dont plusieurs rapports de l’ONU disent qu’il a reçus de l’aide du Rwanda à travers le M-23. Et Lafontaine, c’est le bras droit de Mbusa-Nyamwisi!« . Et le contact de poursuivre en mettant e cause l’information : « Qui contrôle toutes et alors toutes les unités FARDC en secteur Ops Grand-Nord ? Et quelles sont ces unités indépendantes des FARDC qui opèrent en territoire de Beni et qui ne dépendent pas de Mundos Akili. Ces unités viennent ‘ou? Avec quel commandant, et les opérations conjointes avec la Monusco sont définitivement arrêtées, comment cette opération a eu lieu ? D’ailleurs le capitaine Tchiza Freddy (aide de camps de alpha mike: Akili Mundos), qui est à Beni-ville, n’a confirmé cette information de la mort de Binombe selon un autre contact militaire qui l’a joint depuis Goma. »

Malheureusement, notre contact fait partie de ces FARDC, ces autorités congolaises et leurs proches qui semblent ignorer les jeux d’alliance et de mésalliance qui se créent et se défont à l’est. Il oublie que s’il était dissident, il n’aurait pas eu droit à de vibrants honneurs militaires à Goma. D’autre part, notre contact reçoit de fausses informations de l’Armée émanant de Mundos.

Concernant l’opération menée par la MONUSCO et certains FARDC qui leur ont servi de guide, il ne s’agit pas d’une première. Déjà en 2012, peu avant la chute de Goma, lorsqu’il était avéré qu’il y avait des trahisons dans les rangs et la haute hiérarchie des FRDC, nous étions en contact avec des officiers patriotiques congolais qui ont mené des opérations préparées conjointement avec la MONUSCO, à l’insu de la haute hiérarchie de Kinshasa et du général Gabriel Amisi Tango four. C’est ainsi que l’opération menée par la MONUSCO, le 15 novembre 2012, en appui des unités FARDC, sans qu’Amiso Tango Four et Kinshasa n’en soeint informés des préparatifs, à Kibumba, Kibati et Munigi, et jusqu’à l’entrée du M23 dans Goma. Et, dans certains cas, les forces de la MONUSCO se trouvaient seules au front »[4].

Selon le rapport du Conseil de sécurité des Nations Unies du 15 février 2013[5], la MONUSCO a lancé 18 missions au moyen d’hélicoptères de combat, qui ont tiré 620 roquettes, 4 missiles et 492 munitions de 30 mm. Au sol, les véhicules de soutien à l’infanterie ont tiré environ 800 balles de 30 mm et la Brigade du Nord-Kivu quelque 4.000 munitions d’armes légères lors des affrontements avec les forces attaquantes qui cherchaient à progresser vers Goma. Ces attaques ont causé plusieurs centaines de morts dans les rangs du M23 avant qu’Amisi Tango Four, chef d’état-major de la force terrestre des FARDC constatant les dégâts causés à ses ex-alliés du RCD-Goma, demandent aux FARDC de décrocher pour laisser le M23 occuper Goma.

Par contre pour la source qui a relayée l’information sur la tuerie du colonel Binombe, elle reste résolument formelle, le colonel Innocent Binombe est bien mort à Beni, surpris par l’unité spéciale tanzanienne en pleine action de tuerie et massacre des populations. Concernant Lafontaine, notre source dit : « cet ex-officier qui t’a dit cela, veut tout simplement couvrir une vieille thèse de la situation selon laquelle Lafontaine faisait le lien entre le Petit Nord et le Grand Nord-Kivu.

Mais la source proche des FARDC campe aussi dans ses positions en nous taxant des pro Mbusa : « Dans la situation de Beni, il ne faut pas seulement écouter les pro-Mbusa, écoutez aussi les proches de Julien Paluku qui eux aussi ont des révélations à faire sur l’autre camp (Mbusa) par rapport au activités des ADF/Nalu. le colonel Birotsho alias karwa (poison) que votre source a tenteé de blanchi est des contact qui faisait la vente d’or extraite des zones jadis contrôlé par les ADF/Nalu via le poste frontalier de Kasindi. J’ai même des amis indiens qui ont acheté l’or chez lui. Une fpis de plus, une fois Birotsho est un homme de mains de Mbusa et un ancien de l’APC (branche armée du RCD/K-ML). La déclaration de Mbusa en faveur d’une enquête internationale est une déclaration politique en trompe-l’œil. Mbusa est un cadre du M23. C’est à ce titre qu’il a participé aux négociations de Kampala. Mbusa est en plus ce l’ami intime du général Salim Saleh, le petit frère de Yoweri Museveni A ce titre, je pense que Mbusa est plus proche de Museveni que Kabila. Vous êtes un criminologue, voilà les pistes à exploiter. Jeter Mundos dans la pâture c’est à mes yeux contribuer à la diversion que les vrais assassins des populations de BENI sont en train de semer !

Une autre source, s’identifiant certainement sous un faux nom de Kadima Ramazani, dans un commentaire sur DESC, nous (Wondo) d’avoir sacrifié notre professionnalisme au profit de la corruption en étant acheté par certaines gens proches de Mbusa. « En effet, quand on décortique tous les évènements qui se passent dans la Province du Nord-Kivu depuis la création de l’APC (RCD-KML) ,les ancêtres du FOLC de Mbusa Nyamwisi , nous constatons que tout tourne autour d’un même personnage qui ,dans l’article précité, accuse le Gouverneur Julien Paluku d’être l’un des instigateurs des massacres de Beni . », dit ce commentateur qui termine son long psoting par ces mots élogieux à l’égard du Gouverneur Paluku : « Le jour que la Tribu NANDE connaître le trésor caché au fond de ce vaillant Monsieur (Ndlr. Paluku), ça sera un nouveau début pour ce peuple ! Et comme on ne se change pas de tribu, je resterai celui que je suis tout en dénonçant plus haut le virement que je constaterai ailleurs !… Celui qui veut noyer son chien l’accuse de rage ; Mais ici on a affaire à un Lion Tranquille ! »

Réagissant au commentaire ci-dessus, notre source à Beni réagit comme suit : « La situation a énormément changé à Beni. Les pro-Julien Paluku tenteront de vous présenter les anciens rapports d’experts et analyses pour le défendre. Je connais bien Julien et si je m’identifie, il sait que je parle avec honnêteté car je n’ai rien à gagner dans cette tragédie, étant originaire du Kasaï-Occidental. Paluku est très bien au courant de la situation… Malheureusement, entretemps, il est obligé de se courber, d’adopter un profil bas et de se soumettre à la ligne de conduite qui lui est imposée par Kinshasa, Kabila, avec lequel il a politiquement noué une alliance contre-nature en 2011, en se détournant[6] de Mbusa, son allié politique naturel au sein du RCD puis RCD/K-ML. Je suis du Kasaï-Occidental et travaille depuis longtemps au Nord-Kivu. Je reconnais que les Nande sont un peuple travailleur et ça fait la peur de certains groupes locaux nationaux et voisins. J’ai vu les hommes quitter Brazza et Luanda pour Kigali avec objectif de soutenir les M23… »

« Kabila a su envoyer des armes aux M23… Même le général Olenga, malgré ce qu’il prétend être, en a acheté, via un pays des émirats arabes, au profit du M23. Je connais très bien Lafontaine, il manquait même des munitions, si seulement un jour un cadre du M23 lui en avait envoyé par une voie que je ne saurais mentionner ici. Une fois de plus… J’ai bcp travaillé dans cette zone…et j’ai pratiquement rencontré tout le monde et pu connaitre l’essentiel. C’est normal que vos contacts FARDC et d’autres proches de Paluku vous disent tout cela et vous traitent de partiel. Et la Monusco ? N’en parlons même pas. Savez-vous que seul Mbusa Nyamwisi avait convaincu Bosco Ntaganda de se rendre? Et Kabila ne lui pardonnera non plus J’ai été témoin à plusieurs reprises des échanges téléphoniques au cours desquels Bosco s’entretenaient directement avec Kabila sur un montage concernant sa reddition. Kabila a même envoyé son épouse pour venir régler la question… Je me rappelle que ce jour-là: Bosco très furieux, avait rétorqué à Kabila, s’il se permet de venir à Goma, il va le tuer… D’ailleurs, c’est l’une des raisons pour lesquelles, Kabila n’a jamais posé ses pieds au Nord-Kivu durant toute la période de guerre contre le M23, commandant suprême des armées qu’il était. »

« Je sais seulement que Mbusa veut de changement au pays, il peut avoir prodigué des conseils aux membres du M23, mais franchement, je doute de son lien direct avec ce groupe. Il y a eu certains commandants comme KVZ, et autres qui avaient défection des FARDC. Certains le faisaient par eux-mêmes… Et après, il a avait découvert que le M23 était manipulé par Kinshasa via le Rwanda… BOSCO Ntaganda est à la CPI, vous pouvez essayer de le rencontrer… Je suis persuadé qu’il vous dira des vérités sur cette partie du pays… il y des gens qui sont allés le voir, il ne cache rien du tout sur Kabila. Il y a trop des choses… qui se passent là-bas… Bon dimanche Jean-Jacques et à très bientôt ».

Mais DESC ne demande pas autre chose que d’avoir les versions de tous les acteurs visibles et invisibles concernés afin d’éclairer, sans parti pris, l’opinion. C’est dans ce sens que DESC a publié un article[7] mettant en quelque sorte Joseph Kabila et Mbusa Nyamwisi dos-à-dos face à leurs éventuelles responsabilités dans le drame de Beni. Dans cette analyse intitulée : « RD Congo : Beni, ville martyre de l’affrontement entre Kabila et Mbusa Nyamwisi », dans le sous-titre : « Le panier de crabes », nous avons écrit ce qui suit à propos des camps Mbusa et Kabila » :

Jusque-là tout semble assez clair, mais lorsque ce conflit local est analysé en lien avec les interactions régionales et les enjeux nationaux, les choses deviennent d’une complexité totale. En effet, l’arrivée des combattants rwandophones dans les parages de Beni pour y commettre les massacres que nous déplorons signifie que n’importe lequel des deux camps peut être pointé du doigt, voir tous les deux à la fois, pour avoir facilité les infiltrations.

Commençons par le camp Mbusa

Lorsque Mbusa Nyamwisi quitte son siège de parlementaire à Kinshasa et rejoint Kampala en 2012, il croit que l’aventure du M23 va relancer sa carrière. Avec Roger Lumbala, ils croient pouvoir arracher des concessions au régime de Kabila et se repositionner en profitant des succès militaires du M23. Des hommes comme le lieutenant-colonel Jacques Tahanga Nyoro, un fidèle des plus fidèles de Mbusa, et des types comme Bwambale Kakolele sont clairement alignés au M23. DESC émet des doutes que Mbusa, résidant actuellement en Afrique du Sud, ait réellement rompu avec ses fréquentations douteuses à Kigali et à Kampala. DESC doute également que ses lieutenants à Beni soient en situation de refuser de collaborer avec des infiltrés du M23 dont on sait qu’ils travaillent avec l’armée ougandaise juste de l’autre côté de la frontière ougandaise qui juxtapose les bastions à la fois de Mbusa et des ADF. Selon plusieurs sources de l’entourage politique et ethnorégional de Mbusa, Mbusa Nyamwisi est un homme d’une fiabilité incertaine dans la situation actuelle où les populations congolaises luttent pour préserver ce qui nous reste encore du Congo. Les hommes de Mbusa, qu’il contrôle encore ou qu’il ne contrôle plus, peuvent tout-à-fait avoir collaboré à l’infiltration des commandos rwandophones jusque dans les quartiers de Beni.

Quid du camp des kabilistes ?

Lorsque Mbusa Nyamwisi affirme sur RFI que le Général Akili Mohindo dit « Mundos » est à la fois commandant des FARDC et des ADF, DESC, sur base de plusieurs infirmations des sources locales civiles, politiques et militaires nationales, et internationales, il a raison à bien des égards. Mundos, actuellement général de brigade de la Garde Républicaine, est un ancien du RCD-Goma et compte parmi ses collaborateurs des officiers « rwandais » qui ont pu laisser se commettre les tueries, ou y ont participé. De toute façon, lorsque les assaillants sont rwandophones, les unités FARDC noyautées par des officiers rwandophones, laissent faire, voire opèrent en complices. Quel que soit leur attachement à la nation congolaise, il faut les éloigner des théâtres d’opération dans le Kivu. Ce que Mbuza Mabe, Mamadou Ndala, Bahuma et Olenga ont réussi à faire tout en veillant à ne pas les stigmatiser.

DESC arrive au constat que Kabila a condamné Beni à subir ces attaques des mains des tueurs rwandais lorsqu’il a envoyé Mundos dans le Grand Nord. Nous avons déjà épinglé, dans nos précédentes analyses, la confiance que Kabila fait à Mundos et la loyauté viscérale que ce dernier voue à Kabila.

Par ailleurs, il faut rappeler que Mbusa a demandé une enquête internationale. Pourquoi Kabila ne le fait pas ? Enfin, le rapport de la mission parlementaire sur Beni a mis en cause Mundos qui ne bénéficiait pas de la confiance de la population locale. Ce même constat vient d’être relevé dans un document d’analyse confidentiel commandité par DESC auprès d’une haute source militaire FARDC au Nord-Kivu Nous verrons dans quelle mesure nous mettrons en public le contenu de ce rapport SITREP (rapport d’activités opérationnelles)

Enfin concernant les honneurs militaires redus aux colonels Bibombe et Mungura, notre source à Beni conclut en ces termes : M Wondo, comment peut-on rendre de tels honneurs militaires et même nationaux (par la présence de Julien Paluku) à un dissident, comme l’affirment mes contradicteurs? Ce sont bien des ex-proches de Mbusa achetés par le raïs. Ils ont essayé de faire la même envers Birotso et ont échoué… De même, je rappelle que l’autre proche de Mbusa Nyamwisi, qui a été contacté par Mundos, est le major Désiré Basikania. Il était depuis longtemps en charge des renseignements militaires en territoire de Beni, Butenbo, etc… Il a été depuis rappelé à Kinshasa et est succombé en avril 2015 d’un faux accident monté. Ses proches disent qu’il avait refusé de faire partie du nouveau mouvement d’occupation de Beni par les rwandophones.

Une européenne en mission d’expertise au Nord-Kivu en décembre 2014, a rencontré plusieurs membres de la société civile et certains acteurs politiques du Nord-Kivu. Dans ses entretiens, elle a rencontré un politicien local de la majorité présidentielle qui s’est montré très critique envers les autorités provinciales et nationales dans leur gestion « ethno-partisane » de la situation sécuritaire provinciale. Cet homme suit de très près les événements de Beni. Selon l’experte européenne : « J’ai rencontré plusieurs personnes (NG, société civile, acteurs politiques et militaires), presque tous ont exclu, l’hypothèse avancée par Kinshasa de l’existence des ADF/Nalu dans la région. Elles parlent d’une nouvelle rébellion en gestation soutenue par l’Ouganda et le Rwanda avec complicité congolaise des FARDC, et des Nande dont Mbusa, une façon de déstabiliser Kinshasa, de terroriser la population pour ensuite les ‘liberer’. Parmi les groupes cités, on parle des ex-M23 avec le col BISAMAZA ainsi que les groupes de NYORO, KASA WA SELI, HILAIRE, (les trois derniers sont des anciens de l’ex-APC de Mbusa. Bref il y a plusieurs groupuscules qui se sont associés pour une nouvelle rébellion ».

Voilà l’imbroglio dans lequel se trouve la province du Nord-Kivu, que DESC tente d’éclairer sans état d’âme.

Jean-Jacques Wondo Omanyundu / Exclusivité DESC

[1] http://desc-wondo.org/whos-who-le-general-amisi-tango-four-le-boucher-du-kivu-jj-wondo/.

[2] Human Rights Watch Août 2002, Vol. 14, No. 6 (A) 11 34. Entretiens avec Human Rights Watch, Kisangani, Kinshasa, Juin-juillet 2002.

[3] http://desc-wondo.org/retro-general-charles-bisengimana-is-an-individual-perpetrator-of-massacres-canadian-commission/.

[4] Guebre-Sellassié a déclaré «ne pas comprendre la fuite inexpliquée des FARDC ». « Ils ont formidablement combattu le premier jour puis, pour des raisons que nous ne saisissons pas, ils ont tout simplement arrêté de combattre et sont partis» (Nations Unies S/2013/96, CS, 15 février 2013).

[5] Rapport ONU S/2013/96).

[6] En 2012, juste après les élections législatives et présidentielles, Julien Paluku a créé son propre parti politique dénommé BUREC (Bloc uni pour la renaissance et l’émergence du Congo), un parti membre de la majorité présidentielle. Pour rappel, Julien ¨Paluku est l’ancien secrétaire national du RCD/K-ML chargé de l’Intérieur à (1999-2003) avant de devenir maire de Beni. Il a été auparavant cadre du RCD-Goma en 1998 et a rejoint Mbusa Nyamwisi en mai 1999 lors que le RCD éclaté en RCD-Goma (soiutenu par le Rwanda) et le RCD/K-ML (soutenu par l’Ouganda).

[7] http://desc-wondo.org/dossier-special-desc-rd-congo-beni-ville-martyre-de-laffrontement-kabila-mbusa-nyamwisi/.

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  1. 1 IL NE FALLAIT JAMAIS INTEGRES DES RWANDAIS DANS FARDC.
    2. LA RDC DOIT ETRE DERWANDALISEE POUR NEUTRALISER ET ANEANTIR TOUTE INFILTRATION DANS L’ARMEE ET POLICE
    3. UNE ARMEE REPUBLICAINE RESTE LA SOLUTION APRES LA FIB DU REGIME TUTSI HIMA EN RDC. SIGNE, EZABELE WA YASAK, LANSING, MICHIGAN USA

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    30 Mai 2015

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